Pour rappel, ma première chronique de Kveldstimer remonte au 25 juillet 2024. Avant, pendant et après, Rory Flay et Alex Poole se sont investis ensemble mais aussi séparément dans une quantité non-négligeable d’autres projets tout aussi intéressants et dignes d’intérêt les uns que les autres. Certains ont déjà été évoqués en ces pages (Collier d’Ombre, Ichors Glaive, Karghet, Secrets...) alors que d’autres attendent sagement que je m’en charge (Ablazen Winds, Garmsblod, Ghemhamforash, Lunar Sorcery, Ogień Astralny, Osgraef, Svarogn, Vengeance Arsenal...). Bref, croyez-moi quand je vous dis que l’on n’en a pas fini avec ces deux messieurs plus que jamais fidèles à leurs réputations de musiciens insatiables.
Après une première démonstration intitulée
Scripture Of The Woods sortie en juin 2024, Kveldstimer reprend cette année du service avec la parution en février dernier de ce premier album. Un disque intitulé
The Cursed Oak paru tout d’abord au format cassette grâce aux seuls moyens du bord puis finalement en vinyle grâce au concours du label américain Bestial Rape Records (I Shalt Become, Kommodus, Kriegsgraben, Wind Of The Black Mountains...). Un premier album à l’illustration sobre et élégante (même si on ne peut plus convenue) avec lequel le groupe américain officialise l’arrivée d’un troisième larron au poste de batteur. Un rôle tenu jusque-là par le multi-instrumentiste Alex Poole et désormais occupé par un certain Seguigo plus connu sous le diminutif de L.C. (Azelisassath, Ghemhamforash, Häxanu...).
C’est donc en tant que trio que Kveldstimer nous revient avec sous le coude neuf nouveaux morceaux parmi lesquels une intermission ("Solitude's Garden") et une conclusion ("Emit The Cull Of Life") instrumentales menées toutes les deux à grands coups de claviers, de samples et autres nappes synthétiques. Passé entre les mains d’Alex Poole, ce premier album bénéficie d’une production plus ronde et légèrement moins abrasive que celle de
Scripture Of The Woods. Pour autant, celle-ci ne manque absolument pas de caractère avec notamment ces guitares décharnées et fantomatiques évoquant dans une certaine mesure celles que l’on peut entendre chez Bekëth Nexëhmü et Akhlys ou bien encore cette basse extrêmement présente pour un groupe de Black Metal (sans prendre trop de place ou déborder sur les autres instruments, celle-ci se fait très bien entendre). Un choix de production qui ne porte en aucun cas cas préjudice à la formule des Américains qui, sans avoir véritablement changé, s’est tout de même quelque peu étoffée.
En effet, le trio poursuit son petit bout de chemin sur la piste d’un Black Metal d’inspiration scandinave avec en ligne de mire des formations finalement assez peu évoquées telles qu’Ildjarn, Sort Vokter ainsi qu’Ildjarn-Nidhogg qui réunit messieurs Vidar Våer (Ildjarn) et John Roger Holte (Nidhogg) qui tous les deux se connaissent très bien puisque déjà collègues au sein des deux premières entités mentionnées... Ainsi, à l’instar de
Scripture Of The Woods, c’est pied au plancher que le trio exécute l’essentiel de ces nouvelles compositions. Une cadence toujours aussi soutenue néanmoins contrastée dorénavant de manière plus franche par la présence d’introductions et de conclusions plus développées (les premiers instants de "Withering Storm" et "Their Eyes In The Shadow Of The Moon" ou bien encore les dernières secondes de "Tranquil Attunement") et on l’a vu, de séquences purement instrumentales comme avec "Solitude's Garden" et "Emit The Cull Of Life". On trouve également tout au long de ces trente-sept minutes quantité de passages plus atmosphériques qui naturellement contribuent eux-aussi à cette impression de nuance exacerbée. C’est vrai notamment sur "Withering Storm" entre 1:30 et 1:54 puis entre 2:43 et 3:18, sur "Tranquil Attunement" entre 1:14 et 1:38, sur "Sacrifices" entre 1:17 et 1:29, sur "Their Eyes In The Shadow Of The Moon" entre 3:23 et 3:48 ou sur "Last Stand Of The Cursed Oak" entre 1:35 et 2:29.
Si
The Cursed Oak est un album au rythme globalement soutenu, celui-ci renoue également avec cette dimension mélodique qui caractérisait déjà la précédente démonstration des Américains. Un travail exhaustif qui passe par l’utilisation quasi-systématique de nappes synthétiques qui vont élégamment draper chacune des compositions de ce premier album par des atmosphères mélancoliques et baroques. On retiendra également cet excellent riffing aux mélodies tour à tour épiques, conquérantes et sinistres qui là aussi revêt une certaine élégance ainsi qu’une certaine grandeur. Enfin, viennent s’ajouter ces lignes de chant solennelles façon messe du dimanche matin comme sur "Broken Limbs In The Frost" aux alentours de 1:53, sur "Their Eyes In The Shadow Of The Moon" à 0:25 puis 3:24 ou sur "Last Stand Of The Cursed Oak" à 2:42 et qui une fois encore participent elles aussi à renforcer cette impression de raffinement qui domine à l’écoute de ce premier album.
Sans véritablement chambouler quoi que ce soit à sa recette, Kveldstimer va mettre à profit cette étape importante qu’est la sortie d’un premier album pour faire monter en gamme sa musique par le biais d’une production plus équilibrée et des compositions globalement plus abouties sur lesquelles le duo devenu trio se permet davantage de choses sans pour autant porter atteinte à l’efficacité ou à l’authenticité de ces dernières. Évidemment, personne n’ira crier au génie à l’écoute de
The Cursed Oak qui effectivement n’a rien de bien nouveau à proposer sous l’étiquette Black Metal, par contre il y a tout de même de grandes chances pour que vous ne manquiez pas de tomber sous le charme de ces compositions soignées et élégantes et de toutes ces ambiances saisissantes qui font à n’en point douter le sel d’un premier album très réussi et largement maitrisé.
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