Praeda - Eden... Hele
Chronique
Praeda Eden... Hele
"Praeda: Eden... Hele, true black sympho". Faut avouer qu'ils se sont lachés chez Sacral pour nous qualifier cet album. Je les soupçonne mêmed'être allé demander conseil chez Adipocere, référence absolue en la matière... Voir même de les avoir défiés en tentant d'égaler des monuments tels que "grinding musette core mélancolique" ou "doom/dark/gothic/electro original excellent"... Mais je m'égare. Parlons plutôt de ce fameux disque de "true black sympho".
D'abord pourquoi cette appellation frôlant le non-sens? (nan, sérieusement). Sans doute pour suggérer à l'acheteur potentiel (oui, toi) la cohabitation sur fond de production disons pas terrible terrible d'atmosphères froides et chaotiques ainsi que de très présentes nappes de synthés. Quoique, cohabitation oui, mais aussi et surtout opposition. Car c'est bien sur une opposition qu'est construit cet album: celle entre l'appaisement et la haine, entre la beauté et le chaos. "Eden... Hele". L'enfer étant la société humaine, l'éden la nature encore vierge; comme l'illustrent fort bien les textes et la pochette.
Tout commence par une splendide intro, plaintive, froide, belle. Mélant synthés, choeurs puis arpèges avant de s'enrichir d'une guitare. Le tout au fil d'un léger créscendo nous fesant découvrir les froides contrées dans lesquelles nous avons échoués.
Entrons dans le vif du sujet avec le titre éponyme à l'album: "Eden... Hele", débutant très franchement et nous tirant de notre repos pour se dévoiler comme un titre sombre, à la structure complexe, mélant blasts, accélérations et utilisation des claviers à la old Emperor; ralentissements et utilisation d'un triste violon, renforçant la noirceur du morceau. Les vocaux quand à eux alternent ici entre chant écorché (en Français) et chant clair discret (en Hongr.. en Français toujours).
On a cependant fait connaissance avec ce titre du point noir de cet enregistrement: la batterie, correctement programmée mais sonnant vraiment très répétitive et artificielle (ça passe quand même plutot dans l'ensemble, enfin là c'est particulièrement criant).
Vient alors le titre justement nommé "Furie", commenceant plutôt bien (assez brutal et avec peu de synthés) mais sombrant bien vite dans une sorte de chaos rythmique et musical, mélant étranges arpèges et dissonnances diverses (voir passages faux) sur un fond de voix presque hystérique et de montée en puissance du synthé... Je ne l'ai peut être toujours pas totalement assimilé mais une chôse est sure, ce titre met mal à l'aise.
Arrive le titre que je considère comme le meilleur de l'album: "Un homme", glacial, splendide. La musique alternant claviers et mélodie tueuse à la guitare pour soutenir les paroles (fort intéressantes ici) hurlées avec une haine suintant le désespoir. Rien à redire, un monument de trois minutes que je prendrais grand plaisie à écouter cet hiver, une nuit, à ma fenètre.
Pour s'en remettre doucement on a droit à un très joli intermède: "Eden IV", à base d'arpèges bien moins glaciaux que sur le reste de l'album... sans être pour autant qualifiables de 'chaleureux'.
Commence à la suite de cette petite 'pause' un autre titre 'chaotique', "Muraille", basé sur une forme de ressac oppressant soutenu par un synthé plus discret, presque éthéré, et par des vocaux étranges. Puis ce titre dément qui commençait à peine à vous prendre s'arrête brusquement et vous laisse encore une fois, presque perdu. Est-ce volontaire? Si oui je tire mon chapeau devant une telle maitrise du désarçonement d'auditeur.
Puis enfin, "Mensonges", amené par une triste et jolie intro mélant guitare acoustique et electrique pour le plus grand plaisir de nos cages à miel. Ah une bien belle outro pour cet albu.. Et blam, laminage de gueule à coups de blasts ravageurs, riff tueur et vocaux inhumains. Et c'est pas sans faire du bien. S'opère ensuite, lentement mais surement, un ralentissement finissant en apothéose avec une très belle outro (oui, une vraie ce coup ci) symphonique, désespérée à se mettre une balle.
En somme un bien bon (mais un peu court) premier album pour Praeda, en un sens un peu irrégulier du fait de la forte opposition qu'il abrite mais ô combien intéressant et bien souvent jouissif. Voilà en tout cas un petit groupe qu'il va falloir suivre et dont je me permet d'attendre beaucoup du second album (avec une vraie batterie en peau de phoque!).
| narog 19 Février 2004 - 2401 lectures |
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