Endstille - Endstilles Reich
Chronique
Endstille Endstilles Reich
Et oui, vous l'aurez remarqué, chez Thrashocore nous sommes une poignée de chroniqueurs mangeurs de rats et tout de noir vêtus qui avons dernièrement décidé de faire un putsch et de ne publier que des chroniques de black metal. D'ailleurs nous allons bientôt renommer le site Blackocore et changer tout ce blanc et rouge sang par du gris et du noir, ça ira mieux avec notre nouvelle ligne éditoriale.
Si vous êtes un amateur de black metal, Endstille ne vous est sûrement pas inconnu. Formé en l'an 2000, ce jeune groupe s'est vite fait un nom dans la scène black metal allemande, et a réussi à percer dans nos contrées il y a de cela deux ans grâce à l'excellent Navigator. Et sans ramer le moins du monde après avoir sorti cette petite bombe, le groupe a décidé de continuer tranquillement sur sa lancée et sort deux ans après – soit le délai le plus long de l'histoire du groupe – un nouvel album, sobrement intitulé Endstilles Reich.
Je ne vous apprendrai sûrement pas grand-chose en vous disant que Endstille fait du black au sens le plus classique, courant, et noble du terme. L'avantage de ce groupe c'est qu'avec lui, il n'y a jamais de surprises : pas de chant clair qui viendra vous faire grincer des dents, pas de clavier bontempi à la mord moi le nœud pour vous gâcher un riff. Tout n'est que looooongues lignes de guitares sur fond de batterie pleine de blasts avec un chant black (celui qui pense à Ray Charles sort) criard et aigu le tout engoncé dans une production claire sans être propre, prompte à mettre en place une ambiance malsaine et tamisée. Je pourrais presque arrêter ma chronique là, mais comme je suis encore en pleine période d'essai et que je n'ai pas envie de commettre le faux pas qui me vaudra un licenciement sans motif, je vais quand même un peu étoffer. Voilà, ça m'apprendra à signer un CNE, je ne peux même plus glander tranquillement.
Que vous vous en souveniez ou pas, Navigator fût un tournant dans la discographie d'Endstille. Jusque là marqué par une dose certaine de brutalité presque linéaire bien que toujours extrêmement bien maîtrisée, le style du groupe avait alors bifurqué vers quelque chose de plus posé et ostensiblement plus mélodique, tout en restant furieusement black metal et toujours pas original pour un sou – bien entendu. Ce Endstilles Reich a une saveur de Dominanz, un arrière goût de déjà vu mélangé à l'odeur d'un black tantôt rapide, tantôt posé mais toujours ambiancé et accrocheur. Le groupe ne change pas de schéma de composition, les guitares jouent toujours trois ou quatre notes tenues à un rythme soutenu parfois jusqu'à l'usure pendant de longues secondes, et recommence en faisant varier le tout. C'est facile et pourtant diablement efficace, tant pour poser une ambiance que pour retenir l'attention de l'auditeur, bien aidé par un jeu de batterie très physique, présent et varié.
Oh bien sûr, la production ultra classique de ce nouvel opus ne vous dépaysera pas non plus, et les habitués des anti-triggers d'Enstille ne seront pas surpris de peiner à distinguer certains éléments de la batterie – la double grosse caisse en tête – sous un brouillard de toms et de cymbales, ces dernières venant se mélanger à deux guitares légèrement grésillantes et peu définies. C'est classique mais efficace, et l'ambiance est bel et bien là. La patte d'Endstille est tellement reconnaissable que si vous avez aimé l'ambiance des précédents, vous aimerez forcément ce Endstille Reich.
Alors non, cet album n'est pas exempt de critiques, à commencer par son flagrant manque d'originalité et de prise de risques. Endstille fait du Endstille, ne cherche pas à se renouveler. Tout au plus, le groupe change légèrement la production ou devient plus ou moins brutal selon les saisons. On aimerait entendre quelques morceaux pleins de sauts de cordes et de riffs furieusement endiablés qui donnent envie de ressortir sa MG-42 du grenier de grand-papy pour tirer les gens du voyage et le SDF du coin, mais non, Endstille tel un bloc de granit nous ressert la même recette de son visage immuable. C'est peut être bon, mais faudrait faire gaffe à l'indigestion, car au bout d'un moment, même en se renouvelant un peu, le manque d'évolution va finir par asphyxier le groupe.
Endstille fait définitivement partie des groupes qui pour mettre en place en ambiance n'ont besoin que de jouer, et non d'envoyer des rats sur la tronche de leurs auditeurs. Toutefois soyons clair, cet album est bon, voire très bon par moments, mais le groupe prend tellement peu de risques avec ce retour à Dominanz qu'on en devient nostalgique de Frühlingderwachen (quel beau nom à coucher dehors avec un billet de logement comme dirait notre admirable Evil_Nick) et ses blasts super-soniques ou de Navigator et ses mélodies inoubliables. Assurément un très bon album de black, mais malheureusement pas de quoi détrôner Cirith Gorgor de son piédestal peinturluré et plein de clous qu'est celui de meilleur groupe black metal de l'année 2007.
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