Endstille - Infektion 1813

Infektion 1813 : chronique d'une débâcle annoncée

2004 : comme pas mal de monde à l'époque, je découvre Endstille avec l'excellent Dominanz. Le black metal des Allemands est linéaire, les mélodies distillées sur d'interminables mais savoureux trémolos, la voix est possédée, le tempo est soutenu. Ça blaste, c'est cool.

2005 : Sortie du très bon Navigator. La recette est la même. Ça blaste, c'est cool.

2006 : L'Allemagne fait un truc en rapport avec le sport. Je crois que ça a à voir avec le free fight sans pieds ni poings et que la France finit bien classée. Je m'en fous, j'écoute Endstille.

2007 : Je chronique le très bon Endstille Reich. C'est toujours la même chose, mais au moins c'est toujours aussi bien. Ça blaste, c'est cool.

2008 : Il paraît que des gens perdent du pognon à cause d'une crise bancaire et financière. Ça me rappelle 1929. Endstille va donc sûrement faire un album sur la troisième guère mondiale de 2019. Du coup je suis content, mais je me dis que l'attente sera longue. J'écoute Frühlingserwachen en allant au parc Astérix.

2009 : Endstille sort Verhürher. Iblis, le chanteur historique du groupe est parti. J'écoute « Depressive/Abstract/Banished/Despised ». Ça blaste pas, c'est pas cool. J'ai pas reçu le promo, je ne le chronique pas. Comme d'autres en leur temps, je reprends des moules à midi.

2010 : J'oublie que Verhürher existe. Jacques Chirac aussi, même s'il ne l'avait probablement jamais su.

25 février 2011 : je vais voir Endstille en concert. Ils jouent un nouveau morceau qui a l'air de blaster. Ça a l'air d'être cool. Ils jouent aussi du funeral doom'n'roll. Ah non pardon, c'est « Depressive/Abstract/Banished/Despised ».

Avril 2011 : je reçois le promo de Infektion 1813. J'ai du mal à l'écouter en entier. Je cherche des choses plus intéressantes à faire. Chouette, j'avais pas fait la vaisselle hier.

16 mai 2011 : L'album sort en Europe. Je trouve deux riffs intéressants sur « When Kathaaria Falls » et « Satanarchie ». Je rigole du titre de ce dernier, tout en me disant que cette composition est presque aussi bonne que les anciennes. Je commence la chronique.

Juin 2011 : Je n'arrive plus à écouter « Bloody H (The Hurt Gene) » sans vomir de la bile et saigner des oreilles. Ou alors quelqu'un a rajouté un truc pas net dans mon lait fraise au Macumba.

Juillet 2011 : Je tombe dans le coma en écoutant « Wrecked ».

Août 2011 : Il fait trop chaud pour écouter du black metal. Ça tombe bien, Endstille a mis plein de thrash'n'roll à la mode norvégienne dans le sien. C'est pas pour autant que j'ai envie d'en écouter.

Septembre 2011 : J'ai beaucoup plus envie de chroniquer le nouveau Julien Clerc. Il a l'air bien le nouveau Julien Clerc. Lui au moins il reste fidèle à ses origines.

Octobre 2011 : Kadhafi meurt dans d'affreuses circonstances. Un défunt de plus dans la longue liste des dictateurs qui compose l'intégralité de l'interminable « Endstille (Volkerschlachter) ».

Novembre 2011 : Silvio Berlusconi démissionne. Lui aussi était dans la liste. Peut être qu'elle porte la poisse. Du coup je demande si Mussolini va bien.

17 décembre 2011 : Kim Jong ll y passe aussi. Avec de pareils dons de voyance, je me demande comment les Allemands n'ont pas pu se rendre compte qu'ils sortaient un album totalement indigne de leur héritage.

23 décembre 2011 : Je me décide à écouter l'album une dernière fois, il ne se passe rien, mais les quelques passages chiants sont compensés par de rares réminiscences du Endstille d'antan. Je lis une interview du groupe qui dit « Iblis était toujours contre les parties thrash dans les morceaux. Maintenant nous sommes libres et nous pouvons jouer ce que nous voulons ». Une preuve de plus s'il était besoin que c'était bien Iblis qui démarquait le groupe original et vindicatif d'antan du simple groupe de black metal générique sans talent ni passion d'aujourd'hui.

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