Muvitium - Evighetens Cirkel...
Chronique
Muvitium Evighetens Cirkel...
Des garçons productifs dans le petit monde du Metal, on en a déjà vu un paquet (le premier qui me vient à l’esprit est notamment Rogga Johansson). Mais des gars productifs capables d’enchaîner les projets et les sorties de qualité, il faut bien avouer que ça court un peu moins les rues (désolé Rogga mais là, faudra repasser). Dans cette dernière catégorie, on retrouve un Suédois du nom de Swartadauþuz qui depuis déjà quelques années s’est confortablement installé parmi les incontournables de la scène Black Metal (enfin pour ceux qui creusent un peu). D’Azelisassath à Bekëth Nexëhmü en passant par Digerdöden, Gardsghastr, Gnipahålan, Greve ou Mystik, ce mystérieux stakhanoviste de l’underground a pris l’habitude de nous régaler de sorties toutes plus réjouissantes les unes que les autres (et encore, il n’est pas ici question de ses digressions Death ou Black/Death). Un constat d’autant plus surprenant qu’il réussit à proposer à chaque fois quelque chose de différent dans un registre pourtant étroitement balisé (si le Black Metal compte de nombreux sous-genres, Swartadauþuz reste fidèle à une certaine tradition ainsi qu’à un esthétisme bien spécifique).
A l’instar d'Azelisassath, Bekëth Nexëhmü ou Digerdöden, Muvitium est un projet solo (avec ici un batteur de session) qui remonte au moins à 2013, date à laquelle ont été enregistrés une partie des trois albums que le one-man band a sorti l’année dernière. Car oui, en plus de Evighetens Cirkel..., Swartadauþuz a également accouché de Gammelbygdens Vemodsklangor et Likfärdens Begravningspsalm, tous les deux dans un délire beaucoup plus ambiant et atmosphérique. Si on y reviendra peut-être (enfin je n’y crois pas trop), on va surtout s’intéresser aujourd'hui au cas de Evighetens Cirkel... disponible depuis juillet dernier sur la page Bandcamp de Mysticism Productions (structure rattachée au label Ancient Records) mais proposé pour la première fois sur un support physique depuis fin janvier grâce au travail du label allemand Purity Through Fire.
Si sur ses deux albums précédents, Swartadauþuz se concentrait sur une musique d’ambiance à base uniquement de nappes de synthétiseurs dont les sonorités oniriques et apaisantes rappelleront sans doute quelques souvenirs à tous ceux ayant déjà posés leurs oreilles sur un album de Bekëth Nexëhmü, le Suédois va choisir ici de revenir à ses fondamentaux sans pour autant renier quoi que ce soit de ce qui qualifiait jusque-là ce qu’était Muvitium. On retrouve ainsi sur ce troisième album un mélange de Black Metal froid et décharné typique de ce que la seconde vague a su nous offrir, notamment lors de ces moments les plus soutenus et tempétueux ("Evig Vandring Till Gamla Riken" à 1:08, "De Viskande Vindarna" à 3:43, "Vid Mörkrets Fäste" à 1:04, "I Nattsvart Dunkel" à 1:08, etc) auquel vont ainsi venir se mêler des sonorités beaucoup plus mélodiques, qu’elles soient le fruit de ce fameux synthétiseur que Swartadauþuz n’entend pas abandonner (ces nappes fantomatiques à base de voix féminines et masculines en trame de fond mais aussi ces quelques notes de piano dispensées ici avec parcimonie comme sur "De Viskande Vindarna", "Under En Iskall Natt" ou "I Nattsvart Dunkel") ou de ces guitares souvent poignantes et à la puissance évocatrices particulièrement saisissantes (le riff principal de "Evig Vandring Till Gamla Riken" débuté à 1:08, "De Viskande Vindarna" et ces accords acoustiques faisant leur apparition de manière furtive et discrète à compter de 7:27 tout comme sur la conclusion de "I Nattsvart Dunkel", ces notes crépusculaires servant d’entame à "Vid Mörkrets Fäste" suivi de ce somptueux trémolo à 1:36, "Under En Iskall Natt", titre mid-tempo placé judicieusement à mi-parcours, les chouettes trémolos de "I Nattsvart Dunkel" à 3:33 ou 5:40). Autant d’éléments tantôt subtils, tantôt évidents, qui attestent de tout le travail réalisé ici par Swartadauþuz à ce énième projet dont la production s’avère d’ailleurs particulièrement soignée. En effet, chaque instrument y trouve sa place sans s’imposer : le chant et le synthétiseur toujours légèrement en retrait (on remarquera tout de même que côté chant, celle-ci n’hésite pas à revêtir des oripeaux davantage typés Death Metal), les guitares et la batterie aux avant-postes et bien sur cette basse en embuscade. On appréciera notamment de pouvoir entendre aussi bien cette dernière dont les notes voluptueuses apportent un peu de rondeurs mais aussi un brin de dynamisme supplémentaire à un disque qui pourtant n’en manque pas particulièrement.
Comme d’habitude, Swartadauþuz s’en tire avec les honneurs et même un peu plus grâce à un projet qui ne réinvente rien mais qui pourtant se distingue à sa façon de tous les autres groupes dans lesquels officie avec toujours autant de talent et de réussite le Suédois. Très mélodique dans son approche et son rendu, ce troisième album de Muvitium se rapproche à sa manière de sorties telles que celles de Gardsghastr, Greve ou Ringarë sans pour autant nourrir le côté grandiose qu’entretien en règle général ce type de Black Metal dit symphonique. On se retrouve au final avec un album efficace, capable de se montrer incisif lorsqu’il le faut tout en cultivant avec soin la portée de ses atmosphères grâce, notamment, à des mélodies particulièrement travaillées et des arrangements tout à fait minutieux. Décidément, ce bonhomme à de l’or dans les mains.
| AxGxB 24 Février 2020 - 1122 lectures |
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