Si
« Stillbirth in the Temple of Venus » et « Without Circumference Nor Center » m'ont toujours paru assez similaires dans leurs compositions alternant mid-tempos tordus et blast-beats gras et décharnés, il m'est difficile de ranger « Within the Vacuum of Infinity » dans le même panier. Pas de doutes, ce premier album d'Arizmenda est décidément à part de par son atmosphère hautement plus dissonante et son absence de temps morts ou d'accalmies. Plus noir, plus dépressif, proposant un rendu plus sec avec une basse nettement moins saturée, presque inaudible sur les passages les plus crus, et des guitares réglées sur le maximum permis par l'ampli, « Within the Vacuum of Infinity » est le disque le plus complexe d'accès du projet de Murdunbad mais curieusement, c'est aussi le plus culte et probablement le plus apprécié parmi cette scène musicale. Il n'y a guère que le
Split Odz Manouk / Tukaaria ou le premier album de Volahn qui peuvent se targuer de rivaliser avec le succès d'estime qu'a obtenu cette première sortie.
Pour faire simple, « Within the Vacuum of Infinity » est sûrement le seul album d'Arizmenda que vos amis fans de Black Metal ont écouté. Il faut dire qu'il était également le seul représentant disponible du cerveau de son créateur lorsque le nom du Crepusculo Negro a commencé à tourner dans la bouche de quelques amateurs éclairés de Black Metal, il y a déjà quelques années. N'y allons pas par quatre chemins, nous sommes devant une pièce d'une densité peu commune, à tel point qu'elle se révèle extrêmement difficile à décortiquer, à apprécier où à comprendre. Cela dit, et Dieu merci, on ne pose pas encore ses esgourdes sur Arizmenda pour sa facilité d'accès, sa simplicité et ses riffs catchys qui font taper du pied... Quoi de plus logique donc, d'être un peu déboussolé à l'écoute de cette grosse heure de musique tarabiscotée qui semble avoir été plongée dans un bain poisseux, un peu comme si on avait plongé par mégarde la souris verte dans un bain de pisse puis de sperme pour en ressortir un phallus tout chaud.
Pourquoi « Within the Vacuum of Infinity » est-il si opaque ? Pourquoi semble-t-il ne laisser aucune chance de laisser passer la lumière au travers des six morceaux qu'il nous propose. Vaste question me direz-vous, à laquelle je ne peux pas vraiment trouver de réponses et ce malgré mes écoutes conséquentes de cette cassette. Tout juste ai-je réussi à remarquer un semblant d'éclaircissement sur la deuxième moitié de l'album qui me paraît nettement moins monolithique que les deux premiers titres vraiment étourdissants. Il en faut du courage pour s'enfiler la doublette « Those Beaten Paths of Confusion » / « Beyond the Shadows of Emptiness & Nothingness » à la première écoute, tout en sachant que cette dernière n'offre qu'un tout petit moment de répit qui prend la forme d'un arpège en clean s’immisçant succinctement vers les premières minutes de l'ouverture du disque. Tout le reste n'est qu'une somme de hurlements proprement gênants, de guitares dérangeantes au possible même lorsqu'elles tentent de se faire mélodieuses, de blasts-beats hargneux et d'atmosphères dégoulinantes d'un liquide que l'on ne tient pas franchement à identifier...
« Extreme Music for Extreme People » qu'ils disaient... Et bien il faut croire que s'il y en a un qui peut se targuer de suivre ce principe à la lettre, c'est bien Murdunbad avec son Black Metal définitivement à classer parmi les plus bizarres qu'il m'ait été donné d'entendre. Le sampling qui alterne cris fantomatiques et pleurs de petites filles n'est d'ailleurs pas innocent à ce surplus de malaise présent tout au long du disque. Néanmoins, tout ceci n'est évidement pas à prendre comme une critique : n'est-ce pas là l'essence même du Black Metal que de provoquer, déranger, sortir des cases habituelles pour proposer une œuvre sans concession, ne laissant aucune place à un quelconque espoir d'accalmie ? Si, bien sûr et c'est en ce sens que je comprends le plébiscite qui gravite autour de cette première livraison du latino-américain. On ne peut qu'être admiratif devant ce feeling naturel au service du glauque qui traverse l'opus, le transcende entièrement et suinte par la totalité ses pores, aussi bouchés par le pus soient-ils...
Et même si la musique d'Arizmenda tend à se poser un peu sur la seconde partie de l'album, comme en témoigne cette introduction contemplative (encore une fois, je ne sais pas si je veux savoir ce qu'il a contemplé à ce moment, étant donné que ça a l'air beau pour lui mais quand même un peu louche...) sur « Poison Yourself... With Throught » ou ce départ à la cool sur un « The Agents of Transformation » aux allures de prémices à l'évolution musicale de la formation, on ne peut pas vraiment dire que l'on est rassuré. L'intégralité de l'album reste noyé dans une toile de fond remplie de noirceur qu'on ne peut pas ignorer. C'est principalement ce climat de bizarrerie ambiante indissociable de la musique qui fait le succès de « Within the Vacuum of Infinity ». Nez-à-nez face à des visions dérangeantes, comme cette image de tripaille ou de mort qui reste imprimée pendant des semaines sur votre rétine, jusqu'à atteindre le stade du traumatisme visuel. À coup sûr, ce premier jet de Murdunbad est grand album, que les avides d'expériences nouvelles et que les fans appréciant le Black Metal lorsqu'il est présenté sous sa forme la plus pure doivent absolument se procurer.
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