L'occasion fait le larron, comme on dit. Et cette fois, l'occasion est vraiment trop belle. Vous êtes probablement déjà au courant si vous êtes aficionados du combo de la sortie imminente du deuxième album d'Osculum Infame. Formation culte en ce qui concerne le Black Metal Français, le trio devenu quintet revient dans nos contrées avec
« The Axis Of Blood ». Le prétexte était donc tout trouvé pour parler sur Thrashocore de « Dor-Nu-Fauglith », monumental premier disque qui aura marqué au fer rouge les mémoires des amateurs de Black Metal à la fin des années quatre-vingt-dix. C'est le testament d'une époque devant lequel nous nous retrouvons aujourd'hui. Un temps où faire du Black Metal en dehors de la Norvège était encore marginal. Ne voyez pas dans ce discours celui d'un passéiste blasé par l'évolution de son style favori, il est plutôt question d'un regard historique, d'une ambiance immortalisée comme un ancien long-métrage retrouvé dans une quelconque crypte perdue.
« A Prelude To Dor-Nu-Faughlith » ouvre l'album et avec lui s'ouvre un monde magique, inspiré visiblement de Tolkien et des larges plaines enneigées, celle-là même ayant inspirés une quantité faramineuse de groupes. Malgré la voix à la peine ou encore l'élocution en anglais pas loin du ridicule, Osculum Infame arrive tout de même à poser une ambiance sincère, prenante et mystérieuse. Impression confirmée par le deuxième piste « Under The Sign Of The Beast » magnifiée par des claviers aériens et par des riffs absolument splendides. Nous sommes bel et bien dans cette fameuse zone désertique décrite par le titre de l'album.
Il n'y a pas d’artifices dans « Dor-Nu-Fauglith » : tout y est franc, sincère, direct et sans surplus. Nous sommes devant un disque qui prend soin de canaliser l'essentiel, de se l'approprier et de le ressortir devant l'auditeur. C'est à mon sens en grande partie ce qui explique le succès retentissant de ces neuf titres auprès des amateurs du style. On décèle très facilement une fluidité palpable et une envie de toucher directement dans le cœur qui s'explique entre autres par des riffs très différents mais enchaînés avec une facilité ahurissante. Par exemple, les changements dans « Vampiric Warmaster (Part II) » sont abrupts, mais exécutés avec un feeling et une sensation de simplicité qui prend le pas sur la cohérence pourtant un poil absurde de certains passages. Alors qu'on aurait pu se trouver devant un amas de riffs collés entre-eux sans grand liant, c'est l'authenticité du jeu des musiciens qui fait passer la pilule. Et qui permet accessoirement à cet album de toucher au génie.
Osculum Infame est également ici la quintessence d'un style et d'un son à l'ancienne, inspiré par les grésillements de la vague norvégienne, les mélodies des vieux groupes hexagonaux mais aussi par des choix plus atmosphériques et symphoniques qu'on rapprocherait finalement des premiers travaux d'Emperor ou de Dimmu Borgir. Sans toutefois omettre certains choix carrément haineux (comme ce « Dark Wickedness » franchement rentre-dans-le-tas, malgré quelques subtilités guitaristiques présentes) qui offrent à « Dor-Nu-Faugtlith » un surplus de violence lui évitant de rentrer dans la case du Black Atmo/Mignon-tout-plein.
Il est vraiment complexe de trouver un quelconque défaut à cette première sortie. Même si la production est loin d'être parfaite, elle est tellement ancrée dans son genre qu'il s'en dégage au final un rendu emprunt de nostalgie et de froideur. On dirait exactement la même chose de la voix qui semble parfois un peu juste mais qui rend totalement justice à l'album, grâce à la pureté et la spontanéité qui s'en dégage tout au long des titres. Il est également de même pour les interludes à la guitare sèche qui auraient pu me refroidir (« When Iron Has Been Blended With Blood ») mais qui sonnent vraiment comme des odes profondes et riches de sens à un temps révolu, voire imaginaire.
Loin du tape à l’œil d'un Temnozor ou de la vulgarité d'un Peste Noire, Osculum Infame offre son monde médiéval et païen avec sobriété, simplicité et authenticité. Parfois très mature (« Kein Entkommen » ne donne pas envie de rire...) mais également très enfantin par moments (« The Nine Ghosts Of The Ring Of Power », récitation musicale somme toute touchante de quelques péripéties imaginaires d'adolescents fans du Seigneur des Anneaux...), « Dor-Nu-Faughlith » reste et restera un album majeur. Tour à tour nostalgique, haineux, mélancolique, occulte, aérien ou épique, il saura remuer en vous les sentiments les plus enfouis et faire revivre les fantômes du passé, ceux qui vous hantaient à l'époque ou vous découvriez le genre. Qu'on se le dise.
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