La spontanéité. Voilà une qualité à mon sens prédominante pour faire du Black Metal. Un trait spécifique au genre que vous retrouverez dans beaucoup de formations, qu'il s'agisse de Bekhira, Darkthrone ou même des « What Once Was Liber... » de Blut Aus Nord, en faisant carrément l'éloge selon leur créateur. Dans ce registre,
« Dor-Nu-Fauglith » d'Osculum Infame fait figure de référence. Véritable compte-rendu quasiment photographique de la scène Black Française de cette époque, ce disque aura vite acquis le statut de culte. Une aura encore accentuée par le départ des membres du groupes pour d'autres, au patronymes bien connus et gravitant toujours autour de cette sphère. Citons en exemple Arkhon Infaustus, Reverence ou encore Seth. Et voilà qu'Osculum revient enfoncer le clou avec son deuxième full-lenght, dix-huit ans après leur premier essai transformé haut la main.
De quoi exciter les curieux qui ont usé
« Dor-Nu-Fauglith » jusqu'à la moelle, il faut bien l'avouer. Mais voilà, qui dit retour en fanfare, dit également lot de questions plus ou moins inquiétantes. Logique, puisque l'entité menée par D. Deviant a fait son marché parmi quelques membres de la scènes française ayant croisé le fer avec Merrimack ou autres Glorior Belli. Alors « The Axis Of Blood », album d'Orthodoxe ou héritage conservé ? La réponse juste se trouve dans la deuxième partie de la question car nous sommes bien devant du pur jus old-school à la Française. On citera en exemple un « White Void » envoyé avec pertes et fracas qui conserve bien les éléments habituels : mélancolie, atmosphère légèrement teintée de paganisme et sonorités abrasives. De quoi rassurer un poil le chaland qui aurait pu être très apeuré au vu de l'esthétique rénovée d'un Osculum Infame plus parigot que jamais.
Cependant, « The Axis Of Blood » n'est pas une copie pure et dure de son grand-frère puisque quelques risques y sont disséminés. Même si on observe une certaine parcimonie, on ne peut que se rendre compte des influences glissées dans cet album et probablement puisées dans les expériences musicales de ses géniteurs. Il suffit d'écouter la voix qui a bien évidemment évoluée pour s'axer dans une démarche moins criarde et plus rauque, voire carrément pas loin du growl par moments. Une nouvelle direction qui était déjà palpable sur l'EP « Consuming The Metatron » puisque cette mise en bouche pré-album proposait une sorte de passerelle entre
« Dor-Nu-Fauglith » et ce dernier-né. Trois titres de « The Axis Of Blood » avaient donc déjà vu le jour sur cette précédente offrande datée d'il y a trois ans. On retrouvera donc ici « Absolve Me Not », « Let There Be Darkness » et enfin « Inner Falling Of Thee Glory Of God » dans des version presque identiques à celles déjà entendues.
C'est certain, à première vue je n'ai franchement rien à reprocher à cette nouvelle sortie. La production est d'ailleurs relativement adaptée à ce savant mélange entre héritage Black Metal obligatoire et volonté d'aller explorer de nouvelles contrées. On retrouve une batterie qui se la joue « Reverb' », des guitares franchement taillées dans le granit, une basse qui arrondi les angles et une lourdeur bien palpable. On notera d'ailleurs le petit chouilla de mixage en plus qui offre par moments des leads mélodiques bien identifiables ainsi que quelques larsens disposés ici et là, histoire de salir encore un peu plus le rendu global. D'ailleurs, un autre choix pertinent est celui de l'introduction « ApokalupVI ». On se retrouve directement plongé dans l'essence même de la formation et surtout dans une synthèse de identité versions 2015 : ces cornes de brume lointaines (qui fleurent l'ambiance Fantasy de leur ancien disque), ces voix étranges (coucou l'orthodoxe...) et ces samples d'orage 100% Black Traditionnel.
Une mise en bouche franchement sublimée par l'excellent deuxième titre qu'est « Cognitive Perdition Of The Insane ». On se retrouve plongé dans une ambiance satanisto-rétro qui fait plaisir par où elle passe. Un monde ou les dissonances en Son nom côtoient les sons de cloches des églises encore enfumées par le passage d'un Norvégien grimé en noir et blanc. L'omniprésence de ces sonorités graves et de ces oppressantes cornes de brumes fait de ce disque un album violent, sombre et nettement plus abrasif que le rêveur et parfois un peu doucereux
« Dor-Nu-Fauglith ». Stressant : on imagine sans peine le groupe marcher d'un pas sûr et dévastateur sur des plaines ravagées par le Sida, la putréfaction des cadavres et les rivières de sang déversant leurs flots rougeâtres sur les orteils des quelques civils se cachant là.
Si certains titres sont un poil en dessous du lot (ceux qui sortent de l'EP pour ma part), on ne peut décemment pas hurler au scandale, surtout vu le nombre astronomique d'entités qui foirent leur come-back (citons Mysticum l'année dernière, Diabolicum il y a quelques semaines et – sans aller dans le Spoil suprême – Ad Hominem dont le « Antitheist » à venir n'est clairement pas au niveau...). « The Axis Of Blood » est bien sûr en dessous de son prédécesseur mais il fallait être naïf ou simplement fêlé du bocal pour penser le contraire. Il en résulte donc un album qui est loin d'être décevant, qui sait prouver ses qualités rapidement et qui conserve un style particulier et des phases accrocheuses. Une belle synthèse qui saura faire plaisir aux puristes des débuts comme à une nouvelle génération qui devrait sans peine se laisser convaincre.
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