Il n'y a qu'à moi que Lutomysl manque cruellement ? Je ne pense pas être le seul à me dire, quand un nouvel extrait fadasse de Drudkh apparaît ou que le froid s'installe et donne envie de musique où se réchauffer d'émotions, que cela commence à faire quelques temps que l'on est sans nouvelles de Pavel Shishkovskiy, apparemment en prise avec une panne d'inspiration depuis un moment.
Du coup, je me calme comme je peux. Je réécoute ce qui est pour moi ce que l'homme a sorti de plus touchant :
Overcoming Babel et le ci-présent EP. Car, au risque d'énerver les amateurs de l'Ukrainien prêts à faire des vidéos Youtube de contestation (laissez ça à Sakrifiss, ho !), ce sont bien ces deux œuvres qui me parlent le plus, moi qui trouve dans le black metal de ce pays des atmosphères aussi naturalistes qu'adolescentes, les forêts devenant le lieu où se laisser envahir par une cavalcade de sentiments.
Firmament est bien, jusqu'à preuve du contraire, le testament de ce virage délicieux qu'a pris le projet, de ces guitares nerveuses et fébriles et leurs mélodies magnifiques interprétées dans l'urgence de tout dire, cette batterie frénétique, cette voix hargneuse dont les accents slaves donnent au tout cette âpreté si particulière... Ah ! Mais quand vas-tu sortir de ta léthargie ?
Aller, consolons-nous chez cet inconsolable. Réécoutons encore une fois ces deux titres qui, à leur manière, présentent chacun les palettes avec lesquelles Lutomysl gouache ses peintures d'une Ukraine sauvage et torrentielle, l'austérité du décor cachant mille tourments. Écoutons le morceau « Firmament » qui n'aurait clairement pas démérité sur
Overcoming Babel, sa tragédie vécue en plein air à dos de cheval, ses lignes pures avançant droit dans le mur, sa poésie – peu de disque mérite ce mot ; je lui donne sans hésiter – de marcheur solitaire, regardant autour de lui le cœur au bord d'exploser dans la bouche. Écoutons « Weakness », sa suite qui n'a de « face B » que le nom, sa colère déclamatrice, les pensées trop rapides pour sortir calmement, l'harmonie se construisant sur des jambes frôlant l'écroulement, du nerf !, du sang !, qu'on étale le sien avant d'écouler celui des autres, qu'on compose des épées et des victoires hypothétiques, qu'on les appelle avec une force qui les obligeront à apparaître.
Lutomysl me manque. Impossible qu'il n'y ait que moi, tant son black metal, à la fois iconique et à part, est excellent. Et ce n'est pas cet EP qui me fera dire le contraire, lui qui est court comme un recueil de poèmes à lire entre deux instants gris, histoire de se souvenir des couleurs. Frustrant mais tellement généreux le temps qu'il dure,
Firmament est à écouter en boucle pour celui qui, comme moi, attend le retour de Lutomysl. Impatiemment.
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