Nirnaeth - From Shadow To Flesh
Chronique
Nirnaeth From Shadow To Flesh
Après des débuts prometteurs via les sorties des agréables
« Thrown Athwart The Darkness » et « Splendour Of The Abyss » la formation nordiste avait fini par disparaître du paysage hexagonal se faisant oublier pendant sept ans, avant de revenir en 2016 avec un Split aux côtés d’AZZIARD. Affublée désormais d’un nouveau batteur et surtout d’un second guitariste la voici avec un troisième album qui aura mis donc du temps à voir le jour, mais seulement quelques mois après l’EP « Across The Suffering » (dont deux des quatre titres se retrouvent sur ce long-format), où l’on percevait une direction musicale plus affirmée bien que très classique. Si effectivement le combo a gagné en profondeur et en puissance, musicalement on reste dans un Black-Metal totalement calibré et sans surprises, même s’il s’est permis d’intégrer quelques solos et ambiances nuageuses avec parcimonie.
Pourtant au départ cela n’est pas franchement visible, car « Dying Of The Day » qui ouvre les hostilités reste bien calé dans un schéma prévisible au possible où les parties blastées et jouées cent à l’heure côtoient du mid-tempo plus lourd. Même si cela sent bon les années 90 et que l’ensemble est bien en place et entraînant il n’y a pas non plus de quoi sauter au plafond, tant on a l’impression d’avoir entendu ce genre de morceau des centaines de fois par le passé. Entré par une oreille et ressorti par une autre tel pourrait être ce sentiment premier, d’ailleurs cela va être identique avec « Been There Before » où la bande se contente de réciter ses gammes avec facilité certes, mais aussi avec une linéarité qui pointe assez vite le bout de son nez, vu que là-encore ça se répète et que l’on peut facilement savoir quand telle chose va arriver. Certes ça ne s’embarrasse de superflu mais c’est beaucoup trop scolaire et redondant pour marquer les esprits, pourtant cette opinion semble vouloir s’estomper avec le brutal et agréable « The Crater ». Montrant ici une facette encore plus énervée l’ensemble se révèle plus attirant et accrocheur, et bien que ne se compliquant pas la vie dans son exécution le groupe réussi enfin à captiver sur la durée et cela va intervenir plus fréquemment par la suite.
Car à l’instar d’un vieux moteur il lui a fallu un peu de temps de chauffe avant de voir toutes ses qualités, qui se confirment avec l’excellent « Cursed » où le rythme plus posé est mis à l’honneur, et se greffe parfaitement à un riffing efficace afin de donner envie de headbanguer. A la fois plus remuant et presque épique à certains endroits, on se laisse embarquer sans problème tout en ayant envie de remuer la tête et de taper du pied, avant que quelques passages plus explosifs n’interviennent pour éviter une redondance qui heureusement ici est absente. Après cette montée en puissance on retrouve « In Nomine Ego » que l’on avait déjà découvert sur le mini-format sorti cette année (à l’instar du très réussi « Possession » qui joue les montagnes russes) qui montre une facette plus atmosphérique et agréable, même si tout cela aurait pu être raccourci car ça s’éternise un peu inutilement. Heureusement « Nihil In Me » et « Once A Shadow » vont plus à l’essentiel et cela est tout de suite plus intéressant, avec pour le premier là-encore un côté hyper remuant très présent conjugué à des guitares accrocheuses, le tout sur un rythme qui ne baisse que rarement en intensité, pour un résultat de très bonne tenue. Pour la seconde le tabassage en règle se fait de manière intense et presque en continu, seuls quelques parties plus lourdes viennent aérer le tout qui se concluent de façon surprenante par des notes acoustiques douces mais qui ne font pas tâche avec le reste, permettant ainsi de souffler pour mieux repartir.
Avec « Forgotten And Chained » on conclut les hostilités par un mélange habile de tout ce qui a été présenté jusque-là, car après une longue introduction qui se fait lente et étouffante le reste de la composition va monter au fur et à mesure en puissance passant ainsi de passages remuants à une fin terrible lancée à pleine vitesse et réhaussée par un solo qui s’éternise et qui amène un vrai supplément d’âme, pour en terminer donc de la meilleure des manières. Car malgré un premier tiers quelconque la machine s’emballe ensuite et offre un rendu assez agréable, ponctué de quelques coups d’éclats au milieu d’un classicisme sympathique à défaut d’être vraiment marquant. Avec en prime une production relativement naturelle et homogène (même si le son très sec de la caisse claire est vite fatiguant) le quintet signe son retour avec un disque agréable (même si c’est un peu juste après autant d’attente) qui aurait cependant pu gagner en équilibre si certains plans avaient été raccourcis. Mais malgré cela tout s’écoute vite et bien, même s’il est certain qu’il ne tiendra pas la distance par rapport à toutes les sorties de qualité vues cette année, et que pour ses créateurs il manque toujours le petit plus qui les feraient grimper dans la hiérarchie hexagonale.
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