Gevlerkt - De Grote Sterfte
Chronique
Gevlerkt De Grote Sterfte
Quand les gars de Wederganger ne sont pas occupés à pondre des splits en compagnie de Laster, Kjeld et Urfaust, ils vont faire leurs petites affaires ailleurs, au sein d’entités tout aussi confidentielles mais non moins intéressantes pour autant. Parmi celles-ci, Gevlerkt dans laquelle on retrouve deux des trois membres de Wederganger, Botmuyl au chant et MJWW derrière tous les instruments. Une collaboration débutée vraisemblablement il y a quelques années mais dont on ne sait finalement pas grand-chose si ce n’est que le groupe compte à son actif une EP édité au format cassette ainsi qu’un premier album, tous les deux parus l’année dernière.
Comme leur compatriote de Vaal, c’est sur New Era Productions qu’est sorti en septembre dernier De Grote Sterfte. On y retrouve les deux titres de Vermolmd (à l’exception de l’interlude) auxquels sont venues s’ajouter cinq nouvelles compositions. L’artwork et le logo ont quant à eux été confiés à monsieur Chris Moyen, vous savez, celui qui a aussi fait notre beau logo dont on est si fiers ici à Thrashocore.
Inutile de jouer aux devinettes, c’est évidemment du côté d’un Black Metal plutôt rudimentaire et sans artifice que s’oriente cet obscur projet. Relativement éloigné de ce que les deux hommes proposent avec Wederganger, Gevlerkt explore des sonorités nettement plus archaïques et torturées sans pour autant verser du côté d’un Black bestial ou primitif (dans l’exécution). Au contraire, c’est même tout l’inverse tant les tempos tournent ici le plus souvent au ralenti ou sont en tout cas exécutés sans grands excès. Un parti pris qui va ainsi nourrir tout au long de cette grosse demi-heure une atmosphère cryptique et maladive des plus saisissantes, conférant à ce De Grote Sterfte une saveur bien particulière. Evidemment, la production n’y est pas non plus totalement étrangère. Dépouillée de toute chose superflue, jouant alors la carte de l’authenticité avec ce grain, ce souffle et ces saturations omniprésentes, elle laisse notamment résonner dans le lointain des guitares crues et abrasives aux riffs diablement entêtants. La batterie, encore plus en retrait dans le mix, bat quant à elle la mesure sans jamais se précipiter et en prenant grand soin de suivre avec le même entêtement les riffs sombres et inquiétants dispensés par cet homme à tout faire qu’est MJWW. Là-dessus vient enfin se poser le chant écorché et terriblement menaçant (ah ces résonnances de la langue germanique) d’un Botmuyl que l’on imagine aisément un brin dérangé ("Vermolmd" et vibrantes incantations).
Une formule a priori peu originale que Gevlerkt a pourtant su s’approprier afin de rendre chacune de ses compositions à la fois différentes et envoûtantes. De l’interlude instrumental ("Gifstekel") au titre bas du front exécuté le couteau entre les dents ("Zwavelhart") en passant par des morceaux torturés et surtout beaucoup moins prévisibles ("Klauwen, Snavel En Hoorns", "De Nacht", "Vermolmd"...), De Grote Sterfte s’impose très vite comme un disque bien plus original et personnel qu’il n’y paraît de prime abord. Et cela en grande partie grâce à la liberté de format de ces quelques morceaux qui ne s’imposent rien et s’autorisent à peu près tout en jouant par exemple sur les différences de rythmes ("Het Boze Oog", "De Nacht", "Vermolmd", "De Grote Sterfte"), en développant au sein du même morceau des thèmes qui n’ont pas de liens directs entre eux (les deuxièmes et troisièmes parties de "Klauwen, Snavel En Hoorns", "Vermolmd", "De Grote Sterfte"), en passant d’un format court et rapide à un format long et aliénant sans d’autres formes de politesse qu’un simple blanc grésillant de quelques secondes, en usant d’un synthétiseur aux sonorités d’un autre temps comme d’un instrument ritualiste et processionnaire ("Klauwen, Snavel En Hoorns", "De Nacht"), en proposant des riffs chancelants comme peuvent l’être ceux qui boivent jusqu’à l’intoxication (celui qui sert d’introduction au très bon "De Nacht")... Bref, tout un tas de petites choses qui font de Gevlerkt un groupe à la personnalité très marquée même si on peut y trouver ici et là quelques petites touches rappelant inévitablement la musique de Wederganger.
Sans révolutionner quoi que ce soit, s’inscrivant même comme le porteur d’une certaine tradition héritée de ses aînés (la production crasseuse, les atmosphères…), Gevlerkt réussi pourtant à insuffler à son Black Metal suffisamment de personnalité et d’originalité pour que celui-ci ne ressemble à rien d’autre déjà produit. Un joli tour de force de la part d’un groupe que personne ne connaît ou presque et qui entend bien demeurer dans l’ombre encore longtemps, ne profitant qu’aux quelques connaisseurs éclairés qui auront eu le bon goût de s’y intéresser. Une musique qui ne recherche absolument pas la performance mais plutôt l’instauration de climats torturés et inquiétants. Du bel ouvrage pour quiconque apprécie son Black Metal sans additifs et autres enrobages inutiles.
| AxGxB 20 Février 2018 - 946 lectures |
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