Nirnaeth - Thrown Athwart The Darkness
Chronique
Nirnaeth Thrown Athwart The Darkness
Vous en avez assez de voir de jeunes formations piller de façon éhontée l'héritage de leurs prestigieux aînés? Vous ne supportez plus ces groupes de true black qui dissimulent leur médiocrité sous une appellation underground? Vous cherchez du black metal, oui, celui là même qui vient des tripes, enfanté dans la douleur et parrainé par la haine, et surtout interprété avec talent?
Alors prenez le temps de lire ce qui suit, car Nirnaeth pourrait fortement éveiller votre attention...
Quelques précisions s'imposent. Sous le nom de Nirnaeth – les amateurs de fantasy auront saisi la référence à Tolkien - se cache un jeune combo lillois qui a vu le jour en 2001. Si le groupe ne se produit en concert qu'en 2004, c'est pour mieux consolider son line-up et son expérience en multipliant les répétitions. En Novembre 2004, sortit la démo « Nothing But Ashes », bien accueillie par la presse spécialisée et rapidement sold out. Fin 2005, Nirnaeth s'enferme au studio Midnight pour enregistrer son premier véritable album, « Thrown Athwart The Darkness ». Et bien que la formation soit encore jeune, et sa discographie pour le moins... réduite, « Thrown Athwart The Darkness » fait preuve d'une maturité impressionnante et d'une personnalité déjà bien affirmée.
Trente deux minutes pour neuf titres. Inutile de s'attendre à des compositions à rallonge, pas plus qu'à des avalanches d'arpèges au clavier. Nirnaeth officie dans le brutal black metal, efficace, sans concession. Les guitares sont tranchantes, le tempo est généralement élevé, et la voix, écorchée, crache sa colère avec une conviction infaillible. Sans aucune pitié, sans accorder le moindre répis à son public, les Lillois déversent leur haine tout au long des huit brûlots et de l'interlude qui constituent « Thrown Athwart The Darkness ». Pour naviguer dans cet univers à la noirceur perverse, l'auditeur ne peut se raccrocher qu'aux froides mélodies des riffs qui lui glaceront le sang avant de hanter pour longtemps son esprit... Car ce riffing aiguisé et pertinent est incontestablement la marque de fabrique et le point fort du groupe.
« Thrown Athwart The Darkness » commence très fort avec le titre « Nirnaeth Arnoediad » qui en trois minutes résume le style de Nirnaeth. Un tempo rapide, un tourbillon de riffs solides pour une entrée en matière pour le moins joussive. La suite de l'album revèle un cortège de titres rapides et violents à l'image de « Pentagram Of Flesh », déjà présente sur la démo. Cependant, il ne faut pas réduire « Thrown Athwart The Darkness » à une demi heure de brutal black étouffant sans finesse... Les titres sont aérés par des ralentissements de tempos ou des breaks, toujours placés de manière judicieuse, comme en témoigne « Nothing But Ashes », qui ménage des plages plus calme pour mieux annoncer la tempête. Difficile dans ces conditions d'éprouver la moindre lassitude à l'écoute de cet album! De plus, les influences de Nirnaeth sont nombreuses et s'éloignent parfois du black metal scandinave pur et dur pour flirter avec le thrash, le death et plus particulièrement le heavy black, notament sur « Et Nox Facta Est » et « Ténèbres » qui se distinguent par leur feeling épique que ne renierait pas Immortal.
Mais décrire « Thrown Athwart The Darkness » sans mentionner la capacité du groupe à donner naissance à de véritables hymnes serait une erreur. « Black Metal Wrath », bénéficiant déjà d'un départ en trombe du plus bel effet, dispose également de riffs qui interpellent immédiatement l'oreille et de paroles éructées furieusement par le vocaliste, que l'on imagine sans peine reprise par le public lors des prestations live. Sa consoeur, « We'll Be Victorious » est nimbée d'une atmosphère plus sombre, grâce à son intro accoustique mélancolique, mais se transforme en puissant chant de guerre grâce à un final vindicatif doté, lui aussi, d'un texte qui s'imprimera au fer rouge dans votre mérmoire.
Sans être toutefois un coup de maître, « Thrown Athwart The Darkness » est un album efficace, dont l'écoute, rendue particulièrement agréable grâce à la fraicheur émanant de la personnalité du groupe, se déroule sans anicroches. Quelques compositions supplémentaires n'auraient pas été de trop, car les trente deux minutes de la galette s'écoulent bien trop vite... Par ailleurs, les riffs de l'interlude « Vampire Hunter » aurait mérité d'être développés sur un titre entier. En dehors de ces maigres reproches que l'on pourrait adresser à la formation, force est de constater que cette dernière à utilisé tous les moyens en sa possession pour ne rien laisser au hasard et proposer aux amateurs de black un produit soigné. Bien que ce premier opus soit une autoproduction, la réalisation est de qualité, conférant aux guitares, véritables clés de voute de la musique des Lillois, des sonorités tranchantes s'accordant à merveille avec la noirceur de l'univers de Nirnaeth.
Avec « Thrown Athwart The Darkness » qui nous dévoile un black metal sans artifices, mais pas pour autant minimaliste, les Lillois de Nirnaeth ont désormais les atouts en main pour s'affirmer en tant que valeurs montantes de la scène black française. Soutenu par une production correcte, leur black metal rageur, savante alchimie entre haine et mélodie, est déjà empreint d'une forte personnalité. Un album diablement prometteur à l'efficacité redoutable
| Alesya 7 Juillet 2007 - 2150 lectures |
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