Paru en juillet 2022,
The Eternal Fanfare n’est aujourd’hui plus de toute première fraîcheur. D’ailleurs si je viens vous en parler c’est en grande partie parce que la semaine dernière lui a succédé
Verses In Oath, un deuxième album sur lequel je compte bien me pencher dans les jours à venir. En attendant que ce soit le cas, retour sur une sortie qui, sans compter mon désir maladif de complétude, aurait donc très bien pu passer à la trappe...
N’ayant probablement pas souhaité poursuivre sa collaboration avec Iron Bonehead Productions, dame Marliese Beeuwsaert (devenue Osborne) s’en est allée s’acoquiner avec une autre structure de renom. C’est en effet sur 20 Buck Spin qu’est ainsi sorti ce EP. Un disque qui malgré sa qualification revêt néanmoins des atours plutôt généreux puisque ces cinq nouveaux titres (dont une introduction instrumentale) s’étalent tout de même sur près de vingt-six minutes. Un amuse-bouche relativement conséquent qui aura donc permis aux plus impatients d’étancher leur soif de Black Metal entre deux sorties plus consistantes.
Si Hulder a toujours été considéré comme un one-woman band, la Belge désormais citoyenne américaine n’a jamais hésité à s’entourer de personnes de choix. Tout d’abord son mari Samuel Osborne (Funebrarum, ex-Bone Sickness, ex-Undergang) en charge une fois de plus de la batterie mais également quelques mercenaires tels que Philippe Allaire-Tougas (Atramentus, Chthe’ilist, First Fragment, Worm...) à qui l’on doit quelques parties de guitare lead sur "Burden Of Flesh And Bone" ainsi que Charlie Koryn (Ascended Dead, Decrepisy, Thanamagus, Vrenth...) qui en plus d’être venu pour la première fois martyriser des peaux et autres cymbales sur le titre "Sylvan Awakening" signe une fois encore l’enregistrement de ces quelques titres. Bref, une équipe de choc pour une sortie toujours aussi qualitative malgré mes premières réticences.
Car je ne vais pas vous mentir, si j’ai autant tardé à vous parler de
The Eternal Fanfare c’est aussi parce que je ne suis pas immédiatement tombé sous ses charmes. Une situation accentuée par un certain manque de persévérance de ma part lui-même induit par ce manque d’enthousiasme premier... Un cercle vicieux dont j’ai finalement réussi à m’extraire après l’avoir longtemps mis de côté avant de m’y intéresser à nouveau.
L’une des choses les plus "surprenantes" à l’écoute de
The Eternal Fanfare est très certainement cette production aux guitares un petit peu plus épaisses qu’auparavant. Un son lourd, presque Death Metal (une impression d’ailleurs renforcée par le chant assez profond de Marliese Osborne), qui en plus de trancher avec les précédentes productions d’Hulder nourrit au passage une atmosphère moins crue et rachitique. Un parti-pris pas inintéressant mais qui me convainc tout de même un petit peu moins préférant en effet le son un poil plus abrasif de son prédécesseur ou même de
Verses In Oath...
Musicalement,
The Eternal Fanfare n’est pas le témoin de grands bouleversements puisqu’Hulder poursuit son chemin dans la voie d’un Black Metal racé empruntant toujours autant à la scène norvégienne du début des années 90 (Satyricon et Darkthrone en tête). Une relecture fidèle mais néanmoins plus moderne qui de fait rapproche pas mal le groupe américain d’une formation comme Darkened Nocturn Slaughtercult (autant dans le chant que dans la dynamique essentiellement soutenue). On peut néanmoins remarquer que les sonorités et autres ambiances médiévales présentes jusque-là se sont largement estompées au profit d’atmosphères plus baroques ("Curse From Beyond" et ses voix d’anges, "Burden Of Flesh And Bone" et ce pont débuté à 3:09 sur fond de piano et de synthétiseur, ces voix fantomatiques entendues au loin sur "A Perilous Journey").
Moins enclin à la suggestion et à l’errance bucolique comme pouvait l’être le bien nommé
Godslastering: Hymns Of A Forlorn Peasantry,
The Eternal Fanfare met l’accent sur le caractère plus direct d’Hulder. Menée pour l’essentiel la serpe entre les dents, la musique de Marliese Osborne brille en effet par ses nombreux assauts pour le moins implacables. De "Burden Of Flesh And Bone" (à l’exception du pont évoqué un petit peu plus haut) à "Sylvan Awakening" et "The Eternal Fanfare", le one-woman band fait preuve en effet d’une intensité particulièrement plaisante. Femme de nuances, Marliese n’hésite pas cependant à calmer le jeu de temps à autre. Sur « Burden Of Flesh And Bone » celle-ci en profite ainsi pour y insérer une courte séquence servant de parfait contrepoint avant les élans guitaristiques toujours aussi pertinents de Philippe Allaire-Tougas. Moins contrastées et plus progressives, les baisses de régime sur "Sylvan Awakening" constatées entre 1:14 et 2:28 puis entre 3:05 et 4:01 et sur "The Eternal Fanfare" entre 1:03 et 1:31 puis entre 2:31 et 3:59 se font à coups de passages mid-tempos au caractère tantôt plus sombre tantôt plus épique. Reste "A Perilous Journey", une pièce imposante de sept minutes sur laquelle l’Américano-Belge va faire preuve d’une retenue pour le moins envoutante grâce notamment à ces riffs lancinants, cette batterie aux frappes mesurées et ces bribes de voix féminine et lointaine... Un titre idéalement taillé pour clôturer ce chapitre et apporter là encore un peu de contraste suite à trois titres bien plus directs et intenses.
Sans nécessairement s’opposer aux précédents travaux d’Hulder,
The Eternal Fanfare offre pourtant aux auditeurs un visage quelque peu différent de la formation. Toujours autant influencé par l’école norvégienne à l’origine de cette fameuse seconde vague, les titres de ce nouveau EP proposent néanmoins quelque chose de plus dense et de moins ouvertement calquée sur les premiers albums de Satyricon, Darkthrone ou Gorgoroth... Si la production à l’esthétique Death Metal n’y est pas étrangère, le riffing moins froid et aux trémolos plus subtils y est également pour beaucoup. Bref, j’ai mis le temps à l’apprivoiser mais force est de constater que
The Eternal Fanfare ne déçoit pas et prouve qu’Hulder est de ces groupes qui comptent. Une affirmation que le nouvel album du one-woman band ne viendra d’ailleurs en aucun cas démentir.
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