Rares sont encore aujourd’hui les femmes à évoluer dans le Black Metal (et plus généralement dans la musique extrême). Bien entendu, je ne parle pas ici de ces demoiselles qui se contentent de poser dévêtues avec en guise de simple apparat une cartouchière du plus bel effet mais bien de musiciennes capables de tenir leur rang de manière tout aussi habile que leurs homologues masculins. D’ailleurs, les seuls groupes qui me viennent aujourd’hui en tête se comptent sur les doigts d’une main : Sortilegia, Gallhammer, Darkspace et Darkened Nocturn Slaughtercult. Alors forcément, sans en faire un argument marketing quelque peu sexiste, difficile cependant de ne pas l’évoquer d’emblée lorsque l’on aborde notamment le cas de Hulder.
One-woman band américain formé à Portland (mais vraisemblablement d’origine belge), Hulder a sorti deux démos cassettes courant 2018 regroupées l'année dernière sur une compilation intitulée
De Oproeping Van Middeleeuwse Duisternis. Disponibles sous plusieurs formats aux pressages relativement limités, celle-ci va être rééditée en LP d’ici quelques semaines via Iron Bonehead Productions (avec en prime un nouveau mastering ainsi que quelques corrections graphiques). Pour autant, l’objet de cette chronique est tout autre puisque Hulder a également sorti début août un court EP deux titres intitulé
Embraced By Darkness Mysts... via le discret label new-yorkais Stygian Black Hand.
Un objet fort sympathique à l’artwork plein de promesses (enfin en ce qui me concerne). Car oui, j’ai toujours eu un faible immense pour ce genre de photos désuètes, vues un milliard de fois mais qui pourtant transpirent une atmosphère bien particulière, celle des années 90. Entre ces arbres décharnés et ces feuilles aux couleurs automnales, cette robe immaculée d’un autre temps, ces bracelets de cuir cloutés et autre harnais, cette fine épée et ce corpse paint tout en sobriété, difficile de ne pas sentir souffler sur nos épaules fébriles un vent froid venu des plus sombres contrées d’Europe.
Une atmosphère à l’ancienne renforcée par cette introduction mélodique et dépouillée au son pour le moins approximatif. Néanmoins, ne vous fiez pas totalement à ce qui ressemble en premier lieu à de l’amateurisme car très vite le ton monte, la demoiselle se faisant appeler The Inquisitor nous harcelant à coup de riffs froids et implacables et de (semi) blasts quasi-continus. Ce riffing, d’une sobriété impeccable, file ainsi vers l’essentiel. Quelques notes sombres et particulièrement redoutables épaulées par de discrètes nappes de synthétiseur au service d’une efficacité absolument indiscutable. Bien entendu, pendant ces plus de six minutes, Hulder va parfois calmer le jeu et rompre ainsi avec une certaine monotonie à l’aide de quelques transitions bien amenées, apportant avec elle un soupçon de mélodie (ces quelques subtiles touches acoustiques dispensées ici et là) tout en conservant néanmoins une atmosphère froide et particulièrement sinistre.
Le deuxième et dernier titre reprend la même formule avec cependant un poil moins de succès à mon sens. La faute à un riffing - toujours dans la simplicité et la répétition - tout simplement moins marquant. Ce point est toutefois en parti compensé par cette dynamique conservée (la demoiselle assure là encore ce qu’il faut de séquences de blasts), ces transitions mélodiques bienvenues histoire de contrebalancer justement avec ces passages plus soutenus et bas du front, ces quelques samples nourrissant à leur manière une ambiance médiévale assez prenante (notamment cette farandole de cloches dispensées à l’orée de certains passages plus calmes) ainsi que ces nappes de synthétiseur apportant avec elles un brin de cette atmosphère délicieuse et typique des années 90. Certes, tout cela n’a rien de très original mais Hulder avait été très clair sur ses intentions dès l’artwork.
Malgré une légère baisse de qualité sur le deuxième morceau, difficile de ne pas se montrer enthousiaste à l’écoute de ce Black Metal portant bien haut le flambeau d’une époque aujourd’hui révolue. Enthousiasme d’ailleurs validé à l’écoute des titres de la compilation
De Oproeping Van Middeleeuwse Duisternis. Certains reprocherons probablement à Hulder un manque d’originalité flagrant ainsi qu’un parti pris embourbé dans les clichés les plus évidents du genre mais ce serait passer à côté de l’essentiel, cette envie évidente de s’affranchir du superflu pour revenir aux fondements d’une tradition instaurée en leur temps par ces précurseurs de ce que l’on nomme la seconde vague de Black Metal. Vivement la suite.
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