Apoptosis - From Fall to Winter Solstice
Chronique
Apoptosis From Fall to Winter Solstice
Ce premier album des Gersois d'APOPTOSIS avait fait un peu parler de lui sur les forums français en 2008 et puis est semble-t-il tombée dans une forme d'oubli regrettable. Alors que certains se sont fait dorer la pilule dans des paysages paradisiaques, que d'autres en ont profité pour dragouiller de la pouffiasse sur les plages en vogue, exhibant la puanteur des crèmes solaires, des tongs et des couvre-chef type « bobs » du meilleur goût sur les « Enquêtes d'action » et autres « Tellement Vrai », c'est plutôt vers le Gers que votre serviteur, reprenant du poil de la bête après une période estivale plutôt silencieuse, s'est tourné aujourd'hui pour parler de ce jeune groupe qui commence à prendre de l'âge et dont l'inactivité depuis la sortie de From Fall to Winter Solstice est franchement dommage.
Effectivement, et je ne vous l'apprendrai peut-être pas, outre l'armagnac et la croustade aux pommes, le Gers comporte de multiples ressources. Restons dans le domaine du Black Metal, avec le plus récent PENDULUM, fondé par les mêmes membres que ce APOPTOSIS autour d'un groupuscule opportunément nommé « Les Fragments du Chaos », qui compte également en ses membres les franciliens de MIND ASYLUM. On fera donc aisément le lien entre Naja Atra, Death et Winter, travaillant donc ensemble depuis longtemps. Le premier rythmant les riffs des seconds qui subliment les paroles de cette dernière, composant ici en Anglais un concept plus axé fantasy, un domaine qui se prête bien au Black Metal lorsque l'on sait être inventif comme c'est le cas ici.
Si le contraste, assez facile je vous l'accorde, entre les touristes adepte de la bronzitude et l'atmosphère très « scandinave » qui plane sur ce disque est capillotracté, et je m'en excuse, c'est bien pour mettre en valeur APOPTOSIS au profit des zigotos dont nous ont abreuvé tous les jours les guides de conscience médiatiques avant une rentrée salvatrice. L'été, bien que terminé aujourd'hui, avait aussi la vocation de se ressourcer, retrouver ses racines : c'est ici ce que propose APOPTOSIS, avec un Black Metal traditionnel qui regarde clairement du côté d'IMMORTAL. Aucun doute, les fans du genre se retrouveront dans cette forme d'hommage à certains grands disques des Norvégiens, tels que At the Heart of Winter notamment. La touche « Heavy » transmise par les Gersois évoquera également un album comme Sons of Northern Darkness. De même, il y a une puissance chez nos Français qui les sert à plein régime et qui élève leur musique à un niveau insoupçonné.
Je parle ici du son de cette démo : totalement convenable, il est tranchant et rageur. L'exemple la guitare qui laisse sonner de manière épique ces bons riffs classiques semble pertinent. Les nombreux soli qui marquent le disque sont réalisés par une main de maître, à l'image des assauts mélodiques parfois rehaussés par un tapping ravageur. Encore un groupe qui maîtrise à la perfection ses instruments. Même la basse ressort correctement, plantant les piquets de la tente d'un ensemble fort solide. Le défaut principal de la démo d'APOPTOSIS vient de la voix, qui est certes en adéquation avec les idoles de Death (en premier lieu Abbath), mais qui manque de rage et de virulence, étant à mon oreille dotée d'un peu trop de reverb pour sonner suffisamment dévouée et ritualiste. On pardonnera aisément cette faille qui reste toutefois un détail tant la qualité des riffs est là par ailleurs. La batterie est par ailleurs ultra incisive et virulente, apportant à ces riffs entraînants la puissance qu'ils méritent. Breaks efficaces, variation sur les cymbales : à l'évidence, Naja Atra sait aussi donner à son jeu la fougue que mérite un album comme ce From Fall to Winter Solstice. La production est aux petits oignons pour un groupe de cette trempe, on sent un vrai travail derrière le son, permettant réellement la comparaison avec les grands.
C'est donc avec « The Path to Dorang » qu'APOPTOSIS atteint un apogée dans l'efficacité. Un morceau fédérateur, revanchard et inspiré. Le souffle ne retombe que peu durant la durée raisonnable de cet album. Un morceau transitoire comme « Feelings » donnera un penchant plus grave à un album qui sait se finir avec panache, puisque la rébellion précédant la progressive descente aux Enfers de ce « servant » est réellement accompagnée par une narration qui se fait de plus en plus sombre et émouvante (« My soul bleeds... »). Les symphonies mélancoliques présentes notamment sur « The End is Near » font émerger cette tristesse qui ressort très bien sur « Through the Eyes of my Fallen Kingdom » qui conclut avec son intro aux arpèges dérangeants un album qui a su émerger de nulle part et s'imposer comme un bon petit disque qu'on aimera se repasser à l'occasion, même si seuls certains morceaux resteront en mémoire, notamment « The Path to Dorang » et « Burial », ce dernier venant sur certains passages réveiller cette fougue étouffée entre deux morceaux plus introspectifs. Ce dernier morceau est également très convaincant, avec son « Humanity is dead » hurlé jusqu'au sang par un Death réellement possédé. Certes, APOPTOSIS cherche encore sa personnalité mais il faut bien se rentrer dans le crâne que ce groupe n'a rien d'un simple copycat d'IMMORTAL, contrairement à ce qu'on pourrait penser aux première écoutes de ce disque, parvenant de fait à sortir largement de ce carcan. Ce premier album a forcément ses limites mais laisse entrevoir un beau potentiel qui j'espère sera concrétisé prochainement par une seconde offrande et surtout une vraie mise en place de la puissance du groupe sur scène, puisque APOPTOSIS aurait tout à fait sa place sur les planches au vue de la belle intensité qu'il dégage durant les 31 minutes de cet album réussi.
| Voay 15 Septembre 2012 - 1487 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo