Après avoir fait ses armes pendant près de trois ans sur plusieurs démos et EP regroupés pour l’essentiel sur la compilation
De Oproeping Van Middeleeuwse Duisternis / Embraced By Darkness Mysts parue l’année dernière sur Iron Bonehead Productions, Marz Riesterer rempile en ce début 2021 avec la sortie, toujours sur le label allemand, de son premier album intitulé
Godslastering: Hymns Of A Forlorn Peasantry. Moins menaçante qu’à l’accoutumée, la Belge exilée à Portland nous la joue cette fois-ci belle des champs avec une robe qu’aurait probablement rêver de porter Laura Ingalls. Heureusement, ces deux démons ailés sur le côté ainsi que ce logo fiché d’une épée et d’une masse d’armes sont quand même là pour nous rappeler que la demoiselle n’est pas là pour nous conter fleurette...
Pour ce premier album, Marz va sans surprise reprendre les choses là où elle les avait laissé à la sortie de
Embraced By Darkness Mysts et de cette
Demo 2020 dont est d’ailleurs issu le titre "Purgations Of Bodily Corruptions". Là où
Godslastering: Hymns Of A Forlorn Peasantry se distingue néanmoins de tout ce qu’à pu produire Hulder auparavant, c’est dans cette production un poil moins dépouillée et plus soignée que par le passé qui lui confère ainsi d’emblée ce statut d’album à part entière. Un choix qui n’a rien d’innocent puisqu’il devrait notamment permettre à Hulder de toucher un public un petit peu plus large (là où les productions rachitiques et crachotantes des précédentes démos du one-woman band en ont sûrement laissé quelques uns sur le bas côté).
Voilà pour les nouveautés, Marz n’ayant pas pour projet ici de changer son fusil d’épaule ou de revoir sa copie de quelque façon que ce soit. On va donc renouer, et cela sans préambule, avec ce Black Metal très inspiré par la seconde vague norvégienne et mené le plus souvent l’épée en avant à coup de trémolos et de patterns de batterie diablement entrainants mais également un brin répétitifs. Rien de rédhibitoire là-dedans dans la mesure où Hulder n’hésite jamais à rompre avec ces dynamiques le temps de séquences moins haletantes, que ce soit lors de passages bien sentis qui vont permettre de changer la couleur du morceau à l’image de ces breaks que l’on peut trouver sur "Upon Frigid Winds" à 1:40, "Sown In Barren Soil" et ce passage acoustique entamé à 1:40, "Lowland Famine" à 3:14 ou encore de cette longue introduction menée à grand renfort de voix féminine féérique sur "A Forlorn Peasant's Hymn", soit comme ce qui nous est proposé ici à mi-parcours, d’abord avec "De Dijle", titre faisant office d’interlude acoustique à l’atmosphère satanico-bucolique, puis avec "Purgations Of Bodily Corruptions", morceau mid-tempo aux mélodies pour le moins entêtantes.
L’autre atout d’Hulder pour faire oublier la relative monotonie de ses attaques menées le couteau entre les dents, c’est assurément l’apport mélodique qui est fait ici tout au long de l’album. Outre ces nombreux passages acoustiques (de "Sown In Barren Soil" à "De Dijle" en passant par "From Whence An Ancient Evil Once Reigned") qui vont amener avec eux un brin de douceur ainsi qu’un côté folklorique dans ce que le terme à de plus noble et évocateur, il n’est pas rare d’entendre quelques nappes de synthétiseur souvent discrètes mais dont émanent des atmosphères tantôt sombres et menaçantes ("Upon Frigid Winds", "Creature Of Demonic Majesty", "Sown In Barren Soil", "Lowland Famine", la seconde partie de "A Forlorn Peasant's Hymn"), tantôt plus médiévales ("De Dijle", "Purgations Of Bodily Corruptions", la première partie de "A Forlorn Peasant's Hymn", "From Whence An Ancient Evil Once Reigned"...). Et puis il y a bien sur tous ces trémolos venus des fjords du Grand Nord qui ponctuent chaque titre de ces mêmes atmosphères glacées et ténébreuses.
Si
Godslastering: Hymns Of A Forlorn Peasantry revêt un caractère extrêmement classique, il n’en demeure pas moins excellent pour autant (cette dynamique haletante et néanmoins variée, ces riffs froids et décharnés, ces mélodiques entêtantes, ces atmosphères prenantes...). Certes Marz Riesterer reprend à son compte une formule largement éprouvée par d’autres avant elle mais elle le fait avec une dévotion et un équilibre particulièrement bien sentis. Surtout, elle a su amener une touche féminine bienvenue à son univers sans pour autant tomber dans les clichés et autres travers du genre (ces voix féminines d’opéra, ces mélodies gnangnans...), restant ainsi fidèle à une certaine vision de ce que doit être le Black Metal. Elle rejoint ainsi avec ce premier album, aux côtés d’Onielar (Darkened Nocturn Slaughtercult), Koldovstvo (Sortilegia) et Zorgh (Darkspace), la petite poignée de femmes ayant réussit à marquer le Black Metal de leurs empreintes. Bien joué madame !
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