Norrhem / Sielunvihollinen - s/t
Chronique
Norrhem / Sielunvihollinen s/t (Split-CD)
[ A propos de cette chronique ] Si depuis ses débuts NORRHEM a toujours été particulièrement productif en termes de sorties sous les formats les plus divers on peut clairement dire qu’il a accéléré la cadence depuis l’année dernière, vu qu’en à peine onze mois on a eu droit à l’excellent « Elonkehrä » ainsi qu’au live « Apocalyptic Rites VIII » tout ça avant que l’on ne rajoute aujourd’hui ce Split où l’on retrouve conjointement le projet mené par leur ancien membre Matias Autio. Proposant ici trois nouveaux titres le combo de Turku va confirmer tout son gros potentiel, et démontrer une fois encore que malgré son intense activité créatrice il garde toujours une vraie force de frappe ainsi qu’une inspiration de tous les instants où ça ne s’essouffle jamais, et ce bien que le tout soit sans surprises et que l’on reconnaissance sans peine sa patte si caractéristique. Néanmoins il va ici oser un peu plus en s’inspirant de la musique entraînante de SIELUNVIHOLLINEN... et réciproquement d’ailleurs, car si les deux formations vont garder leur ligne de conduite originelle elles vont picorer à gauche et à droite des éléments reconnaissables de chacune d’entre elles, même si pour commencer elles ne vont prendre aucun risque afin de ne pas dérouter l’auditoire trop rapidement.
Et il aurait été dommage que cela arrive car le groupe de Valtteri Tuovinen va d’entrée déployer toute son envergure avec l’impeccable « Aurinko Ja Teräs », où la vitesse et la noirceur vont être mise en avant de façon continue et relativement égalitaire. Utilisant une facette moins phantasmagorique mais plus occulte et remplie d’accents épiques cette plage addictive et entraînante joue sur le dynamisme permanent et accrocheur, même si tout cela reste très balisé et sans surprises. Pourtant preuve de la qualité d’écriture ici présente on reste à l’écoute de façon attentive et totalement emporté par la tempête nocturne qui retentit ici, avant que l’ensemble ne se densifie de façon plus marquée via le magnifique « Huokaavat Kentät ». Proposant ici leurs deux facettes les plus extrêmes les gars montrent toute leur virtuosité musicale en misant autant sur le tribal acoustique aux ambiances lentes et hypnotiques, que du côté des blasts et de la féérie solaire majestueuses. Tout ça étant exécuté facilement et de façon relativement équilibrée, où se greffent des paroles inspirées par l’œuvre du poète local Kaarlo Kramsu (à qui on doit la citation « Celui qui pleure ses peines en reste captif ») riche en mythologie et folklore régional, et dont le rendu musical y correspond entièrement. Et afin de terminer dignement sa partie la bande va repartir sur du tempo enlevé avec l’excellent et guerrier « Vihollisen Verestä » où se mêle une envie d’en découdre communicative car ça ne débande jamais, tout en voyant l’ajout de nappes futuristes étonnantes mais qui sied parfaitement à l’ensemble, et nul doute qu’on est en présence d’un futur classique scénique tant il a tout pour faire remuer le public avec son petit côté festif. Si cette dernière réalisation sent indéniablement l’influence du "rival " qui arrive il faut bien reconnaître que cela passe totalement et avec goût, vu qu’il s’en inspire sans jamais le copier et que cela trouve facilement sa place dans un répertoire conséquent et de qualité. Cela confirme donc ici qu’on peut être à la fois qualitatif et productif, tant cela s’affine avec le temps et sans y perdre en intérêt, et il fait peu de doutes que la prochaine livraison (sans doute d’ici quelques mois) sera du même acabit et toujours aussi redoutable.
Du côté de son voisin s’il est clairement moins connu que le précédent il est cependant tout aussi rapide à enchaîner les sorties vu que depuis ses débuts en 2011 il en est déjà à quatre albums, complétés par plusieurs Démos et travaux en communs et porté par une idéologie radicale du côté des religions quelles qu’elles soient. Jouant sur un style plus dépouillé et primitif le projet solo de sa tête pensante (où se greffent des membres de session pour les concerts) va proposer une facette plus directe aux accents presque Punk tant l’écriture y est très simple, et cela s’entend directement sur l’impeccable et remuant « Tuonen Nuoli » à la discrète mélodie et à la simplicité d’exécution. Entraînant et presque dansant il offre une vraie vitalité à une composition taillée pour le live et qui va être totalement différente du long et majestueux « Löi Sodan Viikatteet ». Durant dix minutes il nous envoie deux facettes totalement opposées où le côté joyeux est totalement absent et se fait au détriment d’une froideur extrême où se mêlent entrain communicatif et blasts dévastateurs sur un rythme guerrier au possible... et ce avant qu’un court break acoustique n’intervienne, et ne voit l’apparition d’une tristesse accentuée aux légères nappes atmosphériques. Tout ça sans compter une ambiance religieuse intense de par ses chœurs dignes d’une messe mortuaire qui ajoutent au climat de recueillement et de peine que l’on pouvait ressentir, et vient ainsi clôturer la partie de cette entité au gros potentiel et clairement à découvrir, tant elle sait se mettre au niveau même en sortant de sa zone de confort et en essayant de se montrer plus ambitieux.
Du coup avec cet enregistrement aux deux versants totalement opposés les deux compatriotes ne se loupent aucunement, vu que pour une ça n’est qu’une confirmation de plus de son talent qui ne s’effrite pas et pour l’autre que sous ses airs simpliste et dépouillé il sait monter en pression et aller plus loin dans l’écriture pour ne pas être qu’un énième ersatz de Nsbm sans véritable intérêt. On passera de toute façon outre l’idéologie pour ne retenir que l’essentiel... le gros son, et de ce point de vue on est gâtés entre une confirmation et une découverte de toute beauté qui démontreront une fois encore que la Finlande est toujours aussi impressionnante qualitativement que quantitativement, et qu’elle est capable en permanence de nous envoyer de belles découvertes significatives. Comme quoi il n’y a pas besoin d’être nombreux mais bel et bien d’avoir simplement une vraie sincérité conjuguée à une motivation sans failles, tels que les nordiques sont capables de le faire constamment et avec vigueur... signe de leur vitalité décidemment inépuisable, combinée à une source inépuisable d’inspiration puisée au sein des immenses forêts et des grands lacs.
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