Pauvre Ukrainien, pauvre
LUTOMYSL. Victime de la mode, victime de la lassitude de l’auditeur, victime de son acharnement à être lui-même. Oui,
Ecce Homo, son 9ème album, a fait beaucoup moins parler que ses prédescesseurs, comme déjà
Overcoming Babel en 2012 avait attiré moins d’attention. Cela faisait pourtant 6 ans que nous n’avions pas eu de nouvelles de notre bonhomme, et nous aurions pu penser que les fans allaient être chaud patate, sur les dents et ravis d’avoir de nouvelles compositions, mais non, c’est plus ou moins le syndrome
DRUDKH qui a frappé.
LUTOMYSL fait apparemment trop du
LUTOMYSL pour recréer les engouements de ses sorties des années 2000.
Il a pourtant évolué au fil du temps, devenant moins incisif et plus réfléchi. En mettant les guitares et l’homme derrière elles plus en avant. Alors que la base musicale du groupe est restée la même, son image a changé, et cela a pu aussi déplaire à un public qui le souhaiterait plus evil, plus sombre dans le visuel. C’est vrai que, depuis 2010 et l’album sans titre, le musicien chanteur use des couleurs claires, met des photos de lui en tenue de ville, montre une image moins torturée... Cela joue. L’imaginaire a une forte importance et bien que les compositions de cet opus soient torturées, on a du mal à oublier la luminosité du personnage.
Alors il faut faire un effort pour se plonger dans la musique et s’imprégner des ambiances une nouvelle fois réussies. 9 titres, 51 minutes. Car cest toujours magique du
LUTOMYSL, avec une patte personnelle. Les vocaux écorchés sont terrifiants, laissant entrevoir un homme fatigué et lassé par la vie, rampant à terre et n’arrivant pas à se relever. Les guitares sont toujours aussi enchanteuses, montrant que Lutomysl est un véritable musicien. Il crée avec attention ses morceaux et sait mettre en valeur certains passages, en jouant par exemple avec le volume, ou bien en utilisant sa botte secrète imparable : arrêter les instruments pour n’en laisser plus qu’un seul s’exprimer. Alors que le morceau est déchainé, il freine tout d’un coup et arrive à sublimer le tout. Je me fais avoir à tous les coups. Là, ce sera sur « Fallacies of Life », « To Pass by the Guard » ou encore « Ecce Homo ».
Mais effectivement, ce sont des éléments qui n’ont rien de novateur chez l’Ukrainien et l’on a un peu l’impression d’écouter de simples variantes à des titres qui se trouvaient sur d’anciens albums. Une impression de déjà-entendu. De mon côté aussi, cela m’empêche de classer
Ecce Homo en haut des sorties de
LUTOMYSL, mais cela ne m’incite pas à mettre une mauvaise note. Le charme opère, je retrouve avec plaisir cette formation qui m’a fait et continue de me faire vibrer grâce à son mélange d’émotions, d’agressions, et d’envolées mélancoliques...
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