Disparu de la circulation pendant près de cinq ans, le projet franco-finlandais Frozen Graves a finalement décidé de refaire surface avec la parution en septembre 2022 de ce deuxième album intitulé
An Age Of Emptiness. Une sortie opérée une fois de plus sous les couleurs du label finlandais Kuunpalvelus (petite structure particulièrement discrète tenue par l’infatigable Rauta de Circle Of Ouroborus, Karmic Void, Kêres et tout un tas d’autres formations toutes aussi recommandables) avec en prime le soutien du label allemand Amor Fati Productions en charge de promouvoir sur Bandcamp la version numérique. Bref, bien que je ne sois absolument pas en avance pour venir vous délivrer la sainte parole, l’annonce de ce retour fût néanmoins accueilli comme il se doit, c’est à dire avec enthousiasme et excitation.
En effet, sans être un disque révolutionnaire en mesure de bousculer les frontières et autres bêtises de ce genre,
Frozen Graves s’était avéré à l’époque particulièrement convaincant dans son genre. Un premier jet balisé mais solide qui se laissait goûter avec plaisir avec en supplément un véritable goût de reviens-y. Pour cette reprise d’activité, le trio n’a rien changé à sa formule (si ce n’est le dosage mais on y reviendra) à commencer par son line-up resté identique. On retrouve ainsi derrière le micro monsieur Khaosgott de Cénotaphe accompagné naturellement par Vandra (Assymetry) et Luxixul Sumering Auter (Aeon Furnace, Tetrasigil, ex-Cosmic Church...), les deux Finlandais à l’initiative de ce projet dont les premiers balbutiements remontent à une dizaine d’années.
Composé de huit nouveaux morceaux, ce deuxième album a été enregistré pour la troisième fois consécutive (eh oui, il s’agirait de ne pas oublier la démo
Seeding Will parue en 2015) au Elemental Cavern Studio (Circle Of Ouroborus, Kêres, Cosmic Church, Starcave, Venus Star...) à l’exception encore une fois du chant couché sur bande quelque part en France (Nimidaz Studio). Une situation quasi-identique à celle de son prédécesseur (le chant avait à l’époque été capté au studio Le Caveau) mais qui néanmoins diffère par son résultat final. En effet, si la production de
Frozen Graves se voulait âpre et tendue, celle de
An Age Of Emptiness se montre bien plus spectrale et aérienne. Un choix qui n’a évidemment rien d’anodin puisqu’à vrai dire le trio à choisi pour l’occasion de quelque peu chambouler son approche.
En effet, sans pour autant intenter à son identité, Frozen Graves propose avec ce deuxième album un Black Metal beaucoup plus atmosphérique et par conséquent un poil moins agressif et virulent que par le passé. On va naturellement trouver quelques séquences encore relativement soutenues faisant écho au premier album du trio (je pense notamment à "An Age Of Emptiness" à 0:45 et 1:40, "Past The Horizons" à 0:28 et 1:22, "Breaking The Laws Of Harmony" et son petit côté Rock’n’Roll ou bien encore la première partie de "The Temple Levitates" ainsi qu’à compter de 2:01) mais dans l’ensemble on constate tout de même assez rapidement que Frozen Graves a largement levé le pied au profit de passages beaucoup plus aériens. Une appétence que la formation entretenait déjà précédemment mais qu’elle a donc souhaité explorer plus en profondeur sur ce nouvel album.
Ainsi, si le format des compositions ne s’est pas du tout allongé, c’est bien la place qu’occupe ces séquences qui a été revue. Des instants toujours très largement soutenus par la présence quasi-systématique d’un clavier dont les nappes vaporeuses et lointaines vont contribuer à offrir à Frozen Graves ces ambiances spectrales dont vont se draper chacune de ces huit nouvelles compositions. Comme avec son prédécesseur, on serait tenté de se dire qu’un clavier omniprésent n’est pas forcément une bonne idée mais il faut bien reconnaître que le trio a su une fois de plus s’en servir intelligemment, utilisant ainsi ces volutes synthétiques de manière suffisamment discrète pour être distinctement perçues sans pour autant prendre le dessus sur les reste des instruments.
Bien qu’il joue donc un rôle majeur dans l’identité du Black Metal de Frozen Graves, le clavier n’est pas le seul responsable de ces atmosphères. Le soin et l’importance accordés aux mélodies jouent également un rôle prépondérant qui offre aux franco-finlandais cette possibilité de faire la différence. De "An Age Of Emptiness" à 0:45 et 2:21 à "Past The Horizons" et "My Permanent Home In Solitude" et leurs premières secondes particulièrement envoutantes en passant par "Breaking The Laws Of Harmony" à 1:01, "The Indistinct Menace Of Treason" à 3:04 ou bien encore "Indivisibility", difficile de ne pas se laisser happer par ces mélodies envoutantes qui vont alors nous transporter dans des paysages à la fois grandioses et désolés entre néant effrayant et solitude amère...
Reste la performance de Khaosgott que je trouve tout de même un tantinet plus expressif que sur le premier album (à la manière finalement de ses piges chez Cénotaphe). Car si on reconnaît toujours très vite sa voix étranglée et poignante, ses charges émotives s’avèrent effectivement plus fortes et vibrantes qu’il y a cinq ans. Il est clairement un atout à la musique de Frozen Graves et un vecteur d’émotions extrêmement puissant.
Quelque peu passé à la trappe après cinq ans d’absence, Frozen Graves fait un retour relativement inespéré avec un deuxième album au moins aussi convaincant que son prédécesseur si ce n’est même peut-être davantage (en tout cas probablement un poil plus mémorable). Je dis bien "peut-être" car cela dépend pas mal de votre tolérance en matière de Black Metal atmosphérique et mélodique. Moins intense qu’il ne l’a été le passé, le groupe profite effectivement de ce deuxième album pour aborder des contrées plus lointaines et fantomatiques. Un parti pris intéressant puisqu’il permet de sublimer le travail mélodique de la formation et de mettre davantage en avant les capacités vocales d’un Khaosgott toujours aussi impeccable. Et puis on ne va pas se mentir, c’est aussi l’occasion de découvrir une autre facette de Frozen Graves ou plus exactement de le voir mettre l’accent sur celle-ci. Bref, si le trio franco-finlandais ne fera pas plus de bruit avec ce nouvel album qu’avec son prédécesseur, on reste ici sur un Black Metal particulièrement solide qui mérite que l’on s’y arrête.
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