Nine Covens - On the Dawning of Light
Chronique
Nine Covens On the Dawning of Light
Tout le monde le sait, on ne dit pas « C’est pas bon », on dit « Je n’aime pas » ! Alors même si cela peut sembler être un exercice de castration éducative ou un quelconque dérapage lié au politiquement correct, il ne faut pas oublier que la première raison de cette correction de langage vient d’une question de politesse et de respect envers celui qui a fait le repas devant nous, voire envers une tierce personne qui aurait aimé ce que l’on vient d’ingurgiter avec dégoût. Bien que ce soit effectivement dans une situation alimentaire que ce genre de discours apparaisse, il est souvent appliqué à d’autres domaines comme le cinéma, la peinture ou encore la musique, thème qui nous touche particulièrement sur Thrashocore.
Alors c’est pour cela que vous me verrez rarement utiliser les expressions « merde », « sombre nullité » ou « rigolos à manches courtes ». Surtout que, vous en conviendrez, cela ne donne pas énormément d’informations sur un album et ne renseigne pas suffisamment le lecteur. Oui, je sais, ceux qui aiment quand ça charcle sont déçus... Mais en y réfléchissant, c’est un peu comme quand on parle d’album « sur-estimé » ou « sous-estimé ». Finalement, ce n’est plus se baser sur une relation bipolaire entre la musique et le rapport que l’on entretient avec elle, mais se positionner en fonction de ce qu’une majorité à énoncé à un endroit et à un moment donné. Ce n’est plus parler d’un album en expliquant ce qui nous a plu ou déplu mais se mettre en opposition à un ensemble de personnes. Ah oui, la chro d’aujourd’hui elle fait bobo à la tête.
Là où je veux en venir, c’est à WATAIN. Qu’est-ce qu’on a pu nous bassiner quand même avec WATAIN lors de la sortie de Lawness Darkness ! WATAIN disque d’or, WATAIN le sauveur du vrai black à cornes, WATAIN par-ci, WATAIN par-là... Eh oh, stop là ! WATAIN, WATAIN... mais va-t-en oui ! Je n’ai pas trouvé cet album mauvais, mais j’ai trouvé les réactions exagérées. Moi qui tente de ne pas être influencé par ce qui entoure un groupe, sa promo, ses interviews, ses trailers à outrance etc... j’ai quand même bu la tasse et fini par raisonner en terme de « sur-estimation » que j’abhorre généralement ! Un paradoxe ? Bof surtout une déception de voir que le martelage promotionnel faisait son effet et que d’autres groupes restaient dans l’obscurité malgré un talent au moins aussi évident !
Et c’est là qu’enfin on parle de NINE COVENS, un groupe anglais mystérieux qui ne dévoile pas son line-up et opte donc pour une autre promotion, moins basée sur l'humain et plus sur la musique. C'est pour cela qu'il y a quand même des clips de tournés. Par contre, cette attitude pourrait faire passer certains à côté de son bon deuxième album et ce serait bien dommage vu la maîtrise qu’il a de son sujet et son talent pour venir tourmenter les esprits. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’il a signé chez Candlelight, ce label qui prouve une nouvelle fois qu’il a du flair. Malgré les années il sait sélectionner ses groupes et trouver de nouvelles perles. NINE COVENS est ainsi à rapprocher de ses collègues d’écurie THRONE OF KATARSIS, YAOTL MICTLAN ou autres 1349 qui, chacun à leur manière, ont su mêler talentueusement agressivité et riffs mélodiques.
Nos Anglais ont en fait le même talent pour accrocher l’oreille en proposant un black où l’obscurité est presque totale, juste dérangée par un néon défaillant qui apporte plus d’angoisse que de luminosité rassurante. C’est ce mélange qui domine sur la plupart des 9 titres dont « As Fire Consums » ou « The Fog of Deceit » qui sont de véritables hymnes à la noirceur aux riffs entrainants et efficaces, prêts à venir hanter vos nuits. On trouve aussi certains morceaux plus directs et haineux dont « At the Ocean’s Strand » ou « To Quench A Raging Flame » qui sont aussi plus courts avec moins de 5mn au compteur et font penser à DODSFERD dans leur agressivité et injonctions mais aussi à cause de quelques mimiques vocales similaires. Ailleurs, les bougres se permettent de calmer le jeu sans devenir mous du genou comme sur le très lent et rampant, vicieux et empoisonné « The Mist of Death » ainsi que sur l’instrumental de 7 minutes « White Star Acception ». Ce dernier permet à la fois de souffler et de montrer un autre visage du groupe. L’obscurité presque totale y fait place à une légère clarté à travers un petit côté post-black à la DEAFHEAVEN. C’est l’aube d’un nouveau jour qui point mais ne dure pas et s’efface finalement puisque les deux derniers titres, et donc les 10 dernières minutes de l’album, rejoignent la noirceur initiale. Aucune longueur n’est à souligner sur cet album et au contraire les changements de rythme le font passer très rapidement.
Malgré les qualités énumérées et le plaisir véritable à l’écoute de ces 45mn, il reste encore quelques améliorations à apporter. Il manque avant tout cette sacro-sainte personnalité qui me fait mettre des notes supérieures et je ne serais pas sûr de reconnaître le groupe dans un blind test, faute de réelle patte. De plus, le groupe contrôle trop sa musique et plus de folie aurait permis à l’ensemble d’être plus marquant et de gagner aussi en naturel. Ces reproches ne sont que des petites choses, du chipotage qui ne doit en aucun cas vous décourager d’essayer car si vous avez trouvé que WATAIN était sur-estimé, il se peut que vous trouviez que NINE COVENS soit sous-estimé ! Voilà, moi en tout cas, ma thérapie est finie et je vais pouvoir arrêter ma fixette sur WATAIN qui n’est d’ailleurs pas le groupe à comparer musicalement à NINE COVENS... Juste sur le plan d’une démarche et des ambiances evil evol...
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