Belial's Throne - Forgotten Land Of The Lost Souls
Chronique
Belial's Throne Forgotten Land Of The Lost Souls
Avec un nom pareil on sait d’emblée à quoi s’attendre musicalement... et de ce côté-là il n’y a effectivement aucune tromperie sur la marchandise, vu que les Irlandais nous plongent directement et en continu dans un Black Metal authentique et rugueux qui sent bon le soufre des années 90. Cependant malgré une musique résolument rétro le quatuor est relativement jeune au sein de la scène locale vu qu’il s’est créé en 2016 à Carlow, ville réputée pour ses châteaux médiévaux et ses constructions moyenâgeuses et il faut croire que ce cadre historique a influencé la musique du combo qui livre trente-six minutes de gros son sans surprises et balisé, mais diablement efficace. Car à l’instar des locaux de SACRILEGIA la formation (composée d’expatriés venant de Grèce, Pologne et Croatie) balance ici quelque chose d’impeccable, qui sans réinventer quoi que ce soit ni marquer l’année a quand même nombre d’arguments à faire valoir sur fond d’une écriture simple, d’une technique jamais omniprésente et d’une homogénéité constante sur la durée.
En effet si on va avoir régulièrement la sensation justifiée d’entendre du recyclage du côté des patterns comme des riffs au sein des sept morceaux ici présents, tout cela ne va pas nuire à l’ensemble qui va osciller entre moments très efficaces et moments de gloire guerriers et entraînants. Et histoire de donner le ton d’entrée c’est le titre le plus long de cette galette qui va servir de point de départ (« Forgotten Land Of The Lost Souls ») et va montrer tout le talent de ses auteurs, qui jouent autant sur la violence furibarde et déchaînée que sur des parties lentes et rampantes à la fois sombres et glacées. Avec en prime un rendu impeccable et aiguisé on comprend donc qu’ils sont doués et attractifs quel que soit le tempo employé, et cela sera confirmé dès la plage suivante (le sans surprise et impeccable « Void ») qui va mettre au jour la météo changeante de la Scandinavie. Car on navigue ici en pleine scène Nordique où se mêle la blancheur tempétueuse et neigeuse à la noirceur et l’obscurité des longues nuits hivernales, et cela va s’amplifier sur l’excellentissime « Ascension Ritual » où le blizzard est de rigueur et les armes de sortie. Tout ça étant porté par une rythmique enlevée entre médium et vitesse où l’on a envie de secouer la tête tant c’est épique à souhait... un constat partagé sur l’identique et monstrueux « Rejoin At Dusk », tout en cavalcade combattante idéale pour headbanguer malgré le froid coupant qui s’en dégage.
Si les passages en mid-tempo sont absolument jouissifs et permettent aux musiciens de se faire plaisir, il serait dommage de sous-estimer les passages plus bas-du-front joués à deux cent à l’heure... comme ceux plus lents et oppressants. Et de ce côté-là il suffit d’aller chercher le brutal et sans concessions « Halls Of Silent Kingdom » qui ne débande pas un instant et ne se montre nullement répétitif malgré son côté dépouillé à l’extrême, tant il y’a suffisamment de subtilité pour ne pas être une vaste boucle musicale sans âme et répétitive. On peut d’ailleurs penser la même chose de « Pit Of Dead Realm » qui mise au contraire largement sur le bridage et la lourdeur aux accents hypnotiques et gelées, qui réussit largement son examen en proposant quelques courtes alternances explosives même si un soupçon de puissance supplémentaire aurait été bienvenu. Cependant ce point de détail ne va pas remettre en cause les bonnes choses déjà entendues auparavant, et qui vont se faire entendre sur le court et varié « Last Time We Meet » ainsi que « Outro » tout en arpèges apaisants - comme pour signaler que la tempête est passée et que le retour au calme est imminent. Et même si au final on aura du mal à retenir un moment plus qu’un autre et qu’un soupçon de personnalité n’aurait pas été de refus (bien qu’on sente un potentiel qui ne demande qu’à s’affirmer avec un soupçon d’expérience supplémentaire) on ne va pas faire la fine bouche devant cette œuvre qui s’écoutera sans coup férir, et procurera une durée d’écoute conséquente. Néanmoins même si tout cela est joué avec ardeur et impeccable dans l’exécution il est évident qu’au final on retournera une fois arrivé au bout de l’écoute vers les ténors immortels, car pour le moment ça reste de la deuxième division mais du haut du panier de cette catégorie, vu que ça fait le métier avec passion et envie... tout ce qu’on demande en fait, et cela suffit amplement pour passer un excellent moment auditif et musical toujours bon à prendre pour se vider la tête et se rappeler de bons souvenirs personnels.
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