Passéisme - Eminence
Chronique
Passéisme Eminence
J’ai toujours eu une affection particulière pour Antiq Records, même lors de leurs débuts, où les moqueries sur leurs groupes, leur style, leur accoutrement parfois, faisaient florès sur VS ou d’autres webzines. Fort d’une image marquée, d’une authenticité qui ne s’est jamais démentie, j’ai toujours considéré que ce label faisait partie des courageux, de ceux qui tiennent dans la tempête et s’évertuent coûte que coûte à dénicher la perle rare dans la vase infâme.
Passéisme est de celle-là. De ces groupes pertinents venus de nulle part, dont l’univers médiéval et le nom de scène semblent annoncer un énième groupe issu de la campagne française. Sauf que Passéisme est russe. Mais ça ne change pas grand-chose à l’affaire car, de mon point de vue, l’estomac de son BM est français. Des influences à la teneur du propos, de l’univers graphique aux structures musicales, Passéisme pourrait bien avoir copulé avec Peste Noire, Aorlhac, Véhémence… qu’on y verrait que du feu. Mais là encore, peu importe car le combo soviétique n’est pas un clone. Il ne s’est pas contenté de s’abreuver à la source. Il a apporté à sa mixture de BM et d’ambiances médiévales des effluves de sa région, le côté hyper dense et brutal que l’on peut trouver chez Forest par exemple mais sans jamais écarter les mélodies épiques qui ont fait la valeur des scènes russe et ukrainienne, sans jamais se départir de la touche de nuances folk qui fait de son tableau sonore une réussite éclatante.
Réparti en 7 chants, pour autant de morceaux donc, Eminence en a dans le slip. Chant for Tribulation attaque pied au plancher, qui permet de découvrir d’emblée le chant monstrueux de KK, moins profond que chez Hate Forest mais très punk dans l’esprit, animé d’une urgence immersive, et les nombreuses digressions mélodiques qui habillent le morceau. Les cassures sont nombreuses, les reprises tout autant mais les titres ne perdent jamais le fil. Chant for Tribulation appuie sur ses ruptures pour relancer des lignes de basse très brutales et permettre aux mélodies de tricoter autour de ce mur de son ; Chant for Harvest est moins violent et plus folk mais les cassures ont un autre rôle, qui est surtout d’offrir des ponts rapides emballant le morceau, à l’urgence punk là encore ; Chant for Austerity débute sous des auspices très brutaux, très saccadés, la rupture mélodique centrale, presque heavy, assurant la relance de la dynamique élevée du titre dans une vision plus linéaire, plus classique.
Loin de se contenter d’une formule répétée à l’infini, Passéisme varie tout au contraire le propos. Chant for Insolence est par exemple très « pop » dans l’esprit, son riff principal est entraînant et tournoyant, comme la ligne de basse, ultra groovy, très ronde et chaude. Chant for Parade, de son côté, n’est qu’explosion punk/BM, sans trace de mélancolie mais dopé par une basse frénétique alors que Chant for Splendour (en français) lui offre le contraste parfait, ses atours intégralement acoustiques venant calmer la tempête.
Quant à Chant for Enlightenment, le morceau qui sert d’outro de plus de 10 minutes, sa structuration permet de conclure en synthétisant les 6 autres morceaux. Arcbouté sur des riffs destructeurs, rapides et tournoyants, ce dernier titre immerge l’auditeur dans un mur de son hyper dense que seul le pont central vient aérer en délivrant des phrasés mélancoliques typique de la scène slave.
Passéisme est un jeune loup slave aux dents longues. Son premier effort est tout à fait remarquable et mérite une pleine attention des amateurs de la scène BM. Synthétisant le meilleur des scènes slave et française, tout en apportant sa touche personnelle, Passéisme est promis à un bel avenir.
| Raziel 19 Juin 2021 - 1843 lectures |
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