Revenge - Scum.Collapse.Eradication.
Chronique
Revenge Scum.Collapse.Eradication.
Une page s'est tournée l'année dernière pour l'entité dont il est question ici puisque l'emblématique binôme qui la portait envers et contre tous s'est dissous. Après Ryan Förster il y a quelques temps déjà, c'est Pete Helmkamp l'ancien ANGELCORPSE qui est parti vers d'autres cieux... c'est donc le marteau piqueur en chef James Read, force de frappe du mythique CONQUEROR dont les fans du genre n'oublieront jamais le marquant War Cult Supremacy, qui a repris pour son compte la baraque REVENGE. Ce nouveau disque sorti chez Osmose a d'ailleurs bien traîné en longueur puisque le désormais ancien chanteur/guitariste du groupe avait quitté le navire, si mes souvenirs sont bons, en plein milieu de l'enregistrement, retardant sans doute la sortie attendue de ce Scum.Collapse.Eradication dont les plus chanceux avaient pu écouter les premières bribes durant la tournée que les canadiens avaient réalisé avec les excellents INQUISITION lors d'un « Ominous Doctrines over Europe » qui avait marqué les esprits, le mien en premier. Le plaisir de se prendre du « Death Heritage (Built Upon Sorrow) » ou du « Blood Of My Blood » en pleine poire était décuplé par celui d'entendre de nouveaux titres, dont j'avais pu remarquer la lourdeur et la force, nouvelles peut-être pas, mais déjà diablement efficaces sur scène. Accompagné de Vermin (guitare session) et de Haasiophis (basse session) en live, James Read démolissait tout derrière ses fûts, annonçant un disque ravageur pour cette année 2012.
C'est sous l'hospice ravageur du martèlement martial de caisse claire que notre homme revient, seul, annoncer la fin de toute forme de vie à ses fidèles dans une nouvelle salve guerrière et totalitaire qui succède donc à un Infiltration.Downfall.Death qui était déjà une franche réussite. Premier constat, cette nouvelle marche implacable le surpasse de la tête et des épaules du point de vue du son. Charleston, caisse claire et grosse caisse ont été améliorés en un bloc compact qui met à merveille en valeur l'épicentre de ce nouveau disque : la batterie, qui a un rôle central à y jouer.
La voix de James Read n'a rien perdu de son allant : growls ultra caverneux et hurlements inhumains rythment un disque dans lequel les salves guerrières se succèdent dans un ensemble on ne peut plus homogène qui a pour seul et unique objectif l'annihilation. Certains pourraient presque regretter l'absence de Pete Helmkamp à ce niveau là, tant ses offensives vocales atypiques superposées à celles de Read étaient un pas en avant dans la terreur jouissive que nous proposaient les Canadiens, mais Scum.Collapse.Eradication ne souffre en aucun cas de cette absence au vue de l'éjaculation de violence pure qu'il livre, une fois de plus, pour le plus grands plaisir de ceux qui aiment ce prendre ce genre de barbarie en pleine face. De toutes façons, c'est cette voix extrêmement profonde et terrifiante qui a toujours porté les assauts des Canadiens : sa seule présence se suffit à elle-même, d'autant plus que son chant est ici parfaitement mis en valeur par une production plus « soignée » (avec toutes les guillemets que vous voulez) que d'habitude et laisse le loisir à notre homme d'exposer toute la profondeur de sa voix.
« Us And Them (High Power) », après une entrée en matière aux slides biens lourds ponctuant des mesures étouffantes -évoquant d'ailleurs celle d'« Infinite Majesty » sur l'énormissime War Cult Supremacy- nous fait entrer la tête la première dans ce tempo déchaîné habituel comportant soli dissonants, giclées de guitares débridées et coups de boutoirs inébranlables : la recette REVENGE reste inchangée et règne une fois de plus en maître sur ce nouvel opus. Rien d'étonnant, non, mais là où les Canadiens brillent, ce sont dans ces ralentissements, domaine qu'ils affectionnaient déjà dans le passé et dans lequel ils n'ont jamais été aussi performants, à l'image de celui qu'on peut trouver dans « Parasite Gallows (In Line) » qui est l'un des chefs d’œuvre de ce nouveau disque. Très bien agencé, ce morceau cumule apocalypse typiquement signé REVENGE et ralentissement lourd au possible, augmenté par un jeu de batterie extrêmement martial, lourd et oppressant, comme sur la piste de clôture « Scorned Detractor (Trust No One) » où elle pèse de tout son poids sur le morceau. Ce dernier morceau est là encore un des meilleurs morceaux du disque, grâce à un tempo qui parvient à évoluer sans baisser pavillon, sa rage surpuissante globale restant intacte. Cette maîtrise de la part de James Read se ressent en permanence, à l'image du martèlement chaotique qui intervient dans les derniers instants de « Burden Eradication (Nailed Down) », interrompant habilement la déferlante de riffs épileptiques. Le tumulte règne pour autant en maître dans ce nouveau disque qui ne souffre d'aucune baisse de régime durant 35 minutes de haine pure, une durée qui lui sied parfaitement et lui permet d'exprimer toute sa densité.
D'autre part, la sobriété de l'artwork n'a d'égal que l'efficacité primitive des compositions du Canadien, outre la pochette comme toujours en noir et blanc parfait, des paroles autoritaires distillées à travers des fils de fer barbelés plantent à la perfection ce décor guerrier et belliqueux propre à l'imagerie du combo, qui reste toutefois sobre et sans beaucoup de clichés contrairement à beaucoup de groupes du circuit qui utilisent souvent des images de guerre sans pour autant les faire ressortir aussi bien dans leur musique. REVENGE écrase, REVENGE tabasse sans répit et on ne peut que reconnaître que REVENGE ne cesse d'imposer sa marque si particulière dans cette scène dans laquelle tant de groupes officient aujourd'hui, depuis qu'on a redécouvert BLASPHEMY et tous ses classiques ces dernières années. Pourtant, REVENGE émerge encore et toujours en tête avec cette façon atypique de pratiquer un Black Metal : de la manière la plus violente et jusqu'au-boutiste qui soit. Indigeste et incompréhensible pour certains, défouloir ultime et exutoire réel pour d'autres, le groupe (qui est, pour ce qui est de l'enregistrement, quasiment devenu un one man band aujourd'hui) aura toujours son public derrière lui, et ce n'est certainement pas avec ce Scum.Collapse.Eradication désintégrant qu'il le lâchera. Si le format studio leur convient évidemment moins bien que le format live, qui laisse exploser toute leur violence à la face d'un public généralement réceptif à ce torrent de force, on comptera en 2012 avec cette nouvelle sortie, à qui on ne pourra objectivement que reprocher la chose suivante : REVENGE ne fait que continuer inlassablement dans cette voie qu'il s'est tracé à la moissonneuse batteuse sur un sentier bien balisé depuis 2000 : à l'apogée de l'extrême, sans concession et sans fioriture. Que les aficionados du genre courent se ramasser cette galette impitoyable sur la gueule !
| Voay 1 Avril 2012 - 4136 lectures |
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