A bien y réfléchir, ce n’était qu’une question de temps avant que les Américains de Black Witchery partagent un split avec les Canadiens de Revenge. Ces deux groupes possèdent en effet un certain nombre de points communs, le plus évident d’entre eux étant bien entendu cette vision bestiale, pour ne pas dire excessive, du Black Metal.
Intitulé
Holocaustic Death March To Humanity's Doom, ce split sorti en avril dernier sur Nuclear War Now! propose de nous mettre sous la dent trois nouveaux morceaux de Black Witchery suivi par deux titres de Revenge (présentés ici sur la même piste), un inédit intitulé "Humanity Noosed" et une reprise de Bathory avec le morceau "Equimanthorn" tiré de l’excellent
Under The Sign Of The Black Mark. Pour en finir avec les présentations, sachez que deux artworks différents ont également été réalisés pour l’occasion. Malgré mon intérêt pour l’ensemble des travaux réalisés par Chris Moyen, j’ai tendance à préférer le visuel certes minimaliste mais furieusement évocateur de Revenge.
Quoi qu’il en soit, honneurs aux Américains de Black Witchery qui, sans surprise, restent avec ces trois nouveaux morceaux fidèles à cette image de groupe bestial et sans compromis qui lui colle à la peau depuis 1990, d’abord sous le nom d’Irreverent puis sous celui de Witchery. Que voulez-vous, en vingt-cinq ans de carrière jamais Black Witchery n’a changé son fusil d’épaule. Il ne risquait donc pas d’en être autrement aujourd’hui.
Après une courte introduction visant à instaurer une atmosphère occulte et blasphématoire, le groupe rentre sans tergiverser dans le vif du sujet. On est alors tout de suite attrapé par une production extrêmement compacte qui, si elle apporte une belle densité à l’ensemble, ne permet pas vraiment aux compositions de se démarquer les unes des autres. Les guitares sont ainsi placées en retrait au profit d’une batterie explosive pour ne pas dire bordélique. Derrière ses fûts, Vaz s’en donne à cœur joie malgré des séquences extrêmement répétitives. Du blast raz la gueule, entrecoupés par de très courts breaks comme celui de "Curse Of Malignancy" à 2:01 et celui de "Profanation Triumph" à 2:10. De quoi briser des nuques et exciter tous les dégénérés adeptes de ce genre de douceurs perfides. Les riffs suivent exactement le même schéma et se montrent donc aussi efficaces que répétitifs. Un riffing à trois notes, simples mais redoutables, joués en mode "repeat" jusqu’à rendre l’auditeur complètement fou. Là-dessus vient de poser la voix bestiale d’Impurath pour un résultat extrêmement bas du front à ne conseilleur évidemment qu’aux amateurs du genre déjà bien rôdé à l’exercice.
En attendant la sortie prochaine de
Behold.Total.Rejection, voilà donc de quoi patienter sagement avec le titre "Humanity Noosed" et cette fameuse reprise de Bathory que le groupe joue d’ailleurs sur scène depuis déjà quelques années. Pas de surprise là non plus puisque comme je m’en doutais avant même de lancer la lecture de ce disque pour la première fois, Revenge sort grand vainqueur de ce duel qui l’oppose sur le papier aux Américains de Black Witchery. La production se montre d’emblée un poil moins handicapante et offre, qu’on le veuille ou non, une meilleure lisibilité bien qu’elle soit toujours relativement dense et (volontairement) déséquilibrée. Ensuite, ces deux titres sont surtout moins répétitifs que ceux de Black Witchery. Car si James Read laisse exploser toute sa rage dans un jeu toujours extrêmement chaotique, "Humanity Noosed" n’est pas sans bénéficier d’un break bien plus développé (2:05) permettant ainsi d’offrir un véritable appel d’air salvateur dans tout ce bordel sauvage et guerrier. Au-delà de ce break, Revenge reprend tous les codes qu’il a lui-même établi avec pour commencer ces solos toujours aussi barbares et dissonants et ces voix complètement folles, entre cordes vocales arrachées et growl bestial trafiqué.
Quant à la reprise d’"Equimanthorn", elle reste tout à fait identifiable malgré un passage à la moulinette Revenge. Il faut dire que malgré la production étouffante, les riffs chaotiques et dissonants et ce duo de voix dégueulasses, on ne peut pas trop se tromper. En effet, entre cette célèbre introduction, ces mélodies en filigrane toujours identifiables et ce refrain bien marqué, on retrouve sans trop de souci ce qui caractérise ce célèbre titre de Bathory. Revenge y apporte naturellement sa touche personnelle tout en demeurant fidèle à l’héritage laissé par le regretté Quorthon.
A réserver aux amateurs des deux formations engagées ici,
Holocaustic Death March To Humanity's Doom ne réserve donc aucune surprise particulière si ce n’est le plaisir de retrouver quelques titres inédits ainsi qu’une célèbre reprise de Bathory. On aimerait davantage d’audace dans ce type d’exercice, comme par exemple celui de reprendre les titres de l’autre groupe même si avec Black Witchery d’un côté et Revenge de l’autre, on reste dans le même univers. Enfin ne boudons pas notre plaisir, cette collaboration reste de très bonne facture dans le genre Black bestial et sans compromis. Un disque excessif et punitif suffisant pour mettre l’eau à la bouche en attendant le prochain album de Revenge.
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