Revenge - Strike.Smother.Dehumanize
Chronique
Revenge Strike.Smother.Dehumanize
Que vous ayez du mal à le croire (comme moi) ou non, la dernière offrande des Canadiens les plus énervés de la planète remonte à il y a déjà cinq ans. Alors oui, vous allez me dire que j’oublie dans cette équation de mentionner l’existence du EP
Deceiver.Diseased.Miasmic mais à vrai dire je pense que beaucoup sont soit passés complètement à côté soit on décidé plus probablement de faire l’impasse sur cette sortie aussi courte (huit minutes) que quelconque (certainement deux des moins bons morceaux composés par Revenge ces dernières années). Si on y reviendra peut-être un jour, on va plutôt s’intéresser aujourd’hui au sixième album de James Read et Chris Ross sorti il y a quelques jours seulement chez Season Of Mist ou plus exactement chez Underground Activists, branche spécialisée dans les sorties plus extrêmes (un euphémisme lorsque l’on parle de Revenge).
Intitulé
Strike.Smother.Dehumanize, ce nouvel album marche sans surprise dans le sillage de tous ses prédécesseurs. De cette imagerie et ce langage totalitaire et belliqueux en passant par cette musique toujours aussi radicale et largement inspirée par celle de ses aînés (Antichrist, Blasphemy et Conqueror en ligne de mire), Revenge n’entend pas changer quoi que ce soit à sa formule si ce n’est cette production désormais un peu plus soignée permettant d’apprécier plus aisément les assauts menés par le groupe canadien (un constat notamment valable depuis la sortie de
Behold.Total.Rejection). Car si s’enfiler des albums de la trempe d’un
Triumph.Genocide.Antichrist ou d’un
Victory.Intolerance.Mastery relève d’une dévotion sans faille pour ce genre de Black Metal nihiliste et jusqu’au-boutiste, il faut bien avouer que depuis deux albums maintenant, Revenge à mis un peu d’eau dans son vin tant la qualité de rendu n’est clairement plus aujourd’hui un sujet de discorde. Un choix évidemment salutaire pour l’auditeur qui n’aura plus à faire preuve d’une concentration extrême pour tenter de discerner la teneur des riffs concoctés par Read et exécutés par Vermin. Le résultat beaucoup plus lisible qu’auparavant sert un riffing qui naturellement n’a pas changé d’un iota puisque l’on va retrouver ce jeu nerveux, incandescent et tout en urgence ainsi que ces fameuses descentes de manche et autres solos on ne peut plus bordéliques (pour ne pas dire incohérents) typiques de Revenge depuis maintenant plusieurs années.
Probablement conscient que
Behold.Total.Rejection était jusque-là son album le plus abouti (et cela à tous les niveaux), le duo canadien a donc tout simplement choisi de réitérer la formule. Ni plus ni moins. Dans un esprit toujours résolument très marqué par le Grindcore, on va ainsi retrouver deux titres expédiés là encore sous la barre des deux minutes. "Excommunication" et "Death Hand (Strike Dehumanization)" font ainsi office de brulots aussi expéditifs qu’intransigeants. À l’inverse et sans pour autant changer son fusil d’épaule, Revenge est également capable de tenir la cadence le temps de morceaux beaucoup longs, notamment pour le genre pratiqué et le degré d’intensité déployé. Du haut de leurs cinq minutes, des titres comme "Salvation Smothered (Genocide Of Flock)" ou "Apostasy Imposed (Takeover Mode)" ont effectivement de quoi effrayer tant il faut être capable de faire preuve de résilience pour endurer de telles agressions. Ces assauts, quasi-systématiques et toujours sans aucune pitié, ne sont interrompus brièvement que par quelques courtes séquences mid-tempo au groove martial (impossible de ne pas imaginer le chaos en salle sur le redoutable "Salvation Smothered (Genocide Of Flock)"). Bien entendu, l’auditeur continuera de se faire marcher dessus à coups de Rangers mais au moins il aura pendant ce laps de temps l’opportunité de reprendre un minimum de souffle avant une énième salve punitive qui pourrait bien finir par avoir sa peau... Enfin côté chant, pas de surprise non plus puisque James Read continue d’aboyer à la mort tout en usant plus ou moins régulièrement de sa boîte à effets pour un rendu toujours aussi dégoulinant et inintelligibles. Et au final peu importe car au-delà de ces paroles au champ lexical quelque peu restreint, le ressentit éprouvé à l’écoute de ces dix nouvelles compositions est toujours le même : une sensation d’autoritarisme et d’absolutisme à laquelle il est tout simplement impossible de se soustraire. Car il n’y a ici qu’un seul maître à bord et ce dernier n’entend pas se faire marcher sur les bottes ni se voir manquer de respect.
Comme nous l’a si bien appris Internet : "haters gonna hate". Si vous n’étiez déjà pas client de Revenge avant cet album, je vois mal ce qui pourrait vous faire ici changer d’avis. La formule, si elle s’est effectivement bonifiée avec le temps, notamment en ce qui concerne cette production désormais beaucoup moins opaque que par le passé, n’a au final pas beaucoup changé. Son crédo resté le même, le groupe canadien demeure naturellement fidèle à cette idée d’agression perpétuelle qu'il va mener systématiquement d'un bout à l'autre de chacun de ses albums. Un art qu'il maîtrise depuis belle lurette mais qu'il a réussi à fignoler depuis quelques années afin de régner sans partage sur ce genre qui plaît autant qu’il divise. Et tant pis pour ceux qui choisiront de rester sur le bas côté, Revenge finira de toute façon par avoir leur peau un jour ou l’autre...
| AxGxB 12 Juin 2020 - 2231 lectures |
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