Revenge - Behold.Total.Rejection
Chronique
Revenge Behold.Total.Rejection
Probablement déjà considéré comme le disque de l’année par tous ceux qui l’attendaient de pied ferme, la sortie de ce nouvel album de Revenge n’en a pas moins suscité de nombreuses attentes. Et on peut aisément le comprendre tant ce groupe, même s’il divise les amateurs de musiques extrêmes, fascine ceux qui ont su un jour trouver le mode d’emploi de ce Black Metal particulièrement exigeant et radical.
Après des années de collaboration avec Osmose Productions (2003 - 2012), c’est sur un autre label français (Season Of Mist via la division Underground Activists), situé cette fois-ci bien plus au sud, que le groupe canadien a jeté son dévolu pour la sortie de son cinquième album. Intitulé Behold.Total.Rejection, celui-ci reprend naturellement tous les codes qui ont marqué l’identité visuelle de Revenge depuis sa formation il y a une quinzaine d’années. Outre un artwork totalitaire et impérieux où crâne et barbelés sont de nouveau à la fête, l’intérieur du livret propose une fois de plus cette même alternance d’images puissamment évocatrices et de bribes de paroles en accord avec cette vision intransigeante et jusqu’au-boutiste. Bref, rien de bien nouveau de la part de James Read et Vermin…
Pourtant, Behold.Total .Rejection n’est pas sans livrer quelques petites surprises. Et s’il ne faut rien attendre de significatif, celles-ci apportent tout de même un soupçon de renouveau à une recette déjà largement éprouvée depuis plus de dix ans (et encore, il y a eu Conqueror avant Revenge). La première et la plus flagrante concerne la production qui se montre nettement plus compréhensible que par le passé. Car si tendre l’oreille s’avère toujours nécessaire afin de distinguer chacun des riffs délivrés par Revenge, l’exercice est devenu moins fastidieux qu’auparavant. L’immersion dans ce nouvel album est ainsi rendue un poil plus simple et j’espère sincèrement que vous saurez vous en réjouir car c’est bien là la seule chose sur laquelle le duo Read/Vermin semble prêt à faire des concessions.
La seconde est liée à la nature même des compositions de Revenge. En effet, si la formation canadienne a toujours été cataloguée comme un groupe de Black Metal, une autre influence majeure caractérise pourtant sa musique : le Grindcore. Celle-ci a toujours été présente et cela depuis les débuts du groupe en 2000. Malgré tout, jamais avant Behold.Total .Rejection elle ne nous avait été recrachée à la gueule de la sorte, à travers des titres aussi expéditifs que "Mass Death Mass" ou "E.T.H.R. (Failure Erased)" affichant tous les deux moins de deux minutes (respectivement 1:45 et 1:26) ! A l’inverse, Revenge est tout aussi capable de charbonner sans (presque) jamais ralentir pendant plus de six minutes ("Mobilization Rites" et "Nihilist Militant (Total Rejection)"). Si dans l’absolu tout cela n’est pas nouveau, ce sont surtout les formats raccourcis (moins de deux minutes) et rallongés (plus de six minutes) qui surprendront tous les fins connaisseurs de la formation canadienne.
Pour terminer, on peut également évoquer les "dérives" de cette voix dégoulinante d’effets et de saturation. Pourtant rien de nouveau encore une fois puisque celle-ci était déjà utilisée sporadiquement par Revenge auparavant. C’est simplement que sa mise en avant semble encore un peu plus exagérée que par le passé comme l’atteste par exemple l’excellent "Scum Defection (Outsider Neutralized)" à 0:17. Mais pourquoi résister puisque finalement tout cela trouve évidemment sens dans cette débauche de violence permanente et inouïe dont nous abreuve Revenge.
Au-delà de ces quelques points de détails qui ne viennent apporter qu’un léger attrait supplémentaire à ce nouvel album, Behold.Total .Rejection s’impose très vite comme le disque le plus radical et le plus intense de toute la discographie de Revenge. James Read et Vermin n’ont en effet jamais paru aussi remontés que sur ce cinquième album. Alors que les blasts ne cessent de pleuvoir dans tous les sens (quel acharnement ! On frise l’épilepsie à chaque morceau), les riffs viennent vous laver complètement le cerveau avant de disparaître au profit de la voix arrachée et haineuse d’un James Read parti en guerre contre la Terre entière et notamment tous ceux qui ne seraient pas dignes de sa musique. A cela vient s’ajouter une série de solos complètements hystériques, un growl cradingue et monstrueux ainsi qu’une série de breaks et de ralentissements à rendre n’importe qui complètement cinglés. Cette déferlante de haine se veut d’une telle violence que j’en viens durant mes écoutes aux casques à considérer les quelques secondes de blanc entre chaque titre comme de courtes bouffées d’air frais salvatrices.
Avec Behold.Total .Rejection, Revenge ne change rien de sa stratégie totalitaire et destructrice amorcée il y a plus de quinze ans. Le groupe, dans une posture belliqueuse et conquérante, mène l’assaut fièrement et sans détour, faisant ainsi du chaos et de la mort son unique chemin de croix. Et si rien ne change dans la façon dont est menée par les Canadiens cette blitzkrieg particulièrement intense, il est bon de constater que le groupe demeure capable d’insuffler un soupçon d’inattendu entre ces coup de boutoirs incessants, ces riffs abrasifs et ces voix arrachées et schizophrène. Mais ne vous y trompez pas, Revenge ne fait pas ça pour séduire ni même convaincre. Son seul et unique but est bien de vous imposer sa vision des choses, par la force et la terreur, par la puissance et la haine, par le chaos et la destruction. Fuyez, pauvres fous !
| AxGxB 17 Décembre 2015 - 3440 lectures |
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