Black Witchery - Evil Shall Prevail
Chronique
Black Witchery Evil Shall Prevail (Compil.)
Je ne suis pas un très amateur de compil. Il y a là, comme dans les best of, une sorte de fainéantise du groupe et/ou du label, une façon bas du front de tondre davantage encore le fan de base en lui proposant, sous un joli emballage, des trucs qu’il a déjà. Pour autant, je ne dénie pas tout avantage à l’opération. D’une part, il permet souvent de découvrir des groupes à prix tendres, en jetant une oreille d’un coup d’un seul au meilleur – ou supposé comme tel – de sa carrière. D’autre part, il y a compil et compil. Il y a notamment celles dans lesquels, loin du best of, le groupe présente ses demos oubliées, ses B-side, ses chutes de studio… bref, du matériel loin enfoui sous terre et qui mérite, parfois, qu’on s’y attarde.
C’est le cas de notre client du jour, Black Witchery. War metal, black/death, death occulte, peu importe l’appellation qu’on lui sert, Black Witchery ne fait guète dans la dentelle, tu le sais. Cette compilation le rappelle.
Composée de deux disques, et donc de 4 faces (pour les amateurs de vynils), elle regroupe pour l’essentiel des titres issus de sa demo de 1997, Evil Shall Prevail, du EP de 1998 Summoning of Infernal Legions et de sa contribution au split Hellstorm of Evil Vengeance réalisé avec Conqueror. Le tout étant également parsemé de morceaux inédits, non enregistrés, tirés des travaux pour le split précité, et encore de la cover de Sarcofago Black Vomit réalisée pour le tribute en hommage au groupe brésilien en 2001. 39 minutes pour le premier CD, 38 pour le second. Tu auras compris qu’on ne va pas perdre de temps.
Il y a peu ici à dire que tu ne connais déjà. La musique du combo ricain dépote sévèrement. Le chaos est la règle, l’organisation la honte. La vitesse est réservée aux hommes forts, le ralentissement est laissé aux lâches. Le son, assez roots sur les premiers titres (Summoning of Infernal Legions) et retravaillé par la suite dans diverses sorties, permet d’entendre facilement ce qui se passe au sein de ce maelstrom de sons et d’agression. Et, de fait, c’est ce qui ressort le plus clairement (Black Witching Metal, Evil shall prevail). L’assaut est permanent et les rares mélodies (le pont sur Black Witching Metal ; même chose sur Summoning of Infernal Legions) ne permettent guère de reprendre son souffle tant elles sont, elles aussi, portées par une vitesse hors catégorie. C’est aussi, hélas, ce qui gâche l’impression d’ensemble. L’absence quasi totale de break donne une patine uniforme aux morceaux. L’agression sans relâche perd, au fur et à mesure, en impact comme cette batterie qui martèle sans cesse, dressant un mur compact impénétrable (Unholy Vengeance of War ; Demoniac). C’est déjà ce que l’on pouvait reprocher aux efforts longue durée du groupe, à la différence d’un Archgoat par exemple qui sait ralentir, décélérer pour mieux écraser.
Quant à la voix, le plus souvent hantée, noyée dans le mix, elle semble planer sur les morceaux comme une aura maléfique. Si l’on pourra regretter sa mise en retrait, on peut aussi se féliciter de l’aspect hautement occulte qu’elle offre d’instiller dans les titres, comme les deux intros/morceaux qui coupent la compil’ et plongent l’auditeur dans une atmosphère menaçante (Black Flames of Impure Desire et As Grim Shadows Drape the Heavens, trempés dans l’occulte).
On notera aussi que lorsque le groupe, notamment à ses débuts, insistait davantage sur le thrash qu’aujourd’hui (Destruction of the Holy Kingdom par exemple), sa musique en sortait bien plus diversifiée, sans perdre pour autant en intensité, à l’image de ce que peut faire parfois Impaled Nazarene, notamment dans l’utilisation de la basse (Unholy Vengeance of War ; Into Damnation Eterna). Les lead offraient alors quelques aspérités où s’accrocher, quelques points de repères et de relance du morceau qui, on l’a dit, font aujourd’hui défaut. La densité globale du propos est en effet à double tranchant, qui peut ravir le guerrier comme épuiser l’amateur de cassures rythmiques.
En somme, cette compil’ vaut surtout pour le matériel rare et introuvable qu’elle contient, bien davantage qu’elle ne propose une photographie du groupe. A réserver aux amateurs du style et/ou du groupe même si les plus avides de sensations chaotiques pourront aussi y trouver leur compte.
| Raziel 8 Avril 2018 - 740 lectures |
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