Faruln - Anti Spirit
Chronique
Faruln Anti Spirit
Révélé il y’a un peu plus de trois ans avec le prometteur
« The Black Hole Of The Soul » le projet solo d’Andreas Båtsman aura mis du temps pour passer l’étape du premier album, celui-ci ayant choisi de peaufiner au maximum chacun des huit titres ici présents plutôt que de se dépêcher et risquer de décevoir un auditoire au taquet. Car l’Ep présentait de bien belles choses et un potentiel vraiment à suivre, et de fait pour franchir cet échelon supplémentaire dans une carrière musicale il faut se donner le moyen de ses ambitions, et outre une longue attente finalement bénéfique il fallait aussi un humain derrière la batterie, et non une boîte à rythmes programmée. Si cette dernière n’était pas dégueulasse loin de là cela nuisait quand même un peu aux compos qui manquaient de naturel et de piquant, mais qui ne demandaient qu’à être plus aguicheuses en présence d’un vrai frappeur, et le moins que l’on puisse dire c’est que cela va être totalement bénéfique à l’ensemble fort attractif et qui confirme les belles promesses entrevues auparavant.
En effet pendant presque quarante minutes c’est un déluge de froideur et de neige qui va s’abattre dans les oreilles, sans pour autant que la violence y soit prépondérante – vu que sa tête pensante privilégie les rythmiques relativement posées et celles en mid-tempo - les déchaînements de violence n’intervenant qu’avec parcimonie mais toujours de façon juste et appliquée. Pourtant c’est bien le côté débridé qui va ouvrir le bal de cet opus via le très long et très bon « Nethermost » qui outre miser sur les blasts va dévoiler des facettes lentes comme remuantes, qui donnent l’impression que tout monte en pression et va exploser d’ici peu, sauf que cela reste contenu, offrant ainsi un rendu global neigeux et glacial très classique sur le fond comme la forme, mais hyper accrocheur. Cela sera d’ailleurs une constante tout du long vu qu’on va régulièrement avoir l’impression d’être au milieu des grandes forêts de Suède, où les accalmies et tempêtes vont se succéder à flux tendu créant ainsi une ambiance hivernale glaciale et désespérée - mais où la lumière n’est cependant jamais très loin. On va retrouver cela de façon très marquée sur les excellents « The Throes Of Rebirth » et « All For Nought » qui vont jouer sur l’alternance entre lumière et ténèbres de par une vitesse tout en variations, et dévoilant des accents particulièrement dynamiques qui donnent autant l’envie de headbanguer que de guerroyer. D’ailleurs cette envie de prendre les armes va être souvent là, amenant de fait un accent épique affirmé et du plus bel effet où la sensation d’un combat imminent ne cesse de se faire sentir, comme un soldat planqué et à l’affut d’un ennemi tout proche. On peut ressentir cela sur l’oppressant « The Barren Rage Of Death's Eternal Cold », pas forcément très furieux mais calé dans une sorte d’entre-deux agréable et où tous les sentiments humains sont sur le qui-vive.
Car outre cette préparation guerrière combative prête à dégainer c’est aussi des parties tribales qui vont apparaître sur le très bon « Under Blackened Skies » (au nom prédestiné) à l’obscurité apparente de par ses arpèges doux, coupants et inquiétants, calés entre des rasades venteuses mais sans jamais faire d’excès de vitesse. Ce schéma va par la suite se retrouver sur les compositions suivantes, notamment « Descent To The Underworld » où la pression s’accentue légèrement mais sans jamais faire grimper le rythme vers des niveaux intenses, et qui garde les mêmes riffs et patterns. Alors certes tout cela est bien fait et accrocheur mais on sent que le mec en a gardé sous le coude et qu’il a ici privilégié une certaine facilité et c’est dommage, car on aurait aimé qu’il se lâche un peu plus tant il est capable de faire encore mieux principalement s’il avait mis l’accent sur une virulence plus marquée. Cependant il serait de mauvais goût de reprocher quoi que ce soit de plus à ce disque qui bien que restant dans les clous (et manquant parfois un peu de couilles) a nombre d’atouts pour séduire le plus grand nombre, comme l’épique et combattif « Night Of Woe » où les épées ont enfin quitté leurs étuis et se frottent à d’autres tout aussi aiguisées pour un ultime duel - du fait de deux parties bien différentes qui densifient comme il faut le rendu général.
Autant dire qu’avec tout ça on appréciera ce long-format qui s’écoute facilement et laisse le temps aux ambiances de se développer quel que soit la rythmique employée, afin d’être relativement accessible pour plaire à la majorité - vu que c’est assez immersif et qu’on s’y laisse facilement happer. Même si au final tout cela peut donner l’impression d’être interchangeable et de se ressembler à la longue on ne crachera pas sur ce résultat très sobre et homogène (et à l’écriture et franchement sympathique), qui passera facilement le cap des écoutes bien qu’il en manque encore un peu pour être totalement mémorable et indispensable. A voir désormais si le Suédois tiendra compte de cela et qu’il osera plus sortir de sa zone de confort la prochaine fois, au risque de voir les espoirs placés en lui s’éteindre définitivement et d’avoir un sentiment de gâchis tant le potentiel aura été mal exploité.
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