Black Fucking Cancer - Black Fucking Cancer
Chronique
Black Fucking Cancer Black Fucking Cancer
Comment attirer l’attention sur son groupe lorsque l’on s’appelle Black Fucking Cancer, que l’on compte à son actif une simple démo parue il y a déjà cinq ans et que l’on figure surtout sur cette interminable liste de groupes que personne ne connait ? Et bien c’est relativement simple, il faut d’abord trouver un label crédible, jouissant d’une certaine visibilité dans les milieux autorisés puis demander ensuite à l’un des illustrateurs les plus plébiscités du moment de réaliser l’artwork de son premier album. Vous voyez, rien de bien compliqué.
C’est donc sur Osmose Productions qu’est sorti au mois de juin le premier album de ce groupe américain formé en 2009 par des membres et ex-membres de Necrite et Cyanic. L’artwork est quant à lui signé de la main du prolifique Paolo Girardi. Un coup de pinceau facilement identifiable bien que ce ne soit pas là son travail le plus remarquable. Ainsi, grâce à l’appui du label français combiné au talent du peintre italien, Black Fucking Cancer peut espérer sortir de l’anonymat dans lequel il est enfermé depuis ses débuts. Reste désormais à convaincre tous ceux qui auront la curiosité de jeter une oreille sur ce premier album. Chose qui constitue probablement la tâche la plus compliquée de toute cette affaire. Quoi que…
En effet, en allant marcher sur les pas d’un certain Katharsis qui, je vous le rappelle, n’a pas donné signe de vie depuis 2009 et la sortie de Fourth Reich, le trio américain risque de rapidement susciter l’intérêt des amateurs de ce genre de Black Metal particulièrement intense et virulent. Alors oui, c’est vrai, on ne retrouve peut-être pas chez Black Fucking Cancer ce même sentiment de folie ni même cette abrasivité, celle qui d’habitude vous ponce le crâne à chaque écoute d’un VVorldVVithoutEnd, mais ce premier album n’en est pas moins radical dans son approche elle aussi particulièrement jusqu’au-boutiste.
Le trio californien partage ainsi ce goût pour les compositions tourmentées qui s’étirent sur plusieurs minutes. D’ailleurs, avec une heure au compteur, ce premier album n’est certainement pas des plus faciles d’accès, d’autant qu’il est à mon sens un poil handicapé par des passages instrumentaux et/ou ambiant souvent trop longs comme par exemple sur la deuxième moitié d’"Acid Ocean" ou bien encore lors des quatre premières minutes de "SinnRitualVoid" construit sur le larsen de fin du titre "Blood Stained Whore". Ces séquences, si elles apportent effectivement un peu d’air à des compositions excessives et étouffantes, sont dans l’ensemble beaucoup trop étirées pour ne pas devenir ennuyeuses. La dynamique générale à mi-parcours s’en retrouve ainsi quelque peu plombée surtout qu’à la différence de Katharsis, Black Fucking Cancer n’est pas avare en passages mid-tempo sournois et écrasants.
Malgré ce petit défaut dont on s’accommode assez facilement, ce premier album demeure une excellente surprise et surtout une véritable punition. Car lorsque le groupe ne s’amuse pas à nous faire tourner en bourrique le temps de séquences plombées et répétitives un poil longuettes, il nous assène avec pertes et fracas un Black Metal particulièrement brutal que rien n’arrête (la première moitié d’"Acid Ocean" en est probablement la preuve la plus marquante). Entre riffs vicelards, blasts mitraillette, basse saturée, breaks brises-nuques et vocaux arrachés, tout est là pour en prendre plein la gueule pendant une heure durant. Aidé par une production relativement puissante (qui aurait méritée d’être un chouia plus cradingue à mon goût) qui n’oublie aucun instrument (encore une fois, la basse se fait ici très bien sentir), Black Fucking Cancer appuie là où ça fait mal et semble y prendre un malin plaisir.
Si l’efficacité ainsi que l’immédiateté de ce premier album sont ici quelque peu chahutés par deux/trois séquences trop longues pour être véritablement intéressantes, Black Fucking Cancer reste cependant un album sacrément coriace qui risque de faire pas mal de dégâts chez tous les amateurs de Black Metal brutal et sans compromis. Bien que très attaché à la musique des Allemands de Katharsis, les Américains ont su y apporter leur touche personnelle. Et si le résultat n’est pas toujours probant (encore une fois, ces longues séquences instrumentales relativement inutiles), le reste est suffisamment éloquent (trémolos infernaux, un sacré niveau d’intensité lors des moments les plus soutenus, ces breaks et autres passages plus "groovy"...) font rapidement oubliés ces quelques égarements. Malgré tout, je ne suis pas sûr que cela suffise à Black Fucking Cancer pour sortir de l’anonymat dans lequel il risque finalement de rester plonger encore un moment. Enfin bon, ils ont au moins gagné un auditeur de plus dans la bataille et ça c’est déjà pas mal.
| AxGxB 30 Novembre 2016 - 1493 lectures |
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