Arkha Sva - Gloria Satanae
Chronique
Arkha Sva Gloria Satanae
C'est bien connu en matière d'art ou même de culture il y a le monde... Et il y a le Japon. Non, mais attends... Je n'ai aucun problème avec la culture japonaise, c'est juste que s'il y a bien un pays où les musiciens métal semblent interconnectés par leur bizarrerie, c'est celui-là. Quand ils font de la musique, on se sentirait presque obligé de dire « japonais » non pour la géographie mais plutôt en tant que sous-genre musical ou comme caractéristique stylistique. Moins nébuleux et donc plus accessible que la scène chinoise ou vietnamienne, le Black japonais a toujours quelque chose en lui qui fait qu'il ne ressemble à rien d'autre que du Black japonais. Bien sûr, Sigh ne ressemble pas à Gorugoth mais je retrouve dans les deux cas cette folie-douce (voire parfois dure) que je juge bon d'affilier à leur pays d'origine. Je n'y vois en fait aucune autre explication...
Dans le registre de la bizarrerie Black Metal, il faut avouer qu'Arkha Sva n'est pas forcément l'exemple type du groupe louche et perché. Mais malgré ça, le petit grain de folie est bien là dans le fantastique « Gloria Satanae » dont on entends bien trop peu souvent les louanges. Vibrant hommage aux Légions Noires, nos asiatiques anonymes (à ne pas confondre avec ceux qui boivent en cachette) poussent le détail jusqu'à emprunter la police d'écriture créée par Vordb Dréagvor Uézréèvb, membre de Belkètre, Black Murder, Moëvöt, Torgeist, Brenoritvrezorkre ou autre Vzaéurvbtre : groupes quasiment tous considérés soit comme des gros cacas musicaux ou comme des dé-constructeurs de musique et donc comme des créateurs d'anti-musique (et je serais plutôt de ce dernier avis). Ce qui est sûr, c'est que ce bon vieux Vordb et ses nombreux acolytes auront eu le mérite d'inspirer une quantité assez importante d'artistes dont Arkha Sva.
Alors je vous vois déjà en train d'imaginer trois japonais faisant de l'ambiant enregistré sur répondeur... Non, « Gloria Satanae » s'il est un hommage évident aux années 90 françaises ne reprend pas pour autant toutes les caractéristiques musicales de vos légions favorites. L'artwork déjà, s'affirme par une photo pixelisée laissant apparaître une sorte de gamine-fantôme. Ici, vous n'aurez pas de nom(s) mais juste le titre de l'album, les paroles (illisibles du coup, la faute à Vordb...) et la mention « The Satanik Hate Plague ». Vous êtes prévenus et vous allez prendre du Black Metal traditionnel et cru en veux-tu, en voilà plein dans votre tronche. Néanmoins malgré cet avertissement des plus couillus, la production plutôt propre rassurera dès les premières notes les plus timides d'entre vous. « Gloria Satanae » possède un rendu sonore tout à fait compréhensible et ce immédiatement lors de la première écoute. S'il conserve un petit côté sale pour mieux coller à l'ambiance froide et haineuse, la batterie ou les mélodies des titres sont facilement identifiables.
« 49 Evil Spirits » et sa fracassante voix d'opéra ouvre le bal à grands coups de distorsion et de riffs ô combien épiques. Comme entrée, ça fait très mal et si vous aimez le Black, vous comprendrez à coup sûr qu'Arkha Sva n'est pas dans la place pour rigoler. Nihiliste-misanthrope ? Oui, monsieur mais également belle, triste, intimiste, puissante, collégiale et pliant à ses genoux les pauvres âmes égarées... Voilà comment se présente l'entité du pays du soleil levant. Plus qu'un groupe de Black simpliste et usant des codes habituels, la troupe possède un son, une ambiance et une cohérence à toute épreuve dans son art noir. Tant et si bien que comparer tout ça à quelque chose d'autre semblerait complètement hors de propos. Le monument qu'est le titre éponyme ou encore le particulier « IIIIII » rendent bien compte de l'atmosphère marquée quelque part entre la dépression et l'occultisme, ce dernier étant poussé jusqu'à son paroxysme et donc jusqu'à la folie la plus complète. Décidément, rien n'est laissé au hasard ici et chaque moindre note immerge l'auditeur au plus profond de l'univers proposé, calculé et développé de main de maître.
Bien souvent, la tristesse rejoint la haine. D'ailleurs, les interludes en forme de chants sont là pour nous rappeler la souffrance réelle que semble subir le groupe. Le disque est de plus transcendé par la performance hallucinante du vocaliste qui passe des growls aux cris stridents en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Impressionnant de justesse, il impose sa douleur sur les riffs comme une couronne de plomb brûlant sur la tête du roi. Dantesque de sincérité, les titres s'enchaînent comme autant de moments où l'on est happés -presque contre son gré- dans la spirale de noirceur que dégage l’œuvre. Jusqu'au-boutiste, puant la charogne et la sueur, Arkha Sva ne relâchera jamais l'intensité, offrant des titres tous aussi dingues les uns que les autres, comme si étouffer le fanatique était la seule solution possible pour se délivrer de cette ambiance de moisissure délectable en tout points. Tant de plaisir et tant de dégoût simultanément... Schizophrénie, quand tu nous tiens... Bref, mis à part sa difficulté à l'achat physique, « Gloria Satanae » est bel et bien un incontournable du Black. Identité, force et intégrité n'attendent plus que vous...
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