Hyrgal - Session Funéraire Anno MMXXIII
Chronique
Hyrgal Session Funéraire Anno MMXXIII (EP)
Après avoir mis du temps pour être totalement lancé HYRGAL a aujourd’hui trouvé sa vitesse de croisière autour d’un line-up enfin stabilisé et qui semble particulièrement solide autour de sa tête-pensante, qui continue de s’ouvrir à de nouveaux horizons et influences diverses. Car l’excellent disque éponyme sorti l’an dernier voyait l’entité diversifier sa palette musicale en proposant plus de variété et de lumière sans pour autant renoncer à sa noirceur, mais qui se montrait plus subtile et ambitieuse. S’il n’est toujours pas reconnu à sa juste valeur le quatuor continue de garder sa motivation intacte en proposant ici quatre nouveaux morceaux et une reprise de MARDUK… histoire de continuer à faire battre le fer pendant qu’il est encore chaud. Porté par cette bonne dynamique il a en effet préféré passer par la case Ep afin de revenir plus vite aux affaires et proposer ainsi de la nouveauté le plus rapidement possible, ce qui a vu de sa qualité va s’avérer un choix judicieux et payant qui va continuer à le mettre en haut du panier hexagonal.
Cependant ici la bande va choisir de revenir à une musique plus dépouillée et primitive comme elle la pratiquait à ses origines tout en la voyant aussi raccourcir son propos en allant ici plus à l’essentiel, et cela va s’entendre immédiatement avec « Deuil Éclair » qui va jouer sur la variété rythmique continue tout en ne s’éternisant pas en longueur. Troublant l’auditeur dès le départ avec de courtes notes acoustiques le groupe explose littéralement ensuite en offrant une véritable tempête sonore où se mêlent des blasts furieux entre des rasades de plans mid-tempo remuants et de parties plus lentes écrasantes, où se greffe notamment une voix haranguant la foule pour l’inciter à partir au combat. Totalement dans l’esprit de ce qu’on entendait sur
« Serpentine » cette première composition ne va pas dépareiller avec le reste qui va être dans cette droite ligne, comme avec le débridé et sauvage « Phalanges Assassines » qui ne cesse d’offrir du tabassage constant et une brutalité extrême, calés entre quelques rasades de plans épiques à mort et de riffs coupants. Si l’ensemble était jusque-là d’une obscurité absolue celle-ci va encore se renforcer à partir du monstrueux « Epique Spleen » aussi rampant que remuant, mais où un sentiment d’inquiétude mentale transparaît justement (d’où le titre de cette plage), embarquant ainsi l’auditoire sur différents tableaux de peur, d’espoir et de chaos ambiant. Néanmoins si ici on peut aussi ressentir quelques accents occultes discrets ces derniers vont se mettre totalement en avant dans la foulée sur le religieux et à part « Gorge Blanche / Surin Noir » où le rythme va être totalement bridé, afin de jouer sur la lenteur au lieu de la violence omniprésente jusque-là. Car entre les notes inquiétantes, la voix douce récitée dans notre belle langue et des accents propices à la méditation, aux bougies et à l’encens on est embarqué dans un univers étonnant où règne un certain bien-être, aidé en cela par un solo mélodique de toute beauté où la messe noire et société secrète se révèlent ainsi de façon superbe et prenante. Si tout cela surprend de prime abord on se rend rapidement compte que ça ne détonne pas dans le répertoire du combo, et qu’il se débrouille très bien dans ce registre sans que cela dépareille avec tout ce qui a été entendu jusqu’à présent.
A voir donc si les gars offriront plus de choses comme celle-là dans le futur, mais il est certain qu’il y’a un vrai potentiel à exploiter dans cette voie différente mais totalement en raccord avec leur vision plus crue et directe qu’ils nous ont toujours offerts jusqu’à présent. Profitant de la courte accalmie de l’interlude « 炎が秒を貪り食う場所 (Honō Ga Byō O Musabori Kuu Basho) » pour reprendre nos esprits les mecs terminent les hostilités en balançant de façon fidèle le « Dark Endless » de Morgan Håkansson et ses amis furieux, qui viennent ainsi au bout de vingt-cinq minutes impeccables et qui défilent à toute allure. Si on ne sait pas encore si cette transition plus furibarde et crue (aidée notamment par une production à l’ancienne et qui sonne presque live) sera conservée ultérieurement elle n’en reste pas moins très cohérente, prouvant que Clément Flandrois et ses acolytes peuvent évoluer facilement dans des registres très larges tout en conservant leur intérêt propre et leur patte si personnelle et classique à la fois. Tout cela prouve encore une fois que le boulot fourni depuis le retour aux affaires en 2016 est du plus bel effet (et n’a rien à envier aux ténors nationaux) et lui permet de conserver son authenticité comme sa vision pure et sincère du genre. Figurant clairement aujourd’hui comme un des étendards de celui-ci en France il ne fait désormais aucun doute que la prochaine sortie livrée avec ses comparses sera encore supérieure aux précédentes... comme cela est le cas à chaque fois. Signe donc de sa vitalité et de sa force de frappe qui ne faiblit aucunement, lui permettant ainsi de continuer son bonhomme de chemin avec talent et l’envie de se faire plaisir avec sincérité, authenticité et personnalité... sans pour autant se renier.
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