Shadow's Mortuary - Kuoleman Portit
Chronique
Shadow's Mortuary Kuoleman Portit
Décidemment depuis quelques temps Purity Through Fire a le nez creux pour élargir son panel de signatures, et s’il y’a bien actuellement un endroit où aller pour être sûr de trouver la perle rare c’est du côté de la Finlande qu’il faut se pencher. Car une fois encore le pays des mille lacs a accouché d’un rejeton particulièrement intéressant et inspiré, et nul doute qu’avec son arrivée sur le label allemand SHADOW’S MORTUARY ne va pas passer inaperçu. Fondé en 2013 sous la forme d’un duo, celui-ci a dû attendre quatre années supplémentaires pour passer à la vitesse supérieure suite au recrutement d’un guitariste et d’un bassiste, permettant ainsi au désormais quatuor de monter sur scène et d’enchaîner les sorties de façon soutenue. Car l’an dernier celui-ci en a profité pour mettre au jour un court EP suivi quelques mois après d’un premier opus (disponible uniquement au format cassette), avant d’enregistrer quasiment dans la foulée son successeur tout aussi efficace et rudimentaire. A l’instar de la musique de nombre de ses compatriotes le combo ne s’embarrasse d’aucune futilité tant son exécution est primaire et sans prétentions (à l’image de la pochette) tout en ne traînant pas en longueur. En effet en à peine une demi-heure les hostilités sont déjà terminées, ce qui est finalement largement suffisant tant le côté dépouillé des compos qui vont suivre les auraient rendues linéaires et répétitives si elles s’étaient étirées plus longtemps.
Et en effet dès le démarrage de « Sielun Tuhkaa » on s’aperçoit qu’on est en présence d’une ambiance proche du Punk, de par un riffing minimaliste au possible mais boosté aux amphétamines et porté par un mid-tempo binaire et basique, mais qui arrive à insuffler quelquechose d’hyper rythmé et accrocheur. Misant sur une technique simplissime les gars vont se contenter de reproduire ce schéma très classique en y ajoutant seulement quelques légères variations et des roulements de batterie, histoire de ne pas tomber dans la répétition. Sans être d’une violence débridée ce premier morceau va donner le ton de la suite, qui à quelques exceptions près va se maintenir dans ce crédo où l’entrain va compenser une brutalité mise légèrement de côté. Car la majeure partie du temps les nordiques vont maintenir une rythmique bloquée sur courant alternatif sans que cela ne soit un problème, on la retrouve dès la plage suivante (« Ikisodan Hurmo ») qui donne la sensation d’être une suite logique de ce qu’on a déjà pu entendre auparavant, à l’instar du très bon « Ruoska » qui s’étire un peu plus sans y perdre en accroche. Cependant ici on peut entendre quelques parties plus enlevées qui alternent avec le tempo majoritaire, histoire de créer une boucle musicale sobre et efficace et surtout taillée pour les concerts.
Il est évident que les gars ont voulu faire quelquechose de facile à reproduire en public, et ils y arrivent sans problème tant ce qu’ils proposent se montre d’une grande fluidité et hyper homogène, vu que ça ne faiblit à aucun instant. Ce sentiment est d’autant plus présent avec cette production crue et naturelle où l’équilibre des instruments est parfaitement dosé, créant ainsi un mur sonore d’une grande noirceur et haineux au possible. On s’en rend encore mieux compte quand ils appuient sur le champignon à l’instar de l’excellent « Soihdunkantaja » particulièrement remuant et ponctué de passages et riffs légèrement Thrash, qui renforcent du coup le côté old-school présent depuis le démarrage (et qui file une pêche d’enfer). Ceci est d’ailleurs encore plus parlant avec le redoutable et énervé « Kuoleman Portit » où des blasts se font entendre au milieu de ce déluge de crasse, alternant avec des passages plus lents qui ne sont pas oubliés, et permettent ainsi d’accentuer le sentiment oppressant qui compose cette galette.
Si on peut reprocher à la bande de réutiliser régulièrement les mêmes plans de batterie et de guitare, en revanche il sera difficile de dire que la qualité n’est pas au rendez-vous, à moins de faire preuve de mauvaise foi. Certes l’ensemble d’une grande homogénéité peut donner la sensation d’être parfois trop compact, mais porté par un feeling de tous les instants (où l’envie de headbanguer est présente en continu ou presque) on se laisse embarquer dans cette nuit totale digne des hivers de Laponie où l’on ne trouve aucune faute de goût. Alors oui ce long-format ne marquera pas l’année de son empreinte mais il possède quand même suffisamment d’atouts pour faire passer un excellent moment, et il y’a de bonnes chances qu’il revienne souvent sur la platine grâce à sa durée idéale. Autant dire qu’une fois encore le Black-Metal finlandais s’illustre avec brio, via ce nouveau venu qui a tout compris sur la manière de composer, et qui comme nombre de ses compatriotes incarne une certaine idée du style où authenticité et intégrité ne sont pas des vains mots, ce qui se fait rare de nos jours et mérite tout autant d’être mis en avant que d’être salué fortement.
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