Spectral Wound - Infernal Decadence
Chronique
Spectral Wound Infernal Decadence
Tous les ans c’est pareil. A quelques jours du bilan annuel, me voilà obligé de me précipiter sur les quelques disques dont je n’ai pas encore eu le temps de vous parler. Le deuxième album des Canadiens de Spectral Wound est définitivement l’un de ceux-là. Intitulé Infernal Decadence, celui-ci est d’abord paru en cassette via Les Fleurs Du Mal Productions avant d’être pressé quelques semaines plus tard en CD par les Allemands de chez Vendetta Records. Mais pour être honnête ce n’est pas la réputation de ces deux labels qui m’a poussé à écouter ce disque et à découvrir par la même occasion de quoi il était ici question mais plutôt cet artwork assez peu original mais alors si captivant.
J’en ai pourtant vu passer des artworks en noir et blanc avec un lettrage gothique et un cadre blanc fait d’entrelacs mais celui des Canadiens exerce chez moi une attirance que je ne saurais véritablement expliquer. Est-ce la posture de ces trois personnes encapuchonnées postées sur leur rocher ou bien ces bâtons fourchus qu’ils tiennent à la main ? Toujours est-il qu’en voyant cette image pour la première fois j’ai forcément eu très envie de découvrir de quoi il retournait. Une fascination à l’égard de cette œuvre restée intacte encore aujourd’hui.
Succédant à un Terra Nullius sorti en juin 2015 et passé pour le moins inaperçu, ce deuxième album est pour beaucoup d’entre nous celui de la découverte. Originaire de Montréal, Spectral Wound compte dans ses rangs deux membres de Profane Order, groupe de Black/Death bestial évoqué en ces pages il y a de cela quelques semaines. Pour autant, les deux formations n’ont pas grand-chose en commun puisque dans le cas présent, Spectral Wound verse du côté d’un Black Metal beaucoup plus mélodique et largement influencé par la scène finlandaise. Une filiation absolument évidente exprimée à travers cette ambivalence permanente sur laquelle repose le Black Metal des Canadiens.
Servi par une production plutôt musclée (sans pour autant en faire des caisses et ainsi dénaturer le propos du groupe) dont le mastering a d’ailleurs été confié à James Plotkin (Khanate, Scorn, Atomsmasher...), Infernal Decadence va mettre l’emphase sur deux aspects importants qui représentent l’essence même du Black Metal finlandais :
- Une interprétation radicale à coup d’attaques frontales particulièrement soutenues.
- Un apport mélodique constant et tout en contraste.
Pied au plancher, Spectral Wound balance ainsi ses riffs et ses blasts sans jamais faiblir. Une vitesse d’exécution qui va insuffler à ce deuxième album un rythme particulièrement haletant. D’autant que les quelques moments de répit sont en général plutôt rares (la transition semi-acoustique de "Woods From Which The Spirits Once So Loudly Howled", cette longue séquence mid-tempo sur "Slaughter Of The Medusa", "Feral Gates Of Flesh" et sa transition entamée à 3:16 par ce riff en fade-out et bien entendu "Imperial Thanatosis" en guise de conclusion plus posée et aérée). Un album mené le couteau entre les dents pendant près de trente-cinq minutes mais avec juste ce qu’il faut de nuance pour rendre le tout plus facile à digérer.
Si Infernal Decadence ne manque donc pas de contraste d’un simple point de vue rythmique, les nombreuses mélodies dispensées par Spectral Wound tout au long de l’album nourrissent également cette ambivalence. Des mélodies épiques, parfois mélancoliques et souvent très agressives qui, en plus d’évoquer les grands espaces boisés et enneigés de Finlande, vont assurément apporter à ces six compositions un caractère bien trempé témoignant d’une certaine intransigeance (la deuxième partie redoutable de l’excellent "Woods From Which The Spirits Once So Loudly Howled", "Black Satanic Glamour", "Slaughter Of The Medusa" et ainsi de suite...).
Attiré par cet artwork plein de promesses et de mystères, je suis naturellement resté pour ce que j’y ai trouvé : un Black Metal racé, peu avare en blasts et autres riffs éclairs et en même temps tout à fait disposé à nous dispenser le genre de mélodies à vous hérisser le poil. Une recette éculée mais parfaitement maîtrisée par un groupe qui devrait à l’heure des bilans devrait sans trop de mal réussir à faire parler de lui. En ce qui me concerne et malgré une originalité réduite à peau de chagrin, Infernal Decadence se range sans mal parmi les bonnes découvertes de l’année.
| AxGxB 31 Décembre 2018 - 2666 lectures |
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