Chroniquer
The Swan Road est compliqué pour différentes raisons : son ambiance particulière et surtout le mélange qu'opère Drudkh mais aussi parce que c'est l'été, qu'il fait beau et que j'ai bien plus envie de siroter un pastis en terrasse que de rester devant l'ordinateur à écouter du black metal. Mais ça, c'est mon problème vous me direz.
Cet album est sorti alors que Hate Forest allait mourir,
Sorrow étant le dernier essai longue durée d'un groupe qui a encore vivoté quelques années pour finalement splitter. C'est une chose à prendre en compte tant les ukrainiens s'essayent ici à fusionner deux entités jusque-là vues comme contraires, l'une étant plutôt portée sur la lenteur déprimante tandis que l'autre jouait sur une asphyxie abrasive et épique. Le résultat est déroutant et on a l'impression d'écouter un imbroglio de riffs énervés, arpèges arides et passages folk, la preuve avec « Eternal Sun » et ses blasts oppressants portant des tremolos crus déboulant sans crier gare sur une guitare acoustique qui parait bien malingre. La production sèche, la voix dépourvue des effets qui l'étouffaient jusque-là et des soli sortis de nulle part (« Eternal Sun » ou « Blood ») renforcent ce sentiment d'avoir quitté la forêt pour aller chercher la mélancolie ailleurs, dans les graviers et un soleil brûlant. Cette alternance de rythmes posés et virulents parcoure l'album à l'exception de « Song Of Sich Destruction », outro sous forme de chanson traditionnelle ukrainienne qui fait mal aux oreilles avec sa maladresse et son chant de vieux bouseux des prés.
On peut rapprocher la structure de
The Swan Road à celle de
Autumn Aurora : les premiers titres sont les plus lancinants, tandis que la dansante « Glare Of 1768 » rappelle « Sunwheel » et ouvre vers une sortie plus majestueuse (« The Price Of Freedom », « Fate ») à la manière du prédécesseur automnal. Et malgré ce côté patchwork, les moments de bonheur sauce ukrainienne sont légions, au point de faire passer aisément le mal de mer des débuts. Les soli sont parfaitement intégrés et magnifiques (comme celui de « Glare Of 1768 » qui donne envie de bouger du popotin façon bottes de foin et traditions) et les mandales aussi déprimantes qu'exaltantes sont toujours de la partie (le folk cadavérique de « Blood », la véhémence de « Fate »). Mais, histoire de me contredire un peu, il y a un morceau sur lequel cet accouplement Hate Forest/Drudkh est parfaitement maitrisé, au point de s'imposer comme LA chanson des ukrainiens : « The Price Of Freedom ».
Je pourrais écrire un pavé rien que sur cette dernière, à quel point elle est belle à en devenir sublime, d'une force de plus en plus larmoyante et libératrice, un paradoxe souvent synonyme de tiercé gagnant chez eux. Les enchainements semblent enfin fluides, moins « bâtards », et l'oppression de l'introduction (bon dieu, mais que quelqu'un donne à manger à ce Thurios qui sort les crocs !) n'est là que pour accentuer ce passage atmosphérique sur lequel se greffe un solo où deux guitares se répondent avec des notes étirées et pleureuses laissant place à une montée cristalline. « The Price Of Freedom » te crame le visage et te le plonge aussi sec dans un océan profond, une tache blanche transparaissant au travers du bleu, une lumière vers laquelle tu ne peux que remonter. La souffrance, le dégout et l'espoir que véhicule Drudkh sont résumés dans ses huit minutes où la liberté se paie cher.
The Swan Road prépare
Blood In Our Wells de par son changement d'ambiance et une tournure vers plus de brutalité. Si le côté un peu bancal des compositions peut rebuter, les ukrainiens sauvent la mise en y inscrivant quelques-uns de leurs plus beaux passages. Pour ces raisons, c'est un disque sur lequel je m'interroge encore, bien que le plaisir ressenti fasse finalement taire tout jugement. Non, ce n'est pas avec cet album que je résilierai mon abonnement à Nature et Découverte !
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