J’avoue, parmi la liste des demandes de chroniques en attente, celle de
MONGOLITO n’est pas celle que j’avais placée en tête de gondole… Déjà il y a ce nom, qui certes m’intriguait mais m’évoquait plus une insulte sémantiquement pauvre de cours de récréation qu’un truc susceptible d’émouvoir ma petite âme égoïste, ensuite il y avait le style annoncé : du
dark ambiant doom. Ce n’est pas que c’est rédhibitoire chez moi (loin de là même, étant fervent amateur d’une chose telle
BOHREN & DER CLUB OF GORE), c’est juste qu’en ce moment mon cerveau est plus enclin à se nourrir de mets faciles à digérer que de gros plats en sauce… Cependant, deux choses ont fini par attirer mon attention et réveiller ma curiosité faiblarde : c’est l’un des nombreux projets de
Marc DeBacker (
DOG EAT DOG,
MUCKY PUP,
WOLVENNEST) et il est ici accompagné de
Déhà, que l’on ne présente plus tant il est devenu une figure incontournable. Le premier sera donc à la guitare, à la basse, au chant et au clavier, le second gérant, outre toute la partie enregistrement, la batterie ainsi qu’un peu de basse et de clavier. Un beau duo donc pour une musique… Planante ? Car comment décrire autrement ces six compositions, principalement voire totalement instrumentales, avançant au rythme d’un cheval de trait mais avec le pas léger d’une ballerine… Car oui léger ! En cela, la pochette est assez trompeuse car la musique est bien plus lumineuse, pour ne pas dire psychédélique, que ce que ne laisse à penser cette illustration mortifère. Pour tout dire, il y a du
PINK FLOYD du début des années 70 chez
MONGOLITO, l’auditeur aculturé que je suis ayant la plus grande difficulté à comprendre ce qui a pu se passer dans la vie du compositeur pour passer des trublions de
MUCKY PUP au début des années 90 à ça. Mystère absolu.
Mais quand bien même, ai-je besoin de comprendre pour apprécier ? Car si votre ambition du weekend est de traîner chez vous en toute détente, peut-être avec un livre finement sélectionné (« Miette », ou encore un ouvrage de Kenza Braiga, voire les Evangélismes d’Eve Angeli), quoi de mieux pour savourer ces trop brefs instants de repos que «
Pure » ? Les plus cinéphiles d’entre vous diront peut-être même de la composition « Years of Nothingness » qu’elle a des saveurs d’
Angelo Badalamenti, ce à quoi j’ajouterai que cette guitare reverb’ en accord lâché, c’est du pur
BlueBob, le groupe de
David Lynch et
John Neff, ce qui reviendra grosso modo à la même chose tant les ambiances sont similaires. Il reste que le titre est simplement incroyable, sept minutes vingt-quatre de jouissance auditive. Par conséquent, lorsque « Slowly » se lance avec sa grosse guitare (toujours très
BlueBob spirit je trouve), c’est comme se faire réveiller de sa sieste par une lourde claque dans la tronche. Pas agréable mais revigorant !
Sans tergiverser, autant j’ai eu sérieusement du mal à entrer dans le disque, autant lorsque ses ambiances ont commencé à infuser en moi je me suis rendu compte à quel point le potentiel purement émotionnel de l’objet était effarant. Que ce soient les aspects quasi
post rock de « Baclanova, le
doom progressif de « The Death of Yet Another Dream », l’atmosphère vespérale d’« Ultrasolution », les très
Mulholland Drive « Years of Nothingness » et « Slowly » ou encore l’outro guitaristique de « Pure », parfaite conclusion de ce voyage initiatique, tout dans
MONGOLITO respire l’intelligence, la subtilité, la juste mesure, pour aboutir à un disque fait de sentiments bien plus que de notes. Comme cela devient de plus en plus rare, il est d’autant plus important de le relever, de le savourer et d’essayer de le faire connaître. Simplement beau et en cela essentiel.
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