Enter the Void ou
Under the Skin ? L'envie est forte de faire des liens cinématographiques avec cet album, la première référence pour son titre, la seconde pour cette mélasse dans laquelle une femme extraterrestre nous plonge. La pochette encline même à se poser sur cette dernière image, on ne peut plus appropriée pour définir ce qu'elle illustre - une humanité recroquevillée, entourée d'un noir prêt à l'engouffrer.
Mais fi de ponts extérieurs, avec lesquels Fvnerals a coupé dès ses débuts dans son mélange doom, post rock, ambient et shoegaze qui ne tient debout que par sa vision unique. Volute plutôt que forme, atmosphère plutôt que personnification, l'air devient tout entier spectre ici. Cela était déjà le cas dans les œuvres précédentes, là s'ajoute suffisamment de matière, impalpable mais grattant les bronches quand elle s'infiltre en nous, ainsi qu'une majesté permettant de donner plus de netteté, d'ampleur, à l'oppression. Le projet a toujours présenté le mal qui vient, lointain, voyeur, puis plus proche, louvoyant autour de nous...
Il n'a jamais été aussi près de nous assaillir que sur ce nouvel album. Cohérent avec les deux précédents albums des Anglais,
Let the Earth Be Silent se présente comme un nouveau mouvement, plus ambitieux, plus théâtral (la signature sur le prestigieux label Prophecy y est-elle pour quelque chose ?) mais gardant en ligne de mire cette intention d’exprimer notre part de nuit. Une nuit externe et surnaturelle devenant interne et personnelle, les vocalises de Tiffany Ström, toujours plus nettes, toujours plus enivrantes, quittant le spectral d’autrefois pour une présence forte, tangible, évoquant par là ce que l’on peut trouver chez King Woman ou lors des éclats des derniers Monarch!. Encore plus que
Wounds qui, déjà, étonnait de certains passages cristallins nuançant la brume, ce troisième chapitre permet de citer des instants, mélodies, chants restant en tête. Fvnerals persiste et signe, partant d’une suggestion de l’indicible à sa figuration progressive.
Et c’est bien ce qui laisse un sentiment ambivalent lorsque se termine
Let the Earth Be Silent. Certes, on ne peut pas accuser la formation de se reposer sur une formule qui perdrait progressivement de son attrait – cette prise de risque contrôlée est clairement un choix intelligent, conservant le charme du projet sans pour autant rabâcher. Mais il y a dans cette avancée vers un drone / doom metal – et « metal » est bien un mot nouveau ici, Fvnerals n’ayant jamais sonné aussi majestueux et concret – une légère frustration qui pointe le bout de son nez. Comme de constater que la créature imaginée n’est pas aussi monstrueuse qu’escomptée, que l’hors-champ qui nous inquiétait tant se révélait être une image d’horreur un brin classique.
Difficile, dans les films à ambiance, de satisfaire d’une révélation, celle-ci tenant beaucoup à ce qui la prépare : une élaboration qui a été laissée ici aux deux prédécesseurs de cet album. Pour autant,
Let the Earth Be Silent n’est pas une déception pour qui a déjà été happé par Fvnerals. Toujours maître de ses atmosphères séduisantes et nocturnes, il en offre une déclinaison au niveau de celles de
The Light et
Wounds. Simple affaire de goût, des titres comme « Descent », « Annihilation » et son mantra hypnotisant ou « Barren » montrant que le projet est loin d’avoir perdu en inspiration. On aurait tort de passer à côté.
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