...Simplement, imaginez être dans une pièce sombre où un halo transparaît. Dans ce rayon où la poussière virevolte, en suspension, une silhouette se dessine. Seul, pris dans des pensées nocturnes, il vous est donné à croire qu'une rencontre vous est proposée. Seul, vous ne l'êtes plus.
Imaginez plus loin. Imaginez que vous vous trouvez devant cette silhouette faite de poussière. Que vous distinguez un nez, des yeux, des lèvres qui vous parlent avec des sons lointains, des murmures dont vous peinez à deviner le contenu et qui cependant, vous envoûtent. Que vous discernez des courbes, des lignes gracieuses, à peine perceptibles tant elles semblent se créer et se désagréger devant vous. Imaginez-vous seul, avec elle. Imaginez que même l'air que vous respirez semble une partie d'elle, qu'elle volute et vous enivre. Que vous devenez blême, comme elle, et néanmoins fiévreux, comme elle, ressentant une de ces blessures qui ne font pas couler de sang. Imaginez qu'il est trop tard, mais que cette nuit est une invitation à vivre un moment privilégié, surnaturel.
Voilà le sortilège que jette sur nous
Wounds, deuxième album des Anglais de Fvnerals. « Une suite logique », pour employer des termes moins imagés, où Tiffany Ström et sa bande développent davantage ce qui faisait la force de
The Light tout en le déclinant. Affaire de contrastes : se présentant d'emblée comme étant plus construit, formel, que son prédécesseur, le disque nous intéressant aujourd'hui n'en devient que plus mystérieux et cinglant à la fois. La formation n'a plus la politesse de montrer sa détresse sous un air détaché : elle l'expose et explose, dans des instants nus où son style langoureux, fait de mélodies glissantes, arrache ce qui nous retient de se mêler à elle.
Il y a donc sur
Wounds, contrairement à sa rectiligne grande sœur, des passages que l'on peut citer et acclamer, de ce morceau-titre aux guitares enfumées au piano mortuaire de « Where », en passant par la marche forcée, aux jambes décharnées, de « Antlers » ou encore « Crown » et ses lignes de chant occultes. De même, la production, s'attachant toujours à rendre chaque note lisible, s'est drapée d'une robe de cendre, donnant plus de texture à des compositions autrement fantomatiques. Mais le principal reste cette capacité à peindre, sans que l'on arrive à savoir comment, une ambiance irréelle sur laquelle nous ne parvenons pas à prendre prise. Fvnerals est toujours cette chose aussi belle que malade, féminine que macabre. Affirmée, elle a réussi à donner à ses tours de passe-passe une aura plus forte, où le sentiment de solitude étincelle et nous infecte.
Seul, vous ne l'êtes plus. Et pourtant, vous vous sentez seul, un poids inconnu vous écrasant progressivement, sans possibilité de vous sauver. Pire, comme dépossédé de vous-même, vous ne souhaitez que rester ici, près d'elle, malgré cette atmosphère qui vous comprime. « Une malédiction », pour employer des termes moins imagés, ainsi qu'un flash inespéré d'une réalité alternative où l'expérience féminine de The Wounded Kings aurait porté tous les fruits morbides qu'on était en droit d'en attendre. Mais avant tout, une nouvelle œuvre de Fvnerals, ce groupe méconnu qui, bien qu'il suggère ici de façon subliminale être encore capable de mieux/pire, mérite qu'on le présente sans comparaison aucune. Car honnêtement, qui comparer à... ça ?
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