Déjà très en retard dans la rédaction de ma chronique du deuxième album des Canadiens publiée un petit peu plus tôt cette année (le très bon
A Diabolic Thirst sorti en 2021), je me fais aujourd’hui violence afin de ne pas réitérer ce travers et ainsi tenter de coller un tant soit peu à l’actualité malgré tout de même quelques mois de latence...
Intitulé
Songs Of Blood And Mire, ce troisième album paru en août dernier sur le label Profound Lore Records semble vouloir s’imposer au premier coup d’oeil comme la suite directe de son prédécesseur. En effet, on doit une fois encore la photographie servant d’illustration à ce nouveau méfait à l’artiste pluridisciplinaire Marie Ségolène C. Brault. Une oeuvre qui, sans être absolument identique (de la prise de vue à la mise en scène en passant par ce noir et blanc moins profond ou cette luminosité plus intense, de nombreux points diffèrent) va pourtant en reprendre plusieurs éléments clefs comme ce personnage central non-identifié, ces nombreux cierges fièrement dressés dans la pénombre, cette table en bois que l’on distingue à peine ou bien encore ces coupes et autres verres à pied... Un décorum ainsi qu’une mise en scène qui cette fois-ci ne semblent pas prêter à sourire si l’on en croit l’absence de remarques acides recensées sur le sujet...
Enregistré sans grande surprise par l’indéboulonnable Patrick McDowall puis passé ensuite entre les mains de monsieur James Plotkin (Khanate, ex-Atomsmasher, ex-Phantomsmasher...) en charge ici du mastering,
Songs Of Blood And Mire est surtout marqué par l’arrivée d’un nouveau guitariste en la personne d’Andres Arango. Un Chilien résidant à Montréal venu remplacer Sean Zumbusch et que certains d’entre vous ont peut-être déjà entendu ailleurs, notamment au sein de Cauchemar ou de Metalian où il y tient la basse.
Quoi qu’il en soit, trois ans après
A Diabolic Thirst, Spectral Wound semble toujours autant décidé à marquer les esprits grâce à ce Black Metal vif et mélodique qui est le sien. En effet, comme le suggère cette photographie dont nous venons justement de parler,
Songs Of Blood And Mire n’a rien de bien nouveau à offrir dans la mesure où ce nouvel album va tout simplement se contenter de reprendre les choses là où Spectral Wound les avait laissées trois ans auparavant.
S’il est un album plein de nuances et de contrastes, ce quatrième longue-durée des Québécois n’en reste pas moins mené le couteau entre les dents. Un rythme toujours aussi soutenu qui passe une fois de plus par d’intenses séquences tout en trémolos et autres blasts punitifs quasiment ininterrompus. Certes, tout cela n’a effectivement rien de très nouveau mais l’efficacité de ce genre de formule n’est clairement plus à démontrer aujourd’hui. D’autant plus que Spectral Wound compte dans ses effectifs une paire de guitaristes dotés tous les deux d’un sens de la mélodie particulièrement affûté. En effet, malgré ces changements de rythmes qui permettent aux Canadiens d’amener un petit peu plus de matière et de profondeur à leur Black Metal, ce sont surtout le caractère entêtant de ces riffs et la nature épique de ces mélodies qui permettent à Spectral Wound de tirer aussi distinctement son épingle du jeu. Largement inspiré par la scène finlandaise (Sargeist et Horna en tête) ainsi que par leurs compatriotes de Forteresse, le groupe de Montréal apporte à chacune de ces sept nouvelles compositions tout un tas de mélodies particulièrement addictives et immédiates qui ont vite fait de convaincre et de s’incruster dans notre mémoire. De "Fevers And Suffering" et ses attaques implacables et malfaisantes à "At Wine-Dark Midnight In Mouldering Halls" et ses premières secondes saisissantes, les arrangements acoustiques de "At Wine-Dark Midnight In Mouldering Halls" et "The Horn Marauding" en passant par "Aristocratic Suicidal Black Metal" et ce long solo particulièrement bien troussé, "Less And Less Human, O Savage Spirit" et ses mélodies froides et belliqueuses ou bien encore "Twelve Moons In Hell" et ses atours épiques évoquants bien davantage les grands espaces naturels recouverts d’un épais manteau de neige, Spectral Wound propose un large éventail de mélodies qui ne devraient pas manquer de faire mouche dès la première écoute.
Si ce n’est évidemment pas ce que l’on retient en premier lieu lorsque l’on écoute la musique des Canadiens, les passages les plus modérés que le groupe a à offrir restent pourtant d’excellente facture. C’est d’ailleurs heureux car ces derniers sont plutôt nombreux puisque comme sur
A Diabolic Thirst, les sept morceaux qui composent ce nouvel album ne descendent jamais en dessous des cinq minutes. Aussi, afin d’apporter ce qu’il faut de relief à sa recette, Spectral Wound a choisi de rompre de manière assez régulière avec ses assauts soutenus évoqués plus haut. Si un titre tel que "Aristocratic Suicidal Black Metal" va jouer la carte du mid-tempo tout au long de ses six minutes, c’est plutôt sous forme de séquences plus brèves que nous sont proposés ces instants. De "Fevers And Suffering" à 1:50 à "At Wine-Dark Midnight In Mouldering Halls" à 1:46, 3:50 et 4:59 en passant par "The Horn Marauding" à 1:05, "Less And Less Human, O Savage Spirit" à 5:11 ou "A Coin Upon The Tongue" à 3:29, les baisses de régime ne manquant pas et vont permettre en effet de trancher de manière significative avec tous ces moments bien plus intenses qui ponctuent tout l’album.
Bref, vous l’aurez compris, trois ans après son prédécesseur et malgré un changement de guitariste, Spectral Wound renoue avec le succès grâce à un nouvel album qui, s’il n’offre aucune surprise ou presque (si ce n’est quelques arrangements nouveaux que je ne crois pas avoir déjà entendu chez les Québécois), demeure d’une efficacité à toute épreuve. Toujours aussi redoutable et pourtant toujours aussi mélodique, le Black Metal de Spectral Wound convainc dès les premiers tours de roue grâce à une intensité toujours aussi marquée, à des riffs diaboliques et un sens inné de la mélodie qui fait mouche. Une combinaison gagnante qui ne fera pas bouger les lignes mais qui au moment des bilans de fin d’année risque encore une fois de placer le groupe de Montréal parmi les meilleures sorties de l’année. Une position que le groupe n’aura pas volée d’autant qu’en matière de longévité,
Songs Of Blood And Mire semble vouloir supplanter son prédécesseur.
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