chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Arizmenda - Stillbirth in the Temple of Venus

Chronique

Arizmenda Stillbirth in the Temple of Venus
Aller jusqu'au bout de ses propres cauchemars. Les ressasser sans cesse, en extraire la substantifique moelle et les compresser en six pistes. C'est ce qu'à toujours fait Arizmenda depuis sa formation jusqu'à son dernier full-lenght en date intitulé « Stillbirth in the Temple of Venus ». La dégénérescence mentale a toujours été le thème de prédilection de Murdunbad, là où ses compères se focalisent sur des idéologies plus revendicatrices. Ce qui est d'ailleurs assez remarquable avec Arizmenda, c'est cette constance à rester dans un univers propre, à le travailler jusque dans ses moindres recoins. On pourrait même émettre l'hypothèse que Murdunbad refuse de sortir de ce carcan psychologique qu'il s'est imposé et qui fait désormais partie de son approche musicale.

Comme toutes ses autres sorties, notamment le très bon « Within the Vacuum Of Infinity », « Stillbirth in the Temple of Venus » est obscur, impénétrable, angoissant et fichtrement incompréhensible au premier abord. Il faut dire que le premier morceau du disque, celui qui est sensé nous introduire dans les compositions de cet album est clairement le plus inabordable. Anti-mélodique et saucé par une production bien évidemment ultra-saturée et victime d'un dubbing catastrophique « Scabbed Knees, Rope and Vaseline » propose neuf minutes et quelques de dévastation musicale, de guitares hurlantes, de souffle sonore similaire à celui de taureau expirant de ses nasaux humides un air chaud et impropre faisant frissonner votre nuque.

Arizmenda ne rigole pas, ne veut pas être rangé la case du True-Black évident et même si son esthétique obscure et sa production rugueuse sont à mettre dans la droite continuité des Légions Noires, son approche de l'arrangement, de la composition, sa façon de malaxer les notes avec une inévidence dégoulinante appartient belle et bien à un avant-gardisme musical des plus remarquables. On citera une kyrielle de riffs tous plus dégobillants les uns que les autres, par exemple celui joint à l’accélération de tempo sur « Cum In Your Wound ». Sexuellement pulvérisé, Arizmenda est aussi instable que les vomissures musicales et jouissives qu'il propose. Si certains groupes sont connus pour leurs paroles explicites (Woods Of Infinity, Diapsiquir...), Murdunbad et son projet solo s'inscrivent dans une saleté tenace, dans une scatophilie dissimulée, dans un inceste constant, mu par un mélange d'excitation déviante et d'inculture sociale. En ce sens, « Stillbirth in the Temple of Venus » serait presque une sorte de « Cent Ans de Solitude » Black Metal, où l'on suivrait les errances générationnelles de paumés, d'ignares si attachants qu'ils en deviennent beaux, malgré la laideur de leurs actes. L'hypersexualité en quelque sorte, le satyriasis des Grecs qui donne même son nom à l'avant-dernier morceau de l'opus.

C'est d'ailleurs quand « l 'innocence » apparaît thématiquement que le propos du groupe change, que la tristesse prend le pas sur l'excitation et la folie. « Innoncence And Illness » est incontestablement le plus beau titre du disque, même si tous les morceaux ont de quoi faire de l'ombre à ce dernier par des salves mélodiques tordues mais étrangement touchantes. Chercher l'émotion dans les recoins les plus sombres de l'humanité. Chercher la lumière de Lucifer dans les méandres d'un primitivisme assumé et caricaturé. Les ralentissements si poisseux soient-ils (l'entame de « Rotten Seed... Poisonned Egg » est fantastique) sont pourtant tous le théâtre d'une tragi-comédie, surjouée jusqu'à l'absurde, jusqu'au dégoût, jusqu'à violer les trois tabous théâtraux sur scène. Jusqu'à la mise à mort de l'art lui-même pour mieux le reconstruire dans des phrases musicales opaques, distordues mais qui prennent tout leur sens quand elles sont mises dans leur contexte particulier.

La folie dégénérative, la folie qui infuse dans le crâne aussi longtemps que possible jusqu'à progressivement le dépouillé de toute conscience, lui rendre sa bestialité impulsive, sa violence, ses doutes, ses peurs. Paradoxalement dégoûtant et attirant, « Stillbirth in the Temple of Venus » est un album qui repousse ses propres limites, qui s'approche dangereusement des frontières qu'on ne peut pas traverser. Borderline des orteils aux cheveux, chancelant, bancal aussi bien dans sa musique pétrie dans tous les sens comme de la pâte à pain que dans ses thématiques est un vibrant hommage à la déviance primaire et au retour à la Terre comme seule maîtresse spirituelle, ce dernier opus d'Arizmenda plonge la tête dans la boue, l'avale et la recrache sur son corps comme un enduit de protection destiné à repousser toute tentative d'humanité.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Arizmenda
Black Metal
2014 - Crepusculo Negro
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs :   -
Webzines : (1)  9/10

plus d'infos sur
Arizmenda
Arizmenda
Black Metal - 2007 - Etats-Unis
  

tracklist
Side A
01.   Scabbed Knees, Rope and Vaseline  (09:57)
02.   Cum in Your Wound  (11:57)
03.   Rotted Seed...Poisoned Egg  (09:29)
Side B
04.   Innocence and Illness  (08:30)
05.   Satyriasis  (09:24)
06.   Voices in My Bed  (07:54)

Durée : 57.44 min.

line up
parution
10 Octobre 2014

voir aussi
Arizmenda
Arizmenda
Within the Vacuum of Infinity

2009 - Crepusculo Negro
  
Volahn / Shataan / Arizmenda / Kallathon
Volahn / Shataan / Arizmenda / Kallathon
Desert Dances And Serpent Sermons (Split-CD)

2015 - The Ajna Offensive / Iron Bonehead Productions / Crepusculo Negro
  

Essayez aussi
Nécropole
Nécropole
Ostara (Démo)

2015 - Résilience
  
Gryftigæn
Gryftigæn
Graven Til Måneåpenbaringer

2020 - Autoproduction
  
Hulder
Hulder
Embraced By Darkness Mysts (EP)

2019 - Stygian Black Hand
  
Black Citadel
Black Citadel
Relics Of Forgotten Satanist Wisdom (Compil.)

2017 - Amor Fati Productions
  
Sühnopfer
Sühnopfer
Nos Sombres Chapelles

2010 - Those Opposed Records
  

Xenoblight
Procreation
Lire la chronique
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Forbidden
Forbidden Evil
Lire la chronique
Brodequin
Harbinger Of Woe
Lire la chronique
Invocator
Excursion Demise
Lire la chronique
Necromanteum EU/UK Tour 2024
Aborted + Carnifex + Revoca...
Lire le live report
Headless Hunter
The Undertaker
Lire la chronique
Exa
Left in Shards
Lire la chronique
Master
Saints Dispelled
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
No Return
Self Mutilation
Lire la chronique
Campaign for Musical Destruction Tour 2024
Master + Napalm Death + Pri...
Lire le live report
Monolyth + Përl + Nemost
Lire le live report
Electrocutioner
False Idols
Lire la chronique
Kaos 696 Winter War 2024
Helldrifter + Impiety + Nihilo
Lire le live report
Acid Force
World Targets In Megadeaths
Lire la chronique
Eradikated
Descendants
Lire la chronique
Bilan 2023
Lire le bilan
The Bleeding
Monokrator
Lire la chronique
Les Sakrif'or BLACK METAL 2023
Lire le podcast
Endless
Hand of God
Lire la chronique
Spit Your Hate
United (EP)
Lire la chronique
Inculter
Morbid Origin
Lire la chronique
Trastorned
Into The Void
Lire la chronique