Tantra - Death Trance Ritual
Chronique
Tantra Death Trance Ritual
L'année 2015 a été riche en surprises et découvertes en tout genre. Difficile d'ailleurs de faire le tri sans passer à côté d'une pépite, mais faute de temps il faut savoir faire des choix... En tout cas dans la catégorie des révélations inattendues, les Singapouriens de Tantra se posent là ! Sortie de nulle part, la jeune formation débarque dans la scène underground avec un premier album sorti l'an passé via Dies Irae Productions (Impiety, Dim Mak,...) et distribué par leur propre soin. Heureusement le trio se débrouille plutôt bien question communication, de même le bouche-à-oreille fait bien son œuvre. Quelques structures – notamment Caligari Records –, basées en Amérique du Nord ou encore en Europe, viendront au fil du temps leur prêter main forte afin de propager la bonne parole. Et c'est en m'enlisant sur le site d'Iron Bonehead que je suis de nouveau tombée sur ce groupe, après une écoute trop distraite des mois plus tôt. Une seconde rencontre salvatrice qui m'a permis de replonger plus sérieusement dans l'univers du trio et de leur black metal imprégné par leur culture, aussi ritualiste qu'incandescent.
Des racines qui ressortent toutefois avec parcimonie sur Death Trance Ritual en dépit de nombreux signes avant-coureurs (artwork, titres, layout, photos de groupe, mise en scène de leurs prestations,...). En effet, les passages tant cérémoniels que traditionnels semblent servir de cadre pour cet album, ouvrant et clôturant le rite mené par Tantra. Des petites touches également bienvenues sur les introductions de « Mutual Benefit Friendly Society » et « Up The Hills To Burn Away » qui s'intègrent parfaitement aux compositions et vous permettent de reprendre votre souffle. Mais plus que des accalmies épurées celles-ci donnent du rythme à l'ensemble ainsi qu'un certain cachet, le groupe entremêlant de façon hétéroclite monde moderne et traditions ancestrales qui lui sont chères. Le trio aime jouer sur le contraste obscurité/luminosité, faisant notamment entrechoquer un propos très méditatif et rayonnant à des sonorités black des plus abrasives – le massif « Mutual Benefit Friendly Society » étant le point culminant. Néanmoins la formation y va par étapes avec un titre introductif low/mid tempo posant les bases, avec une production raw à souhait, des guitares bien grésillantes ainsi que le chant aigu très écorché de Pestilent. Et sans forcer le trait les musiciens vous happent grâce à des boucles mélodiques entêtantes, installant une ambiance à la fois lourde, cradingue mais prenante. Un « Into The New World » rampant – dépassant les 9 minutes – qui tient en haleine par de légères variations ainsi qu'un final jouissif, vous sortant quelque peu de votre torpeur.
Les influences se font clairement sentir au fil de l'écoute, puisant dans la scène black metal norvégienne et particulièrement Burzum pour les parties lentes, arides et hypnotiques que vous retrouvez sur le titre introductif ainsi que certaines parties dans la seconde moitié de « Mutual Benefit Friendly Society ». Cependant ce dernier se démarque clairement avec une entrée en matière détonante suivie de riffs aussi acérés qu'efficaces à vous briser la nuque – et où plane le spectre Quorthon. Mais après des débuts tonitruants, Tantra prend tout le monde de court et offre une nouvelle facette de sa personnalité sur les deux derniers morceaux. Car – comme dit plus haut – les Singapouriens affectionnent le clair-obscur et ils le démontrent une nouvelle fois de fort belle manière. Au delà de l’opposition fond/forme, le groupe va donc alléger son style pour tendre vers un black metal atmosphérique très aérien, se délestant au passage des sonorités old-school. Un changement de cap assez étonnant mais s'effectuant avec douceur. En effet vous retrouvez toujours ce fond glacé dû à une production primitive, seulement l'accent est davantage mis sur les ambiances éthérées ainsi que les lignes mélodiques. En résulte une grande fluidité lors des transitions entre interludes ritualistes et passages black metal. De même, le batteur fait montre de toujours plus de finesse dans son jeu et le chant de Pestilent prend un tour très dépressif, empli d'émotions, accentuant le côté épique de ces longues complaintes. Vous vous laissez d'ailleurs aisément porter par la musique contemplative du trio – dont la comparaison avec Drudkh est inévitable – et ce dès les premières minutes de la caressante « Iskarioutha ».
Tantra délivre un premier album réussi et très nuancé se concluant par un « Up The Hills To Burn Away » plus typé. Néanmoins si les Singapouriens font preuve de maîtrise, passant d'un style à l'autre avec facilité et proposant un univers singulier, les influences se font un peu trop sentir par endroit. De plus le groupe gagnerait davantage à accentuer le côté ritualiste et traditionnel de leur musique. Rien de bien méchant donc, le potentiel est clairement là mais j'en attends encore plus de la part de ces jeunes musiciens.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo