Amaguq - Occult Rituals Of Anthropophagous Worship
Chronique
Amaguq Occult Rituals Of Anthropophagous Worship
Le Monde tel que nous le connaissons s'est longtemps articulé autour de mythes et de croyances bien souvent infondées. Pourtant, la puissance évocatrice de ces récits continue, siècle après siècle, à nourrir l'imaginaire de populations entières qu'elles soient primitives ou modernes. Rien de surprenant à ce que ces mythes servent alors d'inspiration à de nombreux artistes allant des peintres aux cinéastes en passant bien évidemment par les musiciens, notamment dans le petit monde du Hard.
Après plusieurs plongées au cœur des mythes égyptiens, nordiques, sud-américains, grecs, chrétiens, islamiques... voilà aujourd'hui un groupe qui s'intéresse aux divers mythes inuits. Répondant au nom d'Amaguq (dieu des loups et personnage farceur issu du folklore inuit), le groupe se forme en 2010 à l'initiative de deux frangins mais doit néanmoins faire face à de nombreux problèmes de line-up. Ce n'est donc qu'en 2016 qu'Amaguq sort sa toute première démo intitulée Hideous Chants Of The Apocalypse. Basé en région parisienne mais originaire du Canada, le trio récidive quelques mois plus tard avec cette fois-ci la sortie d'un premier album disponible depuis peu via le label rennais Impious Desecration Records (Abjvration, Cadaveric Fumes, Hexecutor, Tentation...).
Citant des groupes tels que Beherit, Impaled Nazarene, Blasphemy et Conqueror pour influences, Amaguq ne fait d'emblée aucun mystère de sa formule. Une écoute même distraite de ce Occult Rituals Of Anthropophagous Worship suffit effectivement à comprendre là où l'on met les pieds. Mais si le trio ne fait pas preuve d'une originalité particulièrement débordante, on ne peut pas nier qu'il cherche (et réussit) à cultiver une certaine différence. Celle-ci se fait à travers la mise en avant de sonorités traditionnelles inouit ("Intro, Of Nefarious Ritual And Demonic Discord", "Outro, Of Corrosive Tears And Amaguq Worship") ainsi que par l'utilisation plutôt surprenante d'un clavier aux mélodies vintage("Paroxysmal War Cry Of Vengeance" à 2:19, "Dance Of Darkness (The Awakening Of Gods)" à 0:12, "Open The Gates To The Netherworld" à 1:21, "Uktena" à 1:40, "Fire From The Sky Will Burn The Angels Down" à 3:54, etc). Bien que ces éléments à l'identité sonore très marquée soient utilisés avec parcimonie et toujours à bon escient (encore une fois, le décalage entre ce clavier seventies et ce Black bestial est assez saisissant d'autant plus qu'il ne fait pas tâche), on aurait malgré tout apprécié entendre davantage de ces sonorités folkloriques inuites qui apportent tant d'exotisme à un genre dont les codes sont très rarement transgressés et dont il est osé de s'écarter. Dommage qu'un groupe qui aborde de tels sujets à travers ses paroles se soit montré aussi frileux à ce niveau-là, l'atmosphère qui émane d'Occult Rituals Of Anthropophagous Worship n'en aurait été que plus immersive.
Pour le reste, Amaguq emprunte effectivement beaucoup aux Finlandais d'Impaled Nazarene ainsi qu'aux Canadiens de Blasphemy (dans une moindre mesure néanmoins). Sur des rythmiques ultra Punk menées le couteau entre les dents, le groupe va venir poser ses riffs Black simples et vicelards avec une férocité à vous glacer le sang. Ces assauts sont bien évidemment entrecoupés par quelques séquences mid-tempo assassines histoire de taper un peu du pied et se démonter les cervicales ainsi que par quelques solos bordéliques du meilleur effet. Tout dans l'urgence, Amaguq ne s'embarrasse d'aucun détail mais apporte soin et profondeur à l'ambiance générale de ce premier essai grâce à un panel vocal relativement varié que se partage ici deux des trois musiciens. Chant grave et profond, voix éructée plus ou moins proche selon les moments, séquences hallucinées et/ou angoissées... Une diversité qui va apporter de la profondeur à la musique primitive d'Amaguq sans pour autant l'alourdir. Aidé par une production métallique particulièrement lisible pour le genre pratiqué ici, le trio s'assure de ne laisser personne sur le bas côté faute de riffs incompréhensibles et de batterie sur-mixée.
Difficile d'apporter sa touche personnelle dans un registre comme celui que pratique ici Amaguq. Pourtant, et même si on aurait aimé davantage d'engagement en ce sens (ces fameuses sonorités inuites utilisées en introduction et en conclusion auraient vraiment méritées d'être développées tout au long de l'album), on ne peut que saluer l'audace dont fait preuve le trio à plusieurs reprises. Même discret, ce clavier aux sonorités particulièrement rétro apportent effectivement un soupçon de mélodie inattendu sans nuire pour autant à l'efficacité de ces compositions des plus redoutables. Si la qualité des compositions peut évidement encore être améliorée (certains riffs/mélodies ne sont pas aussi marquants/efficaces), on tient tout de même avec Occult Rituals Of Anthropophagous Worship un premier album particulièrement bien fichu qui devrait aisément séduire tous les amateurs de Black bestial.
| AxGxB 30 Août 2017 - 974 lectures |
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