Misþyrming - Söngvar elds og óreiðu
Chronique
Misþyrming Söngvar elds og óreiðu
Il va falloir vous habituer à l'Islandais ou encore au vieux norrois car la vague venue du Nord n'a pas fini de s'abattre sur vous, loin de là ! Vous serez pris par ce flot violent et continu, croulant sous les nouvelles sorties de formations officiant dans des styles divers et variés et ayant déjà de la bouteille telles Fortíð, Skàlmöld ou encore Momentum ˗ dont le nom lisible fait figure d'intrus. De même, vous ploierez sous le nombre toujours croissant de nouvelles entités. L'une d'elle va d'ailleurs rapidement se démarquer en ce début d'année, ayant déjà suscité un incroyable engouement avant même la parution de son premier opus. Deux titres postés fin 2014 sur le Bandcamp du label underground américain Fallen Empire ˗ spécialisé dans le Black Metal ˗ auront suffit à allumer la flamme, laissant l'auditorat bouillir d'impatience pendant deux longs mois.
Si au début de l'aventure, en 2013, Misþyrming n'était qu'un projet solo mené par D.G. (Naðra) ˗ un des fondateurs du label Vánagandr ˗ celui-ci sera vite rejoint par le batteur H.R.H. (Carpe Noctem). La jeune formation va d'ailleurs rapidement prendre corps, se fixant des objectifs très élevés. Pas de demo, d'EP ni même de split, le duo débarque donc avec leur premier long format Söngvar elds og óreiðu deux années plus tard. Suintant le soufre à plein nez à l'image du brumeux artwork, la musique des Islandais est un beau condensé de mélodies éthérées imparables et d'orthodoxie tant sombre que tortueuse. Une religiosité retranscrite par des ambiances à la fois psychédéliques et angoissantes comme sur la fin de « Endalokasálmar ». Cependant contrairement à d'autres formations telles Sinmara on ne retrouve pas ce côté organique et entêtant vous plongeant lentement mais sûrement dans les abîmes.
Les atmosphères sont ici plus éclectiques, en témoignent « Frostauðn » et « Stjörnuþoka », deux titres instrumentaux ambient aussi glaçants qu'énigmatiques. Un aspect mis en relief par une production claquante et grésillante conférant à l'ensemble une petite touche indus et moderne. Misþyrming ne mise pas sur la puissance ou une clarté excessive, délivrant une musique mécanique et chaotique portée par des guitares très dissonantes renvoyant à Deathspell Omega ˗ notamment Kénôse. Vous vous sentez mal à l'aise, remuant sur place, à l'écoute de certains morceaux et passages avec leurs airs aussi malsains que maladifs. Les lamentations funèbres de D.G., semblant parvenir d'un gouffre béant, viennent accentuer le propos (sur « ...af þjáningu og þrá » entre autres). Toutefois si le duo effectue un énorme travail sur les ambiances et effets, développant ainsi son univers tant rituel qu'occulte, comme cela est le cas sur « Ég byggði dyr í eyðimörkinni », la durée des morceaux reste relativement courte.
D'où le côté extrêmement incisif de Söngvar elds og óreiðu et sa grande fluidité qui vous séduiront, à n'en point douter, dès la première écoute. Car contrairement à d'autres, le souffle ne retombe pas au fil du temps, loin de là ! Celui-ci se révélera sans cesse, vous trouverez ici et là des petites subtilités comme l'excellente rythmique avec des lignes de basse jouissives. Une basse qui, malgré la production rugueuse et étouffée, se distingue nettement, jouant presque les premiers rôles sur certains passages ˗ « Friðþæging blýþungra hjartna » par exemple. Elle donne un grain particulier aux compositions, gagnant en profondeur et en impact. Malgré la noirceur et la nocivité de l'opus, celui-ci regorge de parties plus lumineuses portées par des mélodies imparables. Une lumière certes crue et blafarde mais dont les rayons viennent progressivement vous enlacer. Un aspect à la fois fabuleux mais nocif de part son effet des plus addictifs qui s'intensifiera au fil de l'écoute avec comme point d'orgue le bel « Er haustið ber að garði ».
Le groupe vous ensorcelle avec des parties aussi puissantes qu'épiques constellant l'album, que ce soit sur des titres vindicatifs ˗ « Söngur heiftar » ˗ ou d'autres plus tempérés comme « Friðþæging blýþungra hjartna ». Le duo ne desserrera jamais l'étau vous assenant riffs percutants sur riffs percutants, jouant sur les variations avec notamment D.G. qui passe aisément d'un chant éraillé, possédé, partant dans les aigus, à un chant plus caverneux et viril. Si l'ensemble manque quelque peu de spontanéité par son côté très carré et propre, cela ne pénalise en rien Söngvar elds og óreiðu qui est un véritable coup de maître pour un premier essai. Le clan qui s'est formé autour du jeune label islandais Vánagandr, spécialisé dans le format cassette, prend de plus en plus d'ampleur, fourmillant de formations à suivre de près et dont Misþyrming semble être, à ce jour, le meilleur représentant.
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