Il y a quelques semaines j'évoquais avec vous le cas de Whoredom Rife dans le cadre d'une chronique dédiée à leur premier EP intitulé
The Worship Of Idols Instead Of God; Idolatry. Les Norvégiens ont depuis sorti, toujours chez Terratur Possessions, un premier album intitulé
Dommedagskvad. L'occasion était donc trop belle pour ne pas vous en reparler dès aujourd'hui. D'autant que l'objet est particulièrement soigné. Pour commencer, l'artwork ainsi que les illustrations intérieures signées Jose Gabriel Alegría Sabogal sont vraiment magnifiques. Il y a dans son travail une véritable richesse du détails qui rend ses œuvres toutes plus captivantes les unes que les autres (notamment ses réalisations pour Nightbringer, Beheaded ou Inferno). Son travail est ici sublimé par l'utilisation d'un vernis sélectif apposé sur certains éléments comme par exemple le sang de cet agneau sacrifié. Et puis il y a l'objet, un très beau digipack qui, comme mentionné un peu plus haut, dévoile une fois ouvert un somptueux artwork sur lequel nos yeux vont venir se perdre. Bref, du bel ouvrage qui donne envie de se plonger dans l'écoute de
Dommedagskvad.
Un exercice pour lequel je ne me ferais pas prier puisqu'après une mise en bouche déjà particulièrement convaincante, j'attendais tout de même cette suite avec pas mal d'impatience. Sans parler d'attentes, j’espérais ainsi que le duo ferait au moins aussi bien que sur son premier EP. Un disque qui malgré un attachement très scolaire à certaines valeurs du Black Metal norvégien avait réussi à tirer son épingle du jeu grâce à un sens aiguisé de la mélodie associé à des sonorités propres à la scène de Trondheim dont le groupe est originaire.
S'inscrivant en toute logique dans le sillon de ce premier EP,
Dommedagskvad ne bénéficie pas tout à fait du même effet de surprise. Mais si tous ceux qui ont déjà posé leurs oreilles sur ce premier enregistrement de Whoredom Rife savent de quoi il retourne ici, cela ne rend pas cet album moins intéressant pour autant. Au contraire, on retrouve effectivement toutes les qualités déjà énoncées précédemment à commencer par un sens particulièrement affûté de la mélodie. Une prédisposition pour les élans épiques et glacés qui va une fois encore largement contribuer à la construction d'une atmosphère typiquement nordique dans ce qu'elle peut avoir de plus éblouissant (qui ose encore aujourd'hui douter de l'efficacité des trémolos ?). Fermez les yeux et vous verrez alors apparaître devant vous ces menaçants et pourtant magnifiques paysages norvégiens balayés par les terribles assauts du vent et de la neige ou bien ces majestueuses forêts ancestrales pleines d'histoires et de mystères. Ces mélodies qui vont vous prendre aux tripes sont portées une fois de plus par de discrètes nappes de clavier (un peu à la manière d'un Emperor dans cette approche spatiale/orchestrale) prenant le plus souvent la forme de voix lointaines et fantomatiques. On trouve également quelques passages acoustiques très bien amenés comme sur le break de "Beyond The Skies Of God" à 4:11 ou la conclusion de "Pilgrim" qui à leur manière, vont venir apporter un peu de douceur dans des moments jusque-là menés alors tambours battants
Cette richesse mélodique vient contrebalancer un riffing décharné et abrasif dans la plus grande tradition norvégienne. Sans être un défaut, ce jeu simple et entendu pourrait effectivement apparaître comme le talon d'Achille d'un Whoredom Rife ultra classique dans le fond comme dans la forme. Pourtant, grâce à un sens développé de l'efficacité, il n'en est rien et l'homme à tout faire qu'est V. Einride apparaît très vite comme une redoutable usine à riffs. Certes, il n'y a pas de quoi crier au génie ou bien se prendre la tête entre les mains mais chaque séquence fonctionne ici parfaitement, contribuant autant à cette atmosphère enneigée ("Beyond The Skies Of God" à 1:57, 2:53 et son break à 3:33, "Cursing The Storm To Come", "Spir" et "Svik" et ce riffing noir ultra incisif, etc) qu'à cette ambiance plus lumineuse qui irradie de temps à autre l'auditeur (les premiers mesures de "Beyond The Skies Of God" puis à 4:29, "Cursing The Storm To Come" à 3:00, "Svik" à 3:30 et 4:42 et ainsi de suite). Ce travail mélodique contraste également avec une section rythmique bloquée l'essentiel du temps en mode blast beat ou tchouka tchouka, apportant ainsi un semblant de relief particulièrement bienvenue en faisant passer subtilement ces séquences de matraquage au second plan.
S'il s'attache à respecter un cahier des charges depuis longtemps éprouvé sans rien remettre en question, Whoredom Rife livre avec
Dommedagskvad un premier album franchement réussi qui ne souffre d'aucun défaut particulier à l'exception peut-être d'une introduction pas franchement très intéressante (quelques cloches lointaines et puis c'est tout...). Ainsi, au delà du degré élevé d'efficacité délivré par chaque composition principalement grâce à une batterie des plus volontaires et à une succession de riffs tranchants comme la glace, on retiendra surtout l'excellent travail effectué sur les mélodies. Que ce soit à travers l'utilisation de nappes synthétiques dont le rôle majeur n'a d'égal que le degré de discrétion avec lequel elles sont utilisées ou bien tout simplement grâce à des riffs majestueux qui vous feront vibrer de plaisir et sauront vous faire voyager dans de lointaines contrées, Whoredom Rife sait parfaitement comment s'y prendre pour embarquer l'auditeur avec lui et ne plus le lâcher. Avec
Dommedagskvad montre que le Black Metal dans sa forme la plus pure et la plus classique à encore de beaux jours devant lui si tant est qu'il soit parfaitement exécuté. Ce qui est bien évidemment le cas ici.
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