Si je suis complètement passé à côté de
Vinternatt, un EP acoustique qu’à sorti Whoredom Rife en décembre dernier via Bandcamp sous le patronyme de Whoredom Rife Emissary (EP qui sera d’ailleurs pressé en vinyle d’ici quelques semaines), ce split en compagnie de Taake n’est bien évidemment pas passé inaperçu. Sorti il y a quelques jours sous la bannière du label norvégien Terratur Possessions,
Pakt se présente sous la forme d’un joli vinyle 10" proposé dans trois couleurs différentes et dont les illustrations (de l’artwork à l’insert en passant par le poster géant) sont toutes signées José Gabriel Alegría Sabogal (déjà à l’oeuvre sur toutes les précédentes sorties de Whoredom Rife).
Au menu ici, deux titres par groupe et par face. Whoredom Rife avec deux inédits de plus de six minutes chacun. Taake avec un inédit et une reprise pour le moins inattendue du titre "Heartland" des Anglais de The Sisters Of Mercy. Soit quatre titres qui occuperont ainsi l’auditeur un tout petit peu moins de vingt-cinq minutes. Un ratio suffisamment équilibré pour justifier l’achat du dit objet.
D’autant que Whoredom Rife n’est pas là pour faire semblant, proposant effectivement deux excellentes nouvelles compositions qui, si elles baignent toujours autant dans ce classicisme typiquement norvégien, s’inscrivent très probablement dans ce que le groupe à fait de mieux à ce jour. Car si l’on pouvait effectivement reprocher à
Nid - Hymner Av Hat une certaine facilité et un caractère certes volontaire mais parfois ronronnant, le duo norvégien est ici impeccable. Sa formule n’a pourtant pas spécialement changé mais le résultat ne souffre d’aucune critique. Inspirés, efficaces, variés... ces deux nouveaux titres font ressortir le meilleur de Whoredom Rife. On retrouve ainsi sur "From Nameless Pagan Graves" ces sombres trémolos en provenance des grandes forets norvégiennes, ces leads mélodiques à vous glacer le sang, ce clavier discret mais qui pue tout de même à mort les années 90, ces attaques quasi-continues menées le couteau entre les dents, ces changements de rythme apportant nuances et ce chant noir et habité. Six minutes d’un Black Metal norvégien tout ce qu’il y a de plus classique mais d’une efficacité à toute épreuve. "En Lenke Smidd I Blod" va opter à l’inverse pour une approche totalement différence, calmant cruellement le jeu au profit d’un mid-tempo lancinant, mélancolique et particulièrement évocateur (l’immense nature norvégienne à perte de vue). Le rythme s’accélère toutefois légèrement sur le dernier tiers mais le ton reste néanmoins identique, notamment avec ces nappes de clavier, ces trémolos et cette guitare acoustique qui vient clôturer sur une note de douceur mélancolique ce dernier titre à l’aura très hivernale.
Sur la face B, on retrouve notre cher Hoest qui reprend ici du service après un peu plus de deux ans d’absence. Du haut de ses presque sept minutes, "Ubeseiret" est en quelque sorte un condensé de ce à quoi Taake nous a habitué ces dernières années. Un Black Metal racé, à la personnalité forte et où les idées se succèdent l’une après l’autre. On retrouve ainsi ce riffing très typé aux mélodies un brin déglinguées, ces changements de rythmes nombreux et parfois même incongrus (ce break de basse entamé à 3:23, cette conclusion acoustique) et donc ces plans qui se succèdent, parfois avec une cohérence des plus ténues que vient alors rattraper un riff ou une mélodie déjà entendue quelques secondes/minutes auparavant. Comme Whoredom Rife, Hoest reste ici dans sa zone de confort mais au moins ce qu’il fait, il le fait bien.
Plus surprenante est par contre cette reprise de The Sisters Of Mercy. Déjà parce que je ne m’attendais pas forcément à voir Taake reprendre un jour l’un des plus grands groupe de Rock gothique. Ensuite parce que tout en respectant la version originale, Hoest a réussi à s’approprier ce morceau et ainsi en proposer une version assez personnelle. Le Norvégien va ainsi atténuer la linéarité du titre d’Andrew Eldritch en l’exécutant en deux parties distinctes. Une première particulièrement dépouillée où seule la basse va reprendre le motif principal (avec le chant âpre de Hoest en appui) et une seconde entamée à 2:12 où le reste des instruments vont faire leur entrée pour un conclusion beaucoup plus proche de la version originale datant de 1992. Un exercice ma foi sympathique qui à le mérite de changer un peu.
Loin d’être un indispensable de part son format, ce split s’avère malgré tout de très bonne facture. Déjà parce que l’objet proposé par les groupes et Terratur Possessions est de très belle facture mais aussi et surtout parce que les quatre titres qui s’y trouvent sont vraiment très bon et cela chacun à leur manière. Et si
Pakt se destine essentiellement aux inconditionnels de Whoredom Rife et Taake, il atteste tout de même de l’excellente santé de ces deux formations dont les retours sur album ne devrait certainement plus trop tarder. À nouveau une belle leçon de Black Metal norvégien.
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