En ce qui me concerne, je dois bien avouer m’être éloigné de Taake depuis déjà un petit moment. Cela doit remonter pour être tout à fait exact à 2014 et la sortie de
Stridens Hus dont j’étais sensé m’occuper mais qui finalement figure depuis bientôt dix ans sur la liste des grands absents de Thrashocore… J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur surtout qu’il se pourrait peut-être que je me décide à corriger le tir un de ces quatre. Toujours est-il que mon collègue Sakrifiss en a naturellement profité pour prendre la main en rédigeant il y a déjà six ans une chronique plus ou moins enthousiaste à l’adresse de
Kong Vinter, sixième album du Norvégien considéré par mal d’auditeurs comme une franche déception...
Alors pourquoi m’engager à nouveau avec Taake après tout ce que je viens de vous dire ? Eh bien parce que ce successeur intitulé
Et Hav Av Avstand (A Sea Of Distance) s’avère bien plus plaisant que ses deux précédentes offrandes et que, grand prince, votre chroniqueur franco-japonais préféré s’est proposé de me laisser le choix. Du coup me revoilà la queue entre les jambes pour vous parler de ce qui est sûrement le meilleur album de Hoest depuis l’excellent
Noregs Vaapen.
Paru début septembre chez l’indéfectible Dark Essence Records avec lequel Taake collabore depuis bientôt deux décennies (avec en prime l’appui une fois de plus du label Svartekunst Produksjoner), ce nouvel album surprend en premier lieu par les chiffres qu’il avance. En effet, si la durée de ce dernier reste relativement peu étonnante (quarante-deux minutes au compteur), le nombre de nouveaux morceaux proposé l’est lui davantage puisque
Et Hav Av Avstand ne compte en effet que quatre titres dont trois affichés tout de même à plus de dix minutes. Un format plus allongé qu’à l’accoutumé qui fait évidemment écho à ces longues séquences instrumentales déjà présentes sur
Kong Vinter et à ce désir d’offrir à ses mélodies davantage d’espace et de lumière.
Produit une fois de plus par Bjørnar Erevik Nilsen (Aeternus, Blodhemn, Code, Helheim, Vulture Industries...),
Et Hav Av Avstand est servi par une production quasi-identique à celles de ses prédécesseurs. Un son naturel et décharné dénué d’artifices qui va comme d’habitude contribuer au caractère froid et authentique de Taake tout au long de ces quarante-deux minutes. Alors évidemment, ce choix de rester fidèle à une identité sonore ne va pas véritablement participer à la fraîcheur de ce nouvel album mais de toute façon il faut bien comprendre que Hoest n’a pas non plus choisi de changer son fusil d’épaule puisqu’avec
Et Hav Av Avstand il reste fidèle à sa formule de toujours. Alors pourquoi ce nouveau longue-durée semble-t-il faire davantage l’unanimité ? Eh bien tout simplement parce que le Norvégien a retrouvé une partie de cette inspiration qui lui faisait quelque peu défaut ces dix dernières années.
En effet, passé ces quelques bruits étranges servant d’introduction à "Denne Forblaaste Ruin Av En Bro", on va très vite retrouver le Taake que l’on apprécie avec ce rythme globalement tranquille mais néanmoins entrainant, ces quelques accélérations plus soutenues mais jamais hors d’haleine, cette voix âpre et spectrale aux hululements habités et pour terminer ces mélodies mélancoliques et automnales toujours aussi envoutantes. Des ingrédients qui ont toujours été présents chez le Norvégien mais qu’il a su ici manier plus habilement pour un résultat définitivement plus efficace et convaincant que ce qui a pu nous être donné à entendre ces dernières années. Pourtant, avec des titres s’étirant aux trois quarts sur plus de dix minutes, il n’était pas gagné d’avance que le one man band réussisse de nouveau à séduire... Un parti-pris qui, s’il s’avérait risqué sur le papier, se montre finalement payant à l’écoute de ces quatre nouvelles compositions qui derrière une évidente variété ont su conserver une véritable homogénéité.
Eh oui, on aurait pu légitimement s’imaginer que Taake se perdrait en chemin (et nous avec) en étirant son propos et en rallongeant aussi significativement ses compositions. Néanmoins il est agréable de constater qu’il n’en est rien et que c’est même plutôt l’effet inverse que le Norvégien réussi à produire en conservant sans mal notre attention tout au long de ces quarante-deux minutes. Son secret, ne pas s’évertuer à vouloir faire trop long inutilement sans pour autant frustrer l’auditeur par des séquences pouvant paraître trop courtes ou pas suffisamment développées, conserver une trame mélodique forte capable de marquer les esprits par le biais de quelques notes mélancoliques et poignantes ou bien encore à l’aide de riffs et autres leads dont il s’est fait une spécialité, varier les plaisirs en changeant régulièrement d’approche dynamique... Bref, rien de bien sorcier ni de très nouveau pour quiconque a déjà posé ses oreilles sur le Black Metal de Taake mais une relecture affinée, équilibrée et habile de tout ce que l’on apprécie chez le Norvégien plus flamboyant que jamais.
Retour en grâce pour le natif de Bergen qui avec ce huitième album vient finalement se rappeler à nos bons souvenirs après un passage à vide d’une petite dizaine d’années (en dépit de quelques coups d’éclats ici et là comme par exemple sur ce split en compagnie de ses compatriotes de Whoredom Rife). En effet, on ne va pas se mentir, on n’attendait pas forcément de Taake qu’il nous revienne avec sous le coude un album de seulement quatre titres dont trois affichés à plus de dix minutes. Encore une fois, le pari était osé mais force est de constater que le résultat est bel et bien là. Certes, Hoest ne s’est pas réinventé en faisant le choix d’étirer ses compositions mais ce faisant il y a su retrouver ce qui lui faisait défaut depuis un petit bout de temps à savoir de l’inspiration, de la justesse et de l’émotion. Résultat des courses, on se retrouve face à un album particulièrement solide naviguant avec brio entre ce que le Black Metal a de cru et de magnifique à la fois. C’est bien joué.
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