Trail Of Tears - Oscillation

Je vous l'avais promis, la voici enfin cette chronique du dernier Trail of Tears et je sais ô combien vous l'attendiez amis gothiques. S'il ne l'avouera jamais, même von_yaourt suit de près l'évolution de la carrière des Norvégiens depuis le décès de Chuck Schuldiner et trépignait d'impatience le mois dernier à l'annonce de cette sortie. Un des seuls points communs qu'il partage avec Keyser qui n'est pas plus enclin à rendre public cet aspect de sa personnalité. Autant vous dire que l'annonce du split qui a suivi l'arrivée de ce septième album a engendré une ambiance de mort au sein de l'équipe, une peine que la venue prochaine du nouveau Tristania n'a pas atténué. En ce qui me concerne, je m'étais arrêté sur l'excellent "Existentia" (2007), faisant l'impasse sur un "Bloodstained Endurance" ayant fait bonne presse en 2009. 6 ans plus tard, c'est mêlé d'une pointe de déception que les retrouvailles se sont faites.

Des références de l'âge d'or du metal gothique symphonique scandinave, il n'en reste plus beaucoup. Il est probable que tout ait été dit dans ce style et la plupart d'entre elles ont soit disparu, soit évolué. Il demeure néanmoins quelques irréductibles qui ont su maintenir la tradition et Trail of Tears en fait partie. Ce dernier témoignage du dur à cuire Ronny Thorsen qui aura survécu à de nombreux remaniement en est la preuve : entre les contrastes des premiers Tristania et l'efficacité d'un Nightwish, "Oscillation" s'inscrit dans un schéma largement éculé, mêlant agressivité, instrumentations épiques et chant féminin. Malgré tout, le groupe parvient à surprendre dès l'ouverture "Waves of Existence" par la violence de ses passages incisifs, à l'heure où la tendance est à l'apaisement. L'utilisation du chant féminin de la revenante Cathrine Paulsen est tout aussi incongrue : loin du rôle habituel attribué aux chanteuses dans ce genre de formations, la demoiselle pousse sa voix pour seconder les hurlements de Ronny, plus proche d'une Kimberly Goss (Sinergy) que d'une Vibeke Stene (ex-Tristania). Vous l'aurez compris, cette cuvée 2013 n'a donc rien d'une promenade de santé mollassonne ; au contraire, Trail of Tears a misé sur des titres (relativement) courts qui vont droit au but, délaissant toute once de sensualité pour embrasser des atmosphères froides et aseptisées, renforcées par des instrumentions qui s'aventurent parfois vers l'électronique.

Et d'une manière générale, les Norvégiens s'en sortent plutôt bien. Les compositions tiennent la route et proposent des variations intéressantes ainsi que des refrains qui vous impriment les oreilles. La conclusion "Eradicate" frise même la perfection dans son délicieux aspect synthétique. Cependant, l'album n'est pas exempt de défauts dont le principal pour moi est Cathrine elle-même. En effet, si cette dernière assure dans sa posture de femme de caractère, elle se montre totalement incapable de transmettre la moindre émotion et atteint ses limites sur les passages les plus calmes, allant jusqu'au carnage "Lost in Life" là où le duo Emmanuelle Zoldan / Kjetil Nordhus faisait toute la différence. Plus globalement, l'ensemble manque de personnalité et aurait gagné à être plus varié car si chaque titre a de quoi séduire, l'album finit par lasser. Evoluant trop souvent dans un registre tragico-épique un peu kitch, les instrumentations auraient également mérité un peu plus d'audace, chose que les Norvégiens savent faire en nous le prouvant par moments. Malgré tout, "Oscillation" reste un bon album qui saura convaincre tout amateur de gothique symphonique en manque de nouveauté. Trail of Tears n'aura pas à rougir de son dernier souffle, un groupe qui contrairement à bien d'autres, n'a jamais trahi son identité durant ses 15 ans de carrière. Aller Ronny, tu as bien droit à une petite pause.

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