Trail Of Tears - Existentia

A cause d'une exposition tardive, Trail Of Tears est longtemps resté dans l'ombre des pointures du metal gothique symphonique (Theatre of Tragedy, Tristania, Sirenia, The Sins Of Thy Beloved pour ne citer que les plus connus), considéré comme un pastiche dans le style. Pendant des années, les norvégiens ont tenté de se défaire de leur image de seconds couteaux de Napalm Records sans forcément arriver à s'extraire du lot. Mais depuis le début du siècle, le groupe n'a cessé d'aller de l'avant et a su maintenir le cap pendant que ses concurrents se cassaient la gueule les uns après les autres. En 2007, avec ce cinquième album sobrement appelé "Existentia", le combo signe un des meilleurs albums de l'année dans le style et sort enfin la tête de l'eau, pour notre plus grand bonheur.

Sans apporter de véritable révolution dans le petit monde du metal gothique, les norvégiens ont su trouver un équilibre intéressant, s'appuyant sur une base nourrie par de nombreuses influences (celles citées plus haut) agrémentée de touches de black symphonique. Mais contrairement à bon nombre de leurs collègues, la formule présente des caractéristiques différentes dont la plus flagrante reste le formatage des morceaux, tous compris entre 4:10 et 4:50, extrêmement accrocheurs de parts leurs refrains entêtants et leurs structures relativement simples. Pourtant, bizarrement, cela ne gêne en rien au plaisir que l'on peut éprouver à l'écoute de cet album. Car si la forme peut paraître racoleuse, Trail Of Tears a su soigner la richesse de ses compositions et de ses arrangements. Le groupe maîtrise à merveille l'équilibre entre les 3 types de chant proposés, les hurlements de Ronny Thorsen, le sublime chant féminin de Emmanuelle Zoldan et l'inégalable chant masculin de Kjetil Nordhus (Green Carnation) qui nous offre une prestation remarquable, assurant la majeure partie des refrains. L'instrumentation a elle aussi été savamment dosée, mêlant murs de guitares, guitares acoustiques et claviers aériens dans une atmosphère tantôt lourde et froide, tantôt plus triste et désespérée.

La plus grande force de "Existentia" réside sans doute dans sa faculté à vous sauter à la gorge sans crier gare. Si vous êtes un tant soit peu réceptif à ce genre de musique, il ne faudra que quelques minutes à cet album pour vous emporter, sans que vous ayez à faire le moindre pas vers lui. Cette facilité d'écoute pourrait en énerver plus d'un mais contrairement à bon nombre de production qualifiée de "easy-listening", "Existentia" possède assez de profondeur pour tenir la distance. Trail Of Tears a su lui insuffler cette âme qui manque à tant d'albums de metal gothique et qui lui procure une richesse émotionnelle touchante. On aurait pu néanmoins espérer une plus grande prise de risque et des morceaux un peu plus variés dans leur construction mais devant une telle bouffée de fraîcheur, il serait idiot de bouder son plaisir.

Sorti sur fond de split (Ronny Thorsen s'est retrouvé seul à la fin de l'enregistrement), "Existentia" aurait pu être la dernière production des norvégiens (qui en seraient sorti la tête haute). Mais Ronny Thorsen a su reprendre les choses en main et nous prépare un successeur pour 2009. Alors il n'y a plus qu'à espérer que Trail Of Tears pousse le style pratiqué sur ce cinquième album encore plus loin et s'installe enfin sur le trone du metal gothique symphonique encore vacant.

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