W.E.B. - Tartarus
Chronique
W.E.B. Tartarus
Ce qu’il y’a d’étonnant avec la scène Grecque c’est qu’elle est capable de faire le grand écart stylistique et de proposer des choses ultra-primaires avec d’autres bien plus grandiloquentes, comme c’est le cas pour le quatuor venu d’Athènes, qui malgré quinze ans d’ancienneté continue de s’activer pour faire vivre l’underground. Ayant déjà trois albums à son actif, et vu défiler un nombre impressionnant de membres en son sein, le combo mené le chanteur/guitariste Darkface (dernier membre originel encore présent) évolue dans un Black Symphonique mêlé d’influences Gothiques, dont le nom n’a rien à voir avec Internet, car à la base il signifie WHERE EVERYTHING BEGUN. Entouré d’une équipe totalement renouvelée (même si c’est l’ancien batteur qui a enregistré ses parties avant de s’en aller) le frontman s’est également chargé de la production énormissime qui n’a rien à envier à celle des frères Wieslawski du Hertz Studio en Pologne.
Si la musique des Hellènes a toujours fait le grand écart entre ambiances horrifiques et mélancoliques, ponctuées de passages Death hyper brutaux et dignes de BEHEMOTH, elle pousse ici l’expérience encore plus loin pour un résultat étonnant, intéressant mais aussi un peu déroutant. Car après une introduction triste et mélancolique où le violoncelle et le piano sont mis à l’honneur ce sont les guitares qui vont rugir avec le morceau-titre qui met en valeur l’influence majeure de DIMMU BORGIR sur le quatuor. En effet outre la manière de chanter et la tessiture de la voix qui rappelle facilement celle de Shagrath, les orchestrations grandiloquentes de la période « Abrahadabra » sont également présentes tout comme un sens du riff sur les passages rapides inspirés par Silenoz. Cependant si ce premier titre sent énormément l’écriture des Norvégiens il ne tombe pas non plus dans le recyclage inutile, car les Grecs y rajoutent un côté tribal sur les passages plus lents, quelques douceurs bienvenues, et des chœurs féminins agréables qui paraissent sortis des vieux disques de CRADLE OF FILTH. A la fois très rageuse et symphonique cette entrée en matière se révèle très agréable tant son écriture tout en mélange est bien foutue, à l’instar de « Ave Solaris » qui suit, et qui montre une facette plus directe qui ne perd pas en efficacité. Entre cassures et variations de tempo où l’orchestral et l’électrique sont mis en avant chacun leur et de manière assez équitable, la recette connue et éprouvée fait mouche là-encore, en proposant quelquechose sans surprises, légèrement rétro où les chœurs dispersées de manière éparses sentent bon encore une fois les fjords.
Puis après ce début assez homogène dans les idées le quatuor va se faire plus ambitieux avec « Dragona » où les claviers vont prendre plus de place, ce qui est "normal" car c’est Christos Antoniou (guitariste de SEPTIC FLESH et de CHAOSTAR) qui s’en est chargé, d’ailleurs le son et les ambiances du prolifique combo se ressent chez leurs compatriotes. A la fois plus lourd et grandiloquent ce titre montre également une facette légèrement épique plus présente qu’auparavant, bien calée entre les breaks et les passages plus énervés, pour un résultat entraînant et accrocheur qui donne envie de continuer l’aventure proposée jusque-là. Cependant avec « I, The Bornless » l’excitation retombe un peu car celui-ci réutilise un peu trop souvent les mêmes plans à cause d’un schéma de construction assez simple et répétitif, du coup malgré une durée correcte l’oreille se fait moins attentive, mais heureusement dès la plage suivante la bande remet les pendules à l’heure. « Morphine For Saints » ne s’encombre pas de fioritures, et ici la brutalité est de mise et même totale car ça ne débande pratiquement pas jusqu’au bout, vu que l’ensemble alterne entre blasts supersoniques et parties de double ultra-rapides dignes d’Inferno (et de la bande à Nergal en général), le tout surmonté d’un solo excellent et de claviers discrets et efficaces. A la fois directe et sans concessions cette compo montre que ses créateurs peuvent aussi être redoutables quand ils simplifient leur jeu, et ça n’est pas « Cosmos In Flames » qui enchaîne derrière qui fera faiblir l’ensemble, au contraire, car cette "suite" non-officielle reprend les mêmes éléments avec des qualités semblables.
Là-encore tout est redoutable, la seule différence est l’usage des orchestrations un peu plus poussées mais toujours aussi légères, ce qui va changer avec le triptyque de fin. En effet les trois parties de Thanatos vont être plus abordables et accessibles mais aussi plus grand-public voire ennuyeuses, comme c’est le cas avec « Thanatos Part I - Golgotha » (où Sotiris Vayenas de SEPTIC FLESH vient poser sa voix claire à plusieurs reprises) qui laisse énormément (trop ?) de place à la mélodie et donne l’impression qu’on est en plein film fantastique. Si les parties brutales sont présente de manière fugace c’est surtout sur un mid-tempo lourd et massif qu’on a principalement droit, le tout mis en valeur par des orchestrations un peu pompeuses mais dont le rendu général est loin du niveau entendu auparavant, car ça manque de puissance et ça se répète assez vite au final. Heureusement « Thanatos Part II – Epitaphios » va être un peu meilleur et plus recherché, notamment par l’ajout d’un break tout doux où le chant féminin gothique va amener un moment de calme et plénitude agréable, mais presque trop chaleureux et qui peut faire penser aux chansons niaises et insupportables signées Disney. Et même si la puissance est là (blasts et solo inclus) on reste en tout cas en plein long-métrage à gros budget où toute la patte du groupe est mise en valeur, même si le morceau aurait pu être raccourci au lieu de s’étirer un peu longueur comme c’est le cas ici, et comme ça le sera pour « Thanatos Part III – Mnemosynon » qui va clôturer les débats. A la fois déroutant et reprenant la suite de la deuxième partie il va démarrer de manière de très lourde avant de voir une grosse accélération, puis de se poser via une voix susurrée apaisante. Et si ce départ est de facture classique et déjà entendue la fin sera elle plus fantasmagorique et tribale, ce qui renforcera son atypisme, mais dont l’ensemble aurait gagné en densité en allant plus à l’essentiel.
Techniquement irréprochable et mis en avant par la qualité de ses arrangements et de son travail en post-production cet opus ne manque pas de qualités, même si on peut pinailler sur son dernier tiers qui s’éternise trop et nuit à l’accroche générale à cause d’une durée excessive. Bref sans être un chef-d’œuvre on est quand même en présence d’un bon disque qui fait le job ni plus ni moins, mais qui aurait pu être meilleur s’il avait été plus à l’essentiel et en étant moins pompeux sur certains points, du coup on peut ressentir une légère pointe de déception mais rien de rédhibitoire, c’est bien le principal.
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