Meshuggah - I
Chronique
Meshuggah I (EP)
Meshuggah est un groupe qui fait rarement les choses comme tout le monde. Non content d’avoir lancé avec l’album
Nothing un véritable météore sur la planète musique, les Suédois restent néanmoins sur la frustration de ne pas avoir reçu à temps leurs guitares huit cordes pour l’enregistrement. Qu’à cela ne tienne, ils vont vite se trouver deux ans plus tard une occasion de se servir de leur nouvel arsenal avec cet EP intitulé en toute simplicité
I. Grâce à une faveur accordée par Nuclear Blast, le groupe pourra sortir l’objet sur Fractured Transmitter et ainsi donner un peu de promotion au nouveau label de leur ami Jason Popson (Mushroomhead). Il faut dire qu’apparemment ce deal a bien arrangé la maison-mère allemande à l’époque vu le contenu pour le moins audacieux de cet EP…
C’est notamment l’extraterrestre Fredrik Thordendal et le cyborg Tomas Haake, qui visiblement stimulés par leur nouvel équipement, vont se livrer à une série d’improvisation qui donnera naissance à ce morceau unique de 21 minutes après de long mois de consolidation. Jamais la musique de Meshuggah n’aura été aussi jusqu’au-boutiste, conceptuelle et hermétique, au point que
I s’apparente à un cauchemar dont on voudrait sortir le plus vite possible. La folie que semble avoir mise le groupe dans cette seule composition arrache brutalement l’auditeur de ses repères, pour lui faire subir une violence mécanique ici sans limite. Rien que l’introduction absolument terrifiante du morceau nous fait comprendre qu’une conscience étrangère semble à l’œuvre, un riff de machinerie futuriste tournant inlassablement avant d’exploser dans une déflagration sonore sans égal. La première moitié du parcours alterne rythmiques matraquant froidement les tympans et passages bien plus expérimentaux à même de retourner un cerveau dans sa boite crânienne. La fluidité de l’ensemble étonne pour un tel procédé, la liaison étant souvent faite par ces ambiances minimalistes et angoissantes disséminées stratégiquement. Le son des huit cordes est aussi chirurgical que surpuissant, presque d’un autre monde. Les riffs les plus offensifs deviennent alors totalement impossibles à contrer, comme en milieu de morceau en particulier. Mais alors quand il s’agit de clôturer les débats, comme à son habitude Meshuggah s’assure qu’il n’y aura aucun survivant avec des passages évoquant plus une presse géante que des guitares. Ecrasant. Mais au-delà de cette application mécanique et meurtrière, c’est cette ambiance anxiogène et absolue, à l’image d’une œuvre de H.R Giger, qui fait toute la différence et la singularité de Meshuggah au sein de la scène metal progressive, même encore aujourd’hui à l’heure du « djent » et consort.
I est un véritable OVNI musical, un EP qui enterre sans difficulté la plupart des longs formats, auquel on pardonnera une production manquant de clarté par moment (on ne peut que vous conseiller le remaster de 2014). Meshuggah n’est pas une machine, c’est l’humain jouant avec les capacités d’une machine. Il est ici incroyablement intransigeant, mais aussi nécessaire pour repousser des barrières qu’il a été longtemps seul à faire tomber.
| Neuro 5 Avril 2020 - 1866 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène