Initiation - Noir berger

INITIATION… Je me disais bien que ce nom ne m’était pas étranger et pour cause, le groupe avait ouvert pour VIRCOLAC et EXHUMATION au « Klub » le six septembre dernier… Un concert plaisant où j’étais resté sur une petite déception liée à l’absence de batteur, problème réglé sur « Noir berger », premier album des Parisiens.

Premier album donc mais, sur les huit compositions, trois sont issues de la démo de 2020 (« Rituels » ; « Noir berger des âmes » ; « Dans la mort l’illusion »), ce qui ne laisse plus que cinq nouveautés, le disque ayant été précédé du single « Dernière audience ». Cela dit, ce n’est pas comme si nous connaissions ces morceaux sur le bout des doigts, c’est sans doute avant tout l’occasion de leur offrir l’écrin qu’ils méritent, avec le support du label nantais L’Ordalie Noire. Et tant qu’à produire un LP, le quatuor n’a pas lésiné en proposant pas moins de cinquante-sept minutes de musique, dans un registre que j’espère toujours conforme à mes souvenirs : un black death metal plutôt mélodique, fortement typé années 90 et gorgé de magnifiques interventions solos.

L’introduction instrumentale « L’émissaire » met dans les meilleures dispositions : un arpège clair, une guitare lead très pure, juste le temps qu’il faut pour que l’esprit s’immerge et se fasse happer par le tempo blasté de « Noir berger des âmes ». Immédiatement, je reconnais la patte de la formation : beaucoup de mélodies mais avec des harmonies travaillées, un chant en français râpeux, ce n’est pas particulièrement innovant (en même temps, qui l’est encore ?) mais les musiciens ont un petit truc qui fonctionne immédiatement : un son pur, épuré, somme toute très simple, un soliste vraiment bon, un sens évident de l’épique ainsi qu’un vocaliste efficace. A ce stade de la carrière d’INITIATION je ne vois pas ce que nous pourrions demander de plus, même si j’ai souvent le sentiment d’avoir déjà entendu certains plans, sans pour autant être capable de mettre un nom dessus, donc, je passe outre…

Et je passe d’autant plus outre que, compte tenu de la longueur des titres qui s’étendent jusqu’à des douze minutes (« L’initiation »), l’intérêt et l’attention restent constants, sans sentiment de lassitude, de redite voire de panne d’inspiration. Ainsi, sans affirmer que le groupe est « dans l’air du temps », il me semble clair que les amateurs de HOULE ou du plus récent GALIBOT devraient sans problème s’y retrouver sachant qu’à choisir c’est bien vers INITIATION que mon goût penchera en dernière instance. Les vocaux ne sont pas crispants comme le premier, les compositions plus riches que le sillon minier du second et, surtout, il y a ce feeling heavy black qui fait toute la différence, une recherche de l’ambiance qui, par de nombreux aspects, m’évoque le « At the Heart of Winter » d’IMMORTAL (« Le champ des brûlés » par exemple) dans sa froideur mystique.

En définitive, si je considère comme acquis que l’album s’avère très référentiel dans son style black metal, il reste qu’au regard de sa durée, le groupe évite les poncifs tels que les plages instrumentales à rallonge, les moments ambiancées, les interludes divers, etc. L’intégralité est musicale, avec une qualité d’écriture constante sans réelles faiblesses mais sans non plus des pics géniaux d’inspirations, ce qui explique ma note encore moyenne, sachant que j’ai l’intime conviction qu’INITIATION a le plein potentiel pour écrire de très belles choses à l’avenir.

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